Tout récemment, l’éditeur nancéien Iello nous a conviés à l’hôtel. Ce qu’il a omis de nous dire, c’est que le Palace en question se situait en enfer et que nous n’y étions pas invités pour y dormir mais bien pour y endosser le rôle de groom ! C’est parti pour un duel hôtelier au cœur d’un enfer peuplé de monstres et autres insupportables divinités…
A l’approche de la chambre n°2, votre nez se met à frétiller au rythme de l’odeur nauséabonde qui s’y insinue. Instantanément, vous regrettez d’avoir accueilli Putride dans votre établissement plutôt que de l’avoir convaincu de rejoindre l’hôtel d’en face. A tous les coups, sa pestilence va importuner les autres clients. Tiens, et en parlant des autres clients, n’est-ce pas Bébélzébuth que l’on entend geindre depuis le troisième étage ? Et ne serait-ce pas les cris de Miss Von Scream qui font trembler l’hôtel sur ses fondations ? A ce rythme, le bâtiment ne tiendra pas longtemps. Et vous non plus d’ailleurs…
En enfer comme ailleurs, le client est roi(yalement casse-bonbons)
Hellton Palace est un tout nouveau jeu pour deux joueurs dans lequel vous incarnerez le groom d’un hôtel infernal. Pour gagner, c’est très simple, il suffit de ne pas perdre. Parce que quand on ouvre un hôtel pour monstres, on doit bien s’attendre à des dégâts (et surtout à des dégâts structurels). Celui des deux joueurs qui parviendra à conserver son hôtel debout le plus longtemps sera donc déclaré vainqueur…
Concrètement, chaque joueur dispose d’un hôtel composé de neuf chambres. Lors de chaque tour, il faudra sélectionner un client et l’installer dans une des chambres libres puis votre groom fera le tour des chambres occupées et pour chaque client, il vous faudra faire un choix : le satisfaire ou non. Si vous accédez à ses requêtes, il y aura bien évidemment des conséquences néfastes (des voisins mécontents, des dégâts à l’hôtel, etc.) mais si vous choisissez de ne pas le servir, eh bien il y aura aussi des conséquences néfastes (un client insatisfait aura par exemple des chances de passer sa colère sur les pauvres sonnettes de votre hall d’accueil)…
Heureusement, pour vous venir en aide (mais aussi pour pourrir un peu le jeu de votre adversaire), une petite armée de grooms sera disponible à l’embauche. L’un d’eux pourra rebâtir un pilier de votre hôtel, un autre pourra apaiser la colère d’un client, un troisième contraindra l’adversaire à sélectionner un client à un étage particulier, etc. Oui, mais embaucher du personnel a un coût et souvenez-vous, un client mécontent refusera évidemment de délier les cordons de sa bourse…
Un hôtel cinq étoiles (filantes vu qu’il s’écroulera avant l’aube)
Hellton Palace est donc un joyeux et délirant casse-tête. Lors des premiers tours, on parvient plus ou moins à gérer les dégâts mais plus les chambres se remplissent et plus les problèmes s’accumulent. Tous les clients finissent par s’importuner les uns les autres et faute d’un agencement parfait (quoique même un agencement parfait ne l’aurait pas sauvé), notre pauvre groom sera vite pris dans une tornade de cris et de mécontentement. Toujours conscient d’être un peu plus à la corde, on agence, on réagence et on tente d’anticiper les terribles effets boule-de-neige avec une seule prière incantation diabolique aux lèvres : faites que les fondations de l’hôtel concurrent craquent avant les nôtres…
Bref, vous l’avez sans doute compris à la lecture de ces quelques lignes, nous avons beaucoup apprécié Hellton Palace. Sous ses dehors de jeu simple, il renferme un véritable casse-tête organisationnel doublé d’une course contre-la-montre et saupoudré d’un poil de crapulerie (vu que l’ingérence dans l’hôtel adverse est permise). Mais ce n’est pas là son seul atout. Sa direction artistique est en effet aussi superbe qu’originale. Les illustrations des cartes comme l’ensemble du matériel ont été particulièrement soignés et l’univers dans lequel le jeu prend place brille par son côté décalé et par les petites pointes d’humour qui y sont disséminées (coucou les morts-iachis).
Hellton Palace, un jeu de Jean-Baptiste Pigneur, illustré par Lorenzo Colangeli et édité par Iello.
Nombre de joueurs : 2
Âge : dès 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 30 minutes