On le sait, les équipes de Edge/FFG ont un petit énorme faible pour l’univers sombre et angoissant imaginé par H. P. Lovecraft. Ce dernier leur a en effet déjà inspiré pas mal d’excellents jeux dont Les Demeures de l’Epouvante, Horreur à Arkham ou plus récemment l’Insondable). Un des derniers en date : Cthulhu : Death May Die, un jeu qui, disons-le d’emblée, fait honneur à la belle tradition d’excellence initiée par ses aînés.
Les vrais adorateurs le savent, on ne se glisse jamais trop dans le costume de fiers investigateurs prêts à barrer la route aux cultistes et aux affreux Grands Anciens que ceux-ci tentent d’invoquer en ce bas monde. C’est la raison pour laquelle la courageuse équipe de Conso-Mag a une nouvelle rejoint les confins d’Innsmouth (et de sa propre folie). Plongée au cœur des ténèbres pour un face à face délicieusement inquiétant avec ce que l’imagination débordante de Lovecraft a produit de pire (ou de meilleur, c’est selon).
Un jeu, de nombreuses possibilités
Tout comme Les Demeures de l’Epouvante et Horreur à Arkham, Cthulhu : Death May Die est un jeu coopératif. Ici, lors de chaque partie, les joueurs devront travailler de concert pour tenter d’empêcher les cultistes d’accomplir leurs sombres desseins et pour réussir à renvoyer un infâme Grand Ancien dans les limbes qu’il n’aurait jamais dû quitter. Un jeu ? Pas exactement, plutôt un jeu modulable. En effet, Cthulhu : Death May Die se présente sous la forme d’épisodes multiples et à chaque partie, les joueurs devront choisir celui dans lequel ils vont se lancer ainsi que le Grand Ancien qu’ils souhaitent affronter.
La boîte de base de Cthulhu : Death May Die contient deux Grands Anciens (l’incontournable Cthulhu et le tentaculaire Hastur) ainsi que six scénarios pour le moins variés. Dans ceux-ci, il vous faudra par exemple incendier des laboratoires, démasquer les cultistes ayant infiltré un bal masqué ou encore explorer les sous-sols du mystérieux Manoir Wallace. Avec toujours un seul but : interrompre le rituel initié et combattre le Grand Ancien invoqué.
« Qui vit joue sans folie n’est pas si sage qu’il croit » (Howard Phillips de La Rochefoucauld)
Tout ça est très bien mais comment on joue à Cthulhu : Death May Die ? Eh bien très simplement (mais attention, pas trop simplement). Le jeu brille en effet par son accessibilité tout en demeurant incroyablement immersif. Ici, chaque joueur va incarner un investigateur doté de ses propres compétences mais aussi affligé d’une pathologie mentale tirée au hasard en début de partie. Partant de là, les tours vont s’enchainer et les joueurs vont se déplacer, combattre, se reposer ou effectuer une des actions spécifiques à l’épisode choisi (comme détruire un laboratoire ou contenir un incendie). Au fil de tours, ils piocheront des cartes Mythe qui feront apparaître de nouveaux ennemis et provoqueront des effets de jeu (toujours néfastes) tout comme ils feront des découvertes et des rencontres qui seront susceptibles de les aider.
Plus la partie avance et plus l’étau se resserre. Tant que le rituel n’est pas interrompu, les joueurs n’ont en effet aucun moyen de combattre le Grand Ancien et pourtant, le mal progresse (au même rythme que vos forces vous abandonnent). Bref, un système de jeu très bien conçu et parfaitement digeste qui regorge de détails et de bonnes idées. Parmi celles-là, notons les cartes Folie qui, au fur et à mesure que votre santé mentale décline, ne manqueront pas de se déclencher. Imaginez par exemple que votre coéquipier situé juste à côté de vous dans la pièce soit soudain pris d’une crise de paranoïa ou se mette à perdre la mémoire (voire commence à foutre le feu partout). Voilà qui risque de vous compliquer la tâche n’est-ce pas ?
Deux jeux (et des extensions), de TRES nombreuses possibilités
Nous l’avons dit, la boîte de base propose six épisodes et deux Grands Anciens, c’est-à-dire déjà de quoi offrir une très belle rejouabilité au jeu (surtout si on prend en compte les dix investigateurs différents ainsi que leur hasardeuse folie). Mais bien sûr, il est possible d’en avoir plus. Ainsi, deux Grands Anciens supplémentaires sont disponibles séparément (La Chèvre Noire des Bois et Yog Sothoth) et sont parfaitement compatibles avec n’importe quel épisode. Mais ce n’est pas tout, il existe aussi une seconde saison pour Cthulhu : Death May Die ! Comprenez par là une nouvelle boite (blanche cette fois) proposant non seulement six épisodes inédits qui vous feront traverser une version très lovecraftienne des Etats-Unis mais aussi dix nouveaux investigateurs ainsi qu’une multitude de nouveaux monstres ! Bref, de quoi prolonger encore et encore la douce plongée dans l’horreur…
Notre avis
Cthulhu : Death May Die est un véritable coup de cœur, tout simplement ! Nous avons énormément apprécié sa richesse, sa profondeur et son côté accessible. Grâce à une direction artistique à couper le souffle et à un matériel de très grande qualité (dont des figurines extrêmement détaillées qui raviront les amateurs de peinture), le jeu se révèle délicieusement immersif. Sans tomber dans une opposition trop punitive, les épisodes sauront donner du fil à retordre même aux investigateurs les plus chevronnés et chaque partie que nous avons pu faire s’est révélée tendue, nerveuse mais jubilatoire (bon, on s’est aussi fait rouler dessus quelques fois). Le large éventail des épisodes, la diversité des investigateurs comme l’ajout très malin d’une carte folie aléatoire rendent les parties très variées et qu’on en sorte vainqueur ou défait, on n’a généralement qu’une seule envie : replonger dans les ténèbres lovecraftiennes pour y affronter de nouveaux monstres…
Un must-have évident.
Cthulhu : Dath May Die, un jeu d’Eric Lang et Rob Daviau, illustré par Karl Kopinski, Adrian Smith et Edgar Skomorowski, édité par Edge et distribué par Asmodée.
Nombre de joueurs : 1 à 5
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 2 heures