Cette année, plus que toute autre, marque un point d’orgue dans la franchise FIFA. En effet, voilà 30 ans qu’EA Sports fournit les fans de football en JV. C’est aussi sur cet opus 2023 que sortira le tout dernier FIFA. En effet, l’instance mondiale du ballon rond n’est pas parvenue à un accord avec Electronic Arts et a donc décidé de ne pas prolonger son partenariat. L’an prochain, nous aurons droit à un EA Sports FC suite à son divorce avec la FIFA.
Avec des précédentes versions pas forcément abouties, ce FIFA 23 ne doit alors pas rater sa tournée d’adieu. Mais qu’en sera-t-il vraiment ? Chaussez vos crampons, pied droit, pied gauche, et direction le tunnel pour l’entrée sur le terrain !
Des modifications timides
Après les soucis judiciaires de Pierre Ménès, FIFA 22 avait dû miser en urgence sur le seul Hervé Mathoux comme commentateur. Lors de la première mise en jeu, nous avons enfin deux nouveaux commentateurs pour rythmer nos parties : Benjamin Da Silva et le très virevoltant Omar Da Fonseca.
Ce tournant pris volontairement par Electronic Arts fait souffler un vent de fraicheur sur le rectangle vert. Même si les textes deviennent vite répétitifs, c’est une modification mineure qui fait du bien. Personnellement je trouve qu’Omar est beaucoup moins présent que son compère au micro et ça peut être dommage pour certains.
Autre nouveauté, c’est la présence d’équipes féminines. Jusqu’à maintenant, nous avions eu droit à quelques équipes nationales mais voilà que les clubs féminins font leur entrée. Quelques joueuses seront bien modélisées et seuls quelques championnats seront présents. Sans coupe d’Europe et sans cohérence, l’intérêt est très très vite limité. Elles sont là mais c’est tout !
Place au beau jeu et à la construction : enfin une vraie simulation ?
Dès votre premier match, vous allez être choqué par le changement de rythme par rapport au précédent opus. Le jeu va être nettement plus lent et nous allons enfin avoir plaisir à revenir vers une vraie simulation de football. Fini les prises de balle avec des joueurs qui partent seuls sur des tout droit. Maintenant cela va devoir être fait progressivement pour qu’un joueur atteigne sa pleine vitesse. Vous allez donc être obligé de construire vos actions et penser à faire vivre le ballon.
En contrepartie, certaines séquences seront frustrantes et trop lentes par effet de bord. Si le jeu devient plus « réel », il n’en reste pas moins de nombreuses incohérences. Ainsi, même si vous partez sur le côté avec un joueur aussi rapide qu’Usain Bolt et une Ferrari réunis, l’IA pourra être amenée à vous rattraper avec un joueur lent comme un pilier de rugby après une troisième mi-temps et qui tire une caravane. Et ça, ça énerve fortement ! D’autant plus que si c’est vous qui défendez dans la même configuration vous ne reviendrez jamais sur l’attaquant.
Outre cela, le moteur Hypermotion 2 est la grande innovation de ce volet 2023. Pour ceux ayant joué à FIFA 22 sur PS5 ils auront eu un avant-goût de ce que peut proposer Hypermotion. Mais pour les joueurs PC par exemple, cela va les surprendre agréablement. La pelouse est belle, les personnages sont fidèles et l’environnement va jouer son rôle. Vous allez par exemple avoir le gazon qui se dégrade au fil du match pour vous placer pleinement en immersion. Petit bémol sur une pelouse trop belle justement, contrairement aux inégalités réelles des vrais terrains. Personnellement j’aurais aimé que la dégradation du terrain ait une vraie incidence sur le jeu : dans le cas d’un trou de pelouse sur le terrain ou une motte, la course du ballon doit pouvoir être modifiée par effet de bord.
Hypermotion 2 va également faire apparaître des petites informations lors de replays de buts comme dans une vraie émission TV avec la distance avec la ligne de but, la probabilité de but, l’angle de tir… et c’est très plaisant.
