Le prolifique auteur britannique John Wainwright a largement contribué à donner ses lettres de noblesse au genre policier dans les romans. Auteur de chevet de Georges Simenon, rien de moins, on lui doit notamment « A table ! », l’excellent roman qui fut adapté par Claude Miller et Michel Audiard sous le titre Garde à vue, en 1981. Ici, les éditions Sonatine nous proposent une première édition en français d’un autre de ses romans phares : « Les Trois Meurtres de William Drever », paru il y a tout juste 41 ans.
Le temps maussade de ce début d’automne reflète parfaitement les sentiments qui agitent les pensées de Carol Drever. Contemplant la pluie qui ruisselle sur la vitre de la voiture qui la ramène chez elle, elle tente en vain de s’accrocher à une réalité qui lui échappe. Pourtant, les faits sont là. Implacables. Son époux William, un comptable sans histoire et sans envergure, vient d’être condamné pour les meurtres brutaux de trois prostituées. Sa culpabilité ne fait aucun doute, même dans l’esprit de Carol. William s’est défendu sans conviction et a choisi de ne pas faire appel de sa condamnation. L’attitude d’un coupable bien plus que celle d’un innocent. Cependant, il se pourrait qu’une terrible révélation vienne bousculer toutes ces certitudes si bien établies…

Les Trois Meurtres de William Drever débute immédiatement après la condamnation de William et nous plonge dans le quotidien d’une famille brisée devant faire face à l’acceptation que l’un de ses membres est un monstre. Ce point de départ donne l’opportunité à John Wainwright de laisser parler son talent là où il est peut-être le plus flagrant, dans la mise en scène psychologique d’une galerie de personnages hautement travaillés. Car oui, si le roman, par ailleurs très court, n’est pas avare en rebondissements, il met surtout l’accent sur le facteur humain, sur les relations entre les personnages et sur la façon dont les personnalités des uns vont influencer les comportements des autres.
Parfois surprenant, souvent intrigant, Les Trois Meurtres de William Drever est aussi un roman de son époque. Il a d’ailleurs le charme un peu désuet d’une réalité sociétale qui sans le savoir est sur le point d’être révolue. Classique de cette période, il se développe sur une sorte de faux rythme, allant presque jusqu’à perdre son lecteur à certains moments de l’histoire avant de récupérer toute son attention avec une facilité déconcertante. Grâce à un rebondissement dans l’histoire ? Pas toujours. Aussi en raison de la plume délicate de l’auteur dont on comprend au fil de la lecture, et souvent au détour d’une tournure de phrase, les raisons de l’admiration que Georges Simenon pouvait lui porter.
Les Trois Meurtres de William Drever, un roman de John Wainwright publié aux éditions Sonatine.