13 Reasons Why, c’est un peu le phénomène télévisuel du début d’année 2017. Il a ouvert des débats – surtout aux Etats-Unis, mais quand même – et créé quelques polémiques sur son impact vis-à-vis des personnes qui traversent une très mauvaise passe. En bref, il n’a pas laissé indifférent. Si vous ne le saviez pas encore, la série est l’adaptation d’un livre écrit par Jay Asher. Livre dont nous allons parler à l’occasion de la sortie, il y a quelques semaines, d’une nouvelle édition qui intègre quelques ajouts d’images de la série comme bonus.
Un style original et une histoire prenante
13 Reasons Why, de son titre français 13 Raisons, raconte le jour où Clay Jensen, un adolescent américain, reçoit les cassettes audios qu’a enregistré Hannah Baker avant de se suicider. Ces cassettes expliquent les raisons qui l’ont poussé à en arriver là en racontant ce que chacune des personnes qui ont contribué à son état ont fait – ou pas fait. Une face, une histoire.
L’idée de départ est déjà très originale et le destin d’Hannah nous importe vraiment. Plus on avance dans l’histoire, plus on voit se mettre en place la machinerie infernale qui essaie de broyer la vie de la jeune femme. On a envie de croire qu’à certains moments d’embellie Hannah va changer d’avis, même si on connait déjà la fin de l’histoire, mais le côté inéluctable du dénouement prend très vite le dessus. Le destin s’acharne à replonger l’héroïne dans les abysses d’une dépression latente.
Ce qui marque également à la lecture, c’est la façon de dérouler le récit qu’a choisi Jay Asher. On alterne entre les passages qui se concentrent sur le « présent » et ce qu’il se passe sur l’instant dans la vie de Clay Jensen tout en ayant toujours en fond la voix d’Hannah sur les cassettes. Voix qui coupe parfois les pensées du héros dans un chassé-croisé qui impulse un rythme plutôt subtil à la narration.
Un livre utile qui a une approche différente de la série
Comme nous l’avions dit plus haut, la série a ouvert de nombreux débats concernant la détection et le suivi des personnes aux tendances suicidaires. Le livre a certainement eu moins d’échos mais il livre