Après nous avoir permis d’accomplir notre destinée (oui, rien de moins), la joyeuse équipe de Lucky Duck Games nous revient avec un jeu un peu moins ambitieux mais très jouissif dans son registre : Châteaux et Catapultes. Chargez les boulets, nous partons guerroyer !
Dans la famille Madeleine de Proust, je demande le jeu Siège ! Quel enfant ayant eu le plaisir de posséder ce jeu dans ses jeunes années n’a pas des souvenirs émus (et un peu énervés) de ces parties endiablées passées couché sur le sol (qui diable avait d’ailleurs une table assez grande ?). Dans Siège, il s’agissait tout simplement de détruire les défenses de l’adversaire et vous allez le voir, Châteaux et Catapultes n’est pas bien différent.
Ici, chacun des joueurs va incarner un belliqueux général bien décidé à détruire le château adverse (ou plus exactement à anéantir l’armée qui s’y cache). En début de partie, chacun des deux belligérants va donc construire le château de son choix à l’aide des seize blocs dont il dispose et va aussi venir y placer ses cinq figurines. Le tout doit bien évidement tenir sur le plateau du joueur et respecter quelques règles basiques de construction mais pour le reste, place à la créativité (défensive).
Une brique fendillée, un honneur bafoué !
Une fois cela fait, place à la guerre ! Et ici, pas de camouflet, on laisse ça aux Capulet et pas de coup tordu, on laisse ça aux Montaigu. La rancune a beau être tenace entre les Chaufort et les Cunningfields, Châteaux et Catapultes n’en reste pas moins un jeu de gentlemen (ou presque). Ici, on tire un boulet chacun à son tour. Le code d’honneur et tout ça, tout ça…
Vous l’avez compris, Châteaux et Catapultes fonctionne donc de façon très simple. A son tour, un joueur catapulte un boulet vers le château de son adversaire dans le but d’y faire chuter les figurines qui s’y trouvent. Le premier qui a couché toutes les figurines adverses l’emporte, ce n’est pas plus compliqué que ça. Et pour aider les apprentis tireurs, quelques cartes peuvent être jouées (tirer deux fois de suite, réajuster quelques briques de son château, tirer depuis l’arrière des lignes ennemies, etc.). Celles-ci ne changent pas fondamentalement le jeu mais ont le mérite d’exister et peuvent même se révéler assez tactiques si elles sont jouées intelligemment.
Détruire, ce summum du plaisir…
C’est assez fou quand on y pense mais la destruction a un petit côté jouissif. Honnêtement, lequel d’ente nous ne tire pas un étrange plaisir à réduire à néant quelque chose qui fut patiemment construit ? D’ailleurs, quand un enfant érige sagement un château de sable, n’est-ce pas souvent dans le but (à peine masqué) de le détruire quelques instants plus tard à grands coups de pelle/pied/petit frère (biffer les mentions inutiles) ? Eh bien, c’est exactement ce que Châteaux et Catapultes vous propose.
En ce sens, le jeu revêt même un caractère presque jubilatoire. Il place les joueurs dans la position de (sales) gamins prêts à tout détruire et ne le cachons pas, ça fait un bien fou. On exulte après un tir destructeur autant qu’on peste après la chute d’un de ses remparts. Bref, on s’amuse sans se prendre la tête et sans trop réfléchir.
En conclusion, Châteaux et Catapultes n’est pas le jeu qui va révolutionner le paysage ludique mais ça tombe bien, ce n’était pas ce à quoi il était destiné. Il remplit d’ailleurs parfaitement le rôle qui lui a été confié, à savoir offrir des parties très fun, agréablement régressives et toujours ponctuées par une exultation jubilatoire et une petite pointe de mauvaise foi. Voilà un jeu qui promet de belles guerres de tranchées médiévales en famille !
Châteaux et Catapultes, un jeu de Kristian Fosh, Constantine Kevorque et Anastasios Grigoriardis, illustré par Kris Fosh, Damien Mammoliti et Luis Bruch et édité par Lucky Duck Games.
Nombre de joueurs : 2
Âge : dès 8 ans
Durée moyennes d’une partie : 30 à 45 minutes (mais ça dépendra de vos talents d’artilleur)