Dans le gameplay, les phases de coups de pieds arrêtés ont toutes été totalement repensées. La caméra revient se placer derrière le joueur. Exit la fameuse cible jaune que l’on dirige dans la surface pour voir un système de trait le remplacer avec un choix de positionnement de frappe sur le ballon. Les penalties ont été refaçonnés : une mire absente pour un système de frappe active autour du ballon pour se synchroniser. C’est très déconcertant les premières fois mais à force, on en vient vite à apprécier ce nouveau fonctionnement qui influe encore un peu plus dans le sens d’une réelle simulation… et ça fait du bien !
Autre découverte dans le jeu moins plaisante : le tir surpuissant ! Celui-là, personne ne l’avait vu venir. Au moment de la frappe si vous enchainez L1+R1 avec le bouton tir, vous allez envoyer un pur boulet de canon à la Olive et Tom ! C’est amusant me direz-vous, mais cela n’a aucun intérêt. Vous allez mettre quelques jolis buts mais les gardiens ne gèrent pas ces tirs et finalement vous allez prendre des frappes de la lune qui vont forcément rentrer si c’est cadré et non contré… Préparez donc vos mouchoirs quand vous allez voir la petite cinématique liée à ce mouvement alors que le joueur est à 40 mètres de vos cages.
Les modes de jeu historiques sont là
Comme pour son prédécesseur, les menus vont être identiques. Peu de pertes de repères pour les joueurs qui vont alors se sentir comme à la maison. Seuls des petits changements de couleurs viendront faire la différence. Les modes de jeux sont eux aussi habituels et les principaux représentants sont présents : FUT, Carrière et Volta.
Nous mettrons volontairement de côté Volta vu qu’il n’y a absolument aucun changement par rapport à FIFA 22 ! Choix assumé de la part d’EA ? Abandon total par manque de temps ou de retour sur investissement ? Chacun se fera son propre avis sur la question.
FUT : intéressant mais de plus en plus onéreux !
Concernant le fameux Ultimate Team, certains détails vont avoir une grande importance. Tout d’abord le principal changement se trouve dans la dynamique des liens dans l’équipe. En effet, si dans FIFA 22 il fallait parfois être au niveau de Luis Campos pour trouver la pépite qui permettait de faire le liant entre l’attaque et la défense en terme de nationalité, championnat ou équipe, ce n’est plus le cas dans cette nouvelle version. Exit les liens verts ! Place à la simplicité ! Il suffira dorénavant que dans votre équipe vos joueurs proviennent du même championnat, même nationalité ou encore même équipe pour voir la note collective augmenter… et ça en faisant fi de la position et du rôle des joueurs sur le terrain. Un gardien, un ailier et un avant-centre d’une même équipe et le tour est joué !
Autre grosse modification : la possibilité pour un joueur de pouvoir occuper plusieurs postes. Avec l’utilisation d’une carte modifier le positionnement, votre DC pourra devenir un MDC ou encore un DD passera MD.
Mais c’est là que va venir le coup fatal ! Le coût sur FUT est totalement exorbitant. Que ce soit pour ces fameuses cartes ou les packs très (trop) aléatoires, Ultimate Team va vite vous mettre sur la paille. Ce n’est pas pour rien qu’Electronic Arts en a fait son mode de jeu préféré…
Vent de fraîcheur sur la Carrière !
Vous avez toujours rêvé de coacher comme Klopp ou Tuchel ? Vous vivez pour avoir la classe à l’italienne d’Ancelotti ? C’est maintenant possible ! Les entraineurs modélisés sont maintenant jouables et vous allez enfin pouvoir envoyer Guardiola entraîner les Girondins de Bordeaux. En France, seul Galtier est représenté. Ce qui laisse un petit goût amer pour les frenchies.
Dans le cadre des transferts, des cinématiques d’accueil et de départ ont été ajoutées. Après chaque mouvement de joueur (achat ou vente) vous aurez un petit tableau de bord jugeant votre travail de A à F, et vous expliquant si vous auriez pu faire de plus grosses économies ou une meilleure vente.
Malheureusement lors de la période de mercato, le petit tableau rapide, se trouvant derrière les résultats et buteurs, et annonçant les transferts disparait et il faut aller dans l’historique des transferts pour voir les mouvements. Personnellement je trouve que c’est une très mauvaise décision car, dans FIFA 22 en un coup d’œil on pouvait voir les plus gros et les dernières ventes, ici il va falloir parcourir les menus pour aller trouver la moindre information sur le sujet.
Du côté de la carrière Joueur, il y a là le plus de changements. Vos choix et réussites pendant les matchs vont vous donner des points qui forgeront votre personnalité. Le caractère de votre personnage va alors se découper en 3 attributs : Solitaire, Virtuose et Fiable.
Chaque choix en match augmentera un attribut ou un autre. Par exemple, un 1 contre 1 réussi face au gardien vous donnera des points Solitaire, alors qu’une passe décisive en profondeur vous apportera des points Virtuose et Fiable. Au fur et à mesure de votre avancée, vous allez forger votre personnalité et cela déclenchera des bonus associés. En parallèle, des points globaux de compétence vont vous être attribués afin de choisir ses paramètres à améliorer : passe, tir, défense, vitesse…
De plus, le salaire que vous gagnez va ENFIN servir à quelque chose ! Pour la toute première fois, vos gains vont vous servir pour acheter des activités ou des biens matériels afin d’obtenir des points d’attributs. Une fois l’activité ou le bien acheté, ce sera définitif et non remplacé. Par exemple, le cours de danse ne peut avoir lieu qu’une seule et unique fois. Dommage mais l’effort est là !
Une grosse révolution est tout de même à mettre en avant : c’est la possibilité de jouer contre des adversaires en crossplay ! C’est-à-dire que si vous êtes sur PS5 vous avez enfin l’éventualité de vous frotter à des joueurs d’autres plateformes : Xbox ou PC par exemple.
A cela, vient s’ajouter la « Gestion des Temps forts ». Outre le fait de jouer le match ou de le simuler comme dans les précédentes versions, vient voir le jour la gestion des temps forts. Un peu comme dans un Football Manager il sera alors possible de ne vivre que les moments importants du match et défendre contre une attaque placée, ou, partir en contre pour marquer. Ce qui permet de raccourcir les parties et de se concentrer sur la gestion du club. Malheureusement dans ce dernier mode de jeu, aucun détail de la partie ou note de joueur (hormis les 3 meilleurs) ne seront disponibles après le match… ce qui est un peu light.
Bugs en cascade et incohérences
Comme chaque année, FIFA sort fin septembre après que le marché des transferts soit largement clôturé. Comme chaque année, les équipes présentes au lancement du Day One ne sont pas à jour avec les transferts du mois précédent, alors qu’il s’agit tout simplement d’une mise à jour de la base de données d’inscription des joueurs sur des données connues. C’est toujours la même musique et toujours la même déception !
En complément de ce point noir, de nombreux joueurs prêtés sont absents et non représentés dans le jeu ! Par exemple, si vous faites une carrière de manager avec le grand et unique Olympique de Marseille, Luis Henrique et Konrad de la Fuente ont purement et simplement disparu. Ils ne sont pas en prêt chez Botafogo et Olympiakos car les deux clubs n’existent pas dans le jeu. Pire ils ne sont tout simplement pas modélisés alors qu’ils appartiennent pourtant toujours au club !
La partie novatrice des conférences de presse ou interviews après matchs est devenue totalement rébarbative avec des questions identiques à l’opus précédent et toujours sans aucun doublage. En plus de cela, certaines questions restent encore et toujours incohérentes : après 5 victoires et 1 nul, « votre équipe a des résultats en dents de scie », ou « pensez-vous les battre après votre précédente défaite contre eux » alors que c’est le premier match contre cette équipe. Pour moi, c’est un des points les plus désagréable et ennuyeux du jeu sur lequel de nombreux joueurs espéraient une refonte… pas pour cette fois !
Ne revenons pas ici sur la frappe surpuissante qui trouvera, à coup quasiment sûr, le chemin des filets. Mais notons la faiblesse des gardiens. Et c’est tellement dommage car c’était la force principale lors de la sortie de FIFA 22 ! L’histoire par la suite a rabaissé le niveau de ceux-ci car jugés trop forts par certains « gros joueurs » ou « influenceurs ». Même si certains gardiens sortiront des parades magnifiques, tous se feront battre très facilement en 1 contre 1 ou lors de frappes près du corps. Quelle déception de voir son gardien sortir une frappe en lucarne pour encaisser un but sur un tir plein centre indigne !
Ajoutez à cela les scripts toujours présents (et toujours niés par EA) depuis de nombreuses années et vous obtiendrez un jeu très incohérent et fade sur la longueur. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’on entend par script : vous allez vite remarquer, lors de vos parties, que, vous allez asphyxier une équipe comme Ajaccio en menant 2 à 0 à 15 minutes de la fin du match tout en ayant jamais été inquiété par une seule attaque et dans le même temps ils vont d’un seul coup devenir le Real Madrid et marquer 3 buts en 15 secondes sans que vous ayez la possibilité de reprendre le ballon avec tous les contres possibles contre vous.
Pour finir de vous crisper totalement, mettons de côté volontairement les passes forcées vers les joueurs hors-jeu, et penchons-nous sur un point qui était visible précédemment mais est devenu incontournable : lors de phases défensives, l’IA ne vous donnera pas le joueur défensif le plus proche du joueur dans le sens de l’action. Imaginez une phase de contre où vous avez un défenseur face à l’attaquant adverse et un milieu qui est derrière le porteur du ballon et qui ne peut plus faire action de jeu… et bien c’est ce dernier que l’IA choisira de vous donner. Le temps de changer de joueur avec la gâchette et l’attaquant aura possiblement déjà passé celui-ci pour venir crucifier votre dernier rempart ! Toute personne ayant joué un minimum au vrai football se rendra compte de cette énormité dans une simulation digne de ce nom mais pas EA Sports.
A ces nombreux points noirs vont venir s’ajouter des bugs plus habituels (mais toujours présents années après années) :
- Des erreurs dans les noms de joueurs sur les gazettes d’information (ex : Mbappe/Mbappe),
- Des erreurs de commentaires : je fais une carrière avec l’OM et il parle de mes anciens résultats en disant « l’équipe de Rennes »,
- Des incohérences dans les montants de transfert : achat de CR7 avec une prime à la signature de quelques euros, une vente de Balerdi à 13M€ avec un futur prix à 2€, une note globale à 0 euros suite à l’achat de joueurs (sûrement un petit bug d’affichage)…
- Un tournoi de présaison en format éliminatoire dans les faits mais en format championnat dans le visuel,
- Sur une action en Temps forts, tous les joueurs re rentrent sur le terrain et l’attaquant est seul face au gardien,
- Impossibilité de changer les joueurs de place sur le terrain si tous les changements ont été effectués!
- Des officiels en plein au milieu du terrain et qui n’ont rien à y faire en pleine partie…
Avec l’absence de très nombreuses équipes (italiennes notamment) et sélections nationales, ainsi que la disparition de la possibilité de sauvegarde rapide (en passant par carré), les précédents points ont été le coup de grâce porté à mon envie de lancer des parties endiablées pour arriver sur le toit de l’Europe.
FIFA 23 a certes eu quelques ajouts intéressants mais totalement mineurs après quelques parties sans compter le nombre de problèmes récurrents et nouveaux non modifiés. Un jeu revu (par petits compléments) mais certainement pas corrigé.
Annoncé par Electronic Arts comme la simulation la plus aboutie depuis 30 ans et “le meilleur jeu FIFA de tous les temps”, FIFA 23 aura raté son dernier tour de terrain sous ce nom dans une production trop timide et sans réelle modification majeure. Alors que eFootball laissait un boulevard à EA Sports pour sublimer son tout dernier ouvrage footballistique, les joueurs resteront sur leur faim avec un jeu non abouti et ressemblant étrangement à une version bêta non remaniée.
A bientôt pour de nouveaux tests !
Jibé
A noter : une mise à jour gratuite sous forme de DLC viendra enrichir FIFA 23 avec un mode Coupe du Monde 2022 (et 2023 pour les féminines).