Dan Fante est mort. C’est ce que tous les journaux disent dans les kiosques et sur internet. Même mon fil d’actualité Google. Je me dis que c’est forcément une information erronée. On en voit partout. Il en existe tant. Ce n’est pas la premier décès qui serait annoncé. Combien de fois Johnny Hallyday est-il mort ? On ne compte plus.
Alors je m’informe autrement. J’épluche les pages officielles des maisons d’éditions, et tout le monde confirme. Dan Fante est mort, purement mort à l’âge de 71 ans. Mon écrivain préféré n’écrira plus une ligne. Bon sang, pensais-je, que deviendra sa famille, son chien, ses lecteurs et son bureau ? Voilà que ces questions me viennent à l’esprit, tout bêtement. Des questions dues au choc, je crois. Dan Fante et mort, et maintenant qui va l’égaler ? Je crains malheureusement d’avoir la réponse. Ses romans, ses nouvelles, son théâtre et ses poèmes sont désormais orphelins.
Les plus grands s’en vont toujours. On dirait qu’ils se fichent de ce que nous devenons, nous qui lisons. Les plus grands sont toujours flingués avant l’heure. Soit par l’alcool, soit par le cancer. Soit par les deux, va savoir pourquoi.
Moi, je crois toujours mes héros éternels. C’est un défaut que j’ai. Ou, plutôt un espoir. J’ai gardé une âme d’enfant. On devrait voter une loi. Une loi qui permettrait aux écrivains de rester après leurs morts. Parce que les écrivains, si tu réfléchis bien, ils sont plus efficaces que les médecins. C’est vrai, non? Si. Certains livres agissent tels de véritables antidouleurs, voire antidépresseurs. En cas de déprime, je lis Limousines blanches et blondes platine. Ça suffit à me guérir.
Le Dan Fante peut être prescrit en cas de dépression, migraine ou angine. Le Dan Fante est efficace, et voici l’explication : son père, lui aussi était un guérisseur. Et pas un des moindres, voyez-vous. John Fante, auteur du formidable Demande à la poussière, avait déjà, à une autre époque, soigné celui qui s’en était ensuite inspiré tout au long de sa carrière : Charles Bukowski. Le fabuleux dégueulasse. L’écriture de Fante junior et celle de Bukowski étaient similaires et identiques par certains aspects. J’ai pour habitude de comparer leurs poésies et parfois même de les confondre.
Ils étaient deux talents de la même trempe. Deux talents morts. Deux talents imbibés d’alcool morts d’un cancer. Ça me tue. Putain, j’ai presque envie de dire que c’est la destinée des grands.
Bibliographie
Les anges n’ont rien dans les poches, Robert Laffont, 1996
La Tête hors de l’eau, Christian Bourgois, 2001
En crachant du haut des buildings, Christian Bourgois, 1999
Limousines blanches et Blondes platine, 13e note, 2010
Point Dume, Seuil, coll. « Seuil Policiers », 2014
Régime sec, 13e note, 2009
De l’alcool dur et du génie, 13e note, 2010
Bons baisers de la grosse barmaid : poèmes d’extase et d’alcool, 13e note, 2009
Don Giovanni, 13e note, 2014
Dommages collatéraux : l’héritage de John Fante, 13e note, 2012