Jill Alexander Essbaum, poétesse et professeure américaine, fait son entrée dans le monde du roman avec Femme au foyer. Dans l’ensemble de ses œuvres, elle mêle avec brio érotisme et spiritualité, ce qui est également le cas dans ce roman.
L’auteure signe le portrait plein de sincérité d’Anna, une femme au bord de la rupture, en pleine dépression nerveuse. Anna, tout au long du roman, recherche vainement des éléments qui pourront lui faire sortir la tête de l’eau, des cours d’allemand, de nouvelles amies, de nouveaux amants. Au fil des jours, nous pouvons voir évoluer la protagoniste, autant à travers ses aventures extraconjugales, ses tentatives pour se socialiser dans un pays où elle ne s’intègre pas, la Suisse. Le livre est présenté sous la forme de narration d’épisodes la vie d’Anna entrecoupés de récit des conversations avec sa psychanalyste. Ces derniers nous permettent de comprendre les réactions d’Anna, de tenter d’interpréter ses paroles et ses actes.
Ce roman est très sombre, très froid. L’écriture complexe de Jill Alexander Essbaum est lyrique, les mots sont choisis avec précision et le vocabulaire est très soutenu, quasiment scientifique à certains passages. Le rythme des phrases suit les changements d’humeurs d’Anna, elles sont tantôt courtes et concises, en passant d’un sujet à l’autre sans transition, tantôt développées et descriptives lorsque la personnage principale est d’humeur triste ou mélancolique.
Avec Femme au foyer, nous découvrons une femme malheureuse, mais qui reste touchante. Une fois lancé dans le roman, il est difficile de poser le livre, non pas parce qu’il est particulièrement distrayant ou plaisant à lire, mais le désir de connaître la suite de la vie d’Anna prend le dessus. Un roman très prenant qui change notre manière de voir les choses, en particulier sur l’adultère, l’isolement et la dépression. C’est le récit d’une femme, face à ses doutes, ses prises de consciences, ses erreurs.
Personnellement, j’aurais préféré une meilleure issue, ce roman commence dans la tristesse, et se poursuit en empirant. Mais ce roman est incontestablement bon et nous tient en haleine jusqu’à la fin.