Livre incroyablement beau. De la prose poétique. Des phrases, des arrangements grammaticaux sublimes. Cela aurait pu être un conte de fées, comme La belle au bois dormant, ces bois en dormance mais plus encore en sursis. Cela aurait pu être un Rebecca de Daphné du Maurier ou bien un roman gothique des sœurs Brontë. Ou encore un zeste de Jane Eyre…
Et bien non. Bien sûr, certains thèmes sont identiques. Mais non. Alors oui c’est un conte de fées, mais plutôt un conte de sorcières. Un conte maléfique. Un conte qui empoisonne, qui mutile un pauvre bougre, qui emprisonne la jeune épousée, Aimée.
La nature n’est là que pour l’emprisonner, mais également faire taire ses angoisses, lui apprendre à aimer le maitre, son jeune époux, tout empesanti de religion, de Dieu, de la sainte Bible.
La douleur, la souffrance est partout, tout le temps, comme une vieille nostalgie, une ancienne tristesse.
L’auteur nous fait témoin de cette drôle de vie, avec les bêtes et les forêts. J’ai attendu comme Aimée cet époux tous les soirs, j’ai regardé par les fenêtres fondre la nuit, j’ai senti comme elle le parfum puissant de la terre retournée, j’ai pleuré le père disparu, j’ai senti la chaleur du corps de l’époux, ce mari si féminin, si pur, si cristallin, si doux.
C’est en cela que l’auteure est si admirable ; de par son style, ses mots magiques et si bien choisis, nous devenons Aimée, Candre, Aleth, Henria, Angelin ou Emelinne.
Beaucoup d’amours, de passions silencieuses, de prières restées vaines. Beaucoup de douleurs anciennes et pourtant si présentes en chacun de nous. Comme une trace indélébile.
Ce livre est bien plus qu’un livre : c’est un Grimoire maléfique mais si beau. Si beau. Il restera dans ma mémoire comme un souvenir magnifique.