Tchernobyl, ou comment un drame humain et une catastrophe écologique sont devenus une source d’inspiration pour de nombreux développeurs de jeux. Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de jeux post apocalyptique “nucléaire”, entre la série des Fallout, Stalker, Metro Exodus, Wasteland, bref, vous l’avez compris, on se demande aujourd’hui s’il y a de la place pour un jeu de plus dans ce genre.
Chernobylite ne cherche pas à révolutionner l’histoire et va nous proposer de revenir à Prypiat, des années après la catastrophe de Tchernobyl, dans la peau d’un scientifique, Igor Khymynyuk à la recherche de sa fiancée Tatyana disparue depuis des années, sans explication aucune.
30 ans plus tard, en proie à des rêves et visions étranges, il va tout faire pour enquêter sur sa disparition, en essayant de réunir une équipe de choc pour rejoindre les restes de la centrale et trouver enfin une réponse à tous les mystères entourant l’affaire.
Avec un gameplay très fps, mais avec des touches de jeu de rôle, le jeu va nous plonger dans la peau d’Igor, qui va rencontrer tout au long de l’aventure différents protagonistes, qu’il devra essayer de recruter pour augmenter ses chances de réussite pour la mission finale. Le jeu propose en effet des dialogues à choix multiples, dans lesquels certaines réponses seront décisives pour le cours de l’histoire, et la relation entre vous et les membres de votre équipe.
Un “mauvais” choix pourra mettre à mal le lien avec un de vos camarades, ou même tout simplement vous empêcher de le recruter, il sera donc important d’avancer à pas de velours pour ne pas mettre en péril la stabilité de votre équipe, et vous permettra d’arriver à vos fins dans les meilleures conditions.
Chaque jour, vous commencerez donc le jeu par une phase de préparation dans votre base, vous permettant de la gérer en créant divers éléments pour vous aider dans l’aventure. En effet, vous aurez la possibilité de gérer l’espace disponible en fabriquant diverses choses, comme des établis pour créer munitions, armes, et customiser celle-ci. Vous pourrez également créer des outils de soins, des passes partout, et d’autres matériaux divers et variés que vous ajouterez à votre équipement.
Pour tout nouvel élément que vous ajouterez dans votre base, cela impactera l’état de celle-ci. Par exemple, en ajoutant des éléments générant de la radiation, en créant des lits, ou des objets de décors dans votre base, cela modifiera sous forme de jauges le confort, la qualité de l’air, la consommation d’énergie ou la sécurité anti-radiations. Il faudra donc veiller constamment à ces jauges, pour être certain de ne pas être dans le rouge, ce qui impactera l’état de santé de vos compatriotes, sachant qu’il est toujours possible de créer des éléments qui feront remonter la jauge dans le bon sens.
Vous passerez pas mal de temps au début du jeu à gérer votre base, mais vous arriverez vite en gérant correctement les choses à un rendement de l’ensemble plus que correct, et parfois même en anticipant les choses (prévoir un lit de + à chaque nouveau recrutement par exemple) permettra ensuite de n’utiliser votre base, que pour refaire le plein de votre inventaire en munitions, et objets de soins/protections divers.
Dans la base, vous pourrez également discuter à loisir avec vos coéquipiers, gérer leur équipement (de manière très limitée), mais également d’utiliser des points de compétences que vous obtenez au fil du jeu pour apprendre des spécialités que chacun pourra vous apporter.
Car votre équipe pourra être très hétéroclite, chacun vous apportera une expertise dans nombre de domaines différents, que ce soit pour la collecte de ressources, le combat, l’infiltration, l’optimisation de votre inventaire, chacun sera à même de booster les capacités de votre personnage, qui passera d’un scientifique fébrile au départ, vers un Stalker de compétition au fur et à mesure que l’histoire avancera.
Une fois le point dans votre base effectuée, vous passerez ensuite à la préparation des objectifs de chaque journée. Vous pourrez donc déterminer pour chaque membre de votre escouade les missions que vous allez leur donner, sachant que le jeu se présente globalement avec une mission principale jouable “uniquement” par Igor, et des missions secondaires de collectes ou d’éclaireurs, pour faire le plein de ressources. Un pourcentage de réussite selon les affinités de chaque personnage vous aidera à prendre les bonnes décisions, sachant qu’un faible pourcentage pourra évidemment faire que le personnage choisi revienne perdant de la mission, avec le moral et sa vie fortement impactée.
A chaque “fin de journée” vous devrez donc faire le point et le rapport avec votre équipe, et distribuer des rations de nourriture avec parcimonie, en essayant d’être le plus équitable et de prendre bien soin des personnages blessés ou avec le moral en berne, ce qui peut parfois être au détriment des sentiments des autres, qui pourrait également changer de situation s’ils reçoivent moins de nourritures que les autres.
J’ai trouvé cette partie du jeu très intéressante ajoutant un réel plus à l’histoire principale, rappelant un peu Fallout Shelter mais sans être superflu ou redondant. Chaque personnage étant plutôt bien écrit, et apportant une réelle cohérence à l’ensemble de l’équipe.
Le jeu ne s’arrête pas là, et le gros de gameplay se situe dans les phases d’explorations et de missions. Toujours en vue fps, vous devrez donc explorer plusieurs points d’une zone proche de la centrale de Tchernobyl, où chaque mission se déroulera. Vous aurez la possibilité de voir à l’avance la météo, l’impact des radiations, ou la présence d’ennemis sur le point choisi sur la carte du choix des missions du jour. Libre à vous d’ailleurs de passer plusieurs jours a faire les missions de collectes de ressources sans vous intéresser aux missions principales, même si le jeu est découpé de manière suffisamment fluide pour vous permettre d’avancer chaque jour sur le scénario du jeu.
Selon les capacités d’Igor, qui je le rappelle évolueront au fil de la partie, et à l’aide de votre pda/compteur geiger, vous devrez donc attendre un objectif principal indiqué par une boussole en haut de l’écran, pour récolter des documents faisant avancer votre enquête, ou atteindre un pnj précis précis, par exemple. Chaque partie de la carte aura son lot de points d’intérêts en plus que vous serez libre d’explorer ou non. Sachant que vous devrez dans tous les cas, revenir à plusieurs reprises dans chaque zone, pour les missions principales, et chaque zone facultative que vous aurez pu explorer restera la plupart du temps dans l’état dans laquelle vous l’aurez découverte. Si par exemple vous avez déverrouillé une pièce dans un bâtiment, ou libéré un passage bloqué par de la tchernobylite, il le restera chaque fois que vous y reviendrez. Seules les ressources pourront réapparaitre, mais à des endroits différents à chaque fois.
Comme je vous en ai parlé précédemment, votre personnage possède un PDA ayant plusieurs fonctionnalités, la première étant la plus vitale, le compteur Geiger. Il faudra veiller régulièrement au niveau d’irradiation pour ne pas que votre héros subisse des dégâts, ceux-ci réduisant la capacité maximale de votre barre de vie. Même rangé dans votre poche, le compteur Geiger continuera cependant de grésiller de plus en plus fort selon le niveau de radioactivité que vous traverserez, l’écran de jeu sera également fortement impacté par des parasites dans des zones dangereuses. L’intérêt de ce PDA est également de lancer des scans de votre environnement proche, mettant en surbrillance les objets de ressources à ramasser autour de vous, ainsi que plus tard dans le jeu, une fois celui-ci amélioré, d’afficher également la présence d’ennemis ainsi que la portée de son scan, et le délai entre deux scans.
Au sujet des ennemis, vous posséderez un arsenal tout à fait convenable, évoluant également au fur et à mesure de votre progression dans le jeu, permettant de transformer Igor en une véritable arme de guerre, que ce soit en éliminant vos ennemis de manière discrète, en plaçant des pièges, ou en sortant directement vos fusils et autres armes futuristes créés à l’aide de la tchernobylite générant des tirs anéantissant tout sur leur passage.
A savoir d’ailleurs que la mort n’est pas une fin en soit, et que la plupart du temps, il est impossible de mourir dans le jeu. Premièrement, on peut fabriquer ou trouver des seringues d’adrénalines, qui sont prises automatiquement lorsque notre vie tombe à zéro, et va donc nous permettre de reprendre le combat. Ensuite, même lorsque les soldats ennemis nous terrassent, il ne nous achève pas, mais nous amène dans leur base, dans laquelle vous devrez retrouver votre équipement et par la même occasion piller leurs ressources dans une phase teinté d’infiltration. Et même dans le pire des cas, où vous êtes vraiment tué dans cette base, il reste encore une autre phase, ou vous vous retrouverez dans un genre d’univers parallèle comme façonné par la tchernobylite, guidé par la voix de votre chère Tatyana. Dans cet univers, vous aurez en plus la possibilité d’intervenir sur la chronologie des événements et revenir sur vos erreurs lors des choix des dialogues, et changer le déroulement de l’histoire en consommant quelques cristaux de tchernobylite.
Parce que oui, Chernobylite, c’est un jeu aussi teinté de fantastique et d’horreur, avec ses quelques jumps-scare bien placés, ses monstres humanoïdes ou non, et ses portails de téléportation généré par la mystérieuse tchernobylite, ressource apparue après l’explosion de la fameuse centrale nucléaire. L’ambiance du jeu est en permanence baignée par le côté oppressant et dangereux de la zone irradiée, et ses nombreux ennemis, ainsi que du mystère et des diverses interventions de Tatyana ainsi que des sombres secrets sur des expériences scientifiques menées par le KGB.
Enfin sur la partie technique, le jeu est vraiment à l’aise techniquement parlant, avec du HDR et raytracing à gogo, et un moteur qui tient la route même si ça n’est pas forcément flagrant sur les captures d’écrans, si ce n’est au niveau du chargement parfois des éléments des murs qui ont parfois un peu de retard quand on fait des rotations de tête un peu trop rapide, mais rien de grave malgré tout. La Xbox SX le fait parfaitement tourner d’ailleurs.
Au niveau bande son, le jeu reste dans les standards, avec un doublage russe que je recommande particulièrement pour se mettre dans l’ambiance, et le violon persistant de Tatyana qui rappelle certains passages de Bioshock, pour la petite anecdote. La musique est également dynamique pendant les combats, pour redescendre ensuite dans les moments calmes, chose assez classique, mais toujours aussi efficace dans le gameplay.
Je tiens d’ailleurs également à mentionner le travail effectué sur les vibrations de la manette qui, même si on est pas au niveau de la précision de la Dualsense, cela reste de ce côté vraiment remarquable, entre les vibrations de la pluie, des radiations, des orages électriques, tout est parfaitement retransmis et nous fait d’autant ressentir l’ambiance générale du jeu.
Conclusion
Je suis un gros fan de Fallout depuis ses premières heures, et j’ai beaucoup apprécié Stalker et ses extensions, ainsi que la trilogie Metro. En ce début d’année 2022, j’attendais beaucoup de Stalker 2 finalement repoussé, et je ne m’étais guère intéressé à Chernobylite, qui était jusqu’à aujourd’hui uniquement disponible sur PC, plateforme sur laquelle je ne joue plus aujourd’hui. Bien mal m’en à pris car Chernobylite, est bon, très bon même. Une histoire solide, un bon fps avec des touches de RPG, tout ça sur fond de fantastique/horreur, c’est un grand oui pour ma part, et j’espère que les développeurs envisagent une suite car je signerais direct. Le seul bémol pourrait être sa difficulté vite amoindrie par les capacités évolutives de notre héros ainsi que les choix sur lesquels nous pouvons revenir, mais il est possible de jouer en difficile pour ceux qui cherchent plus de challenge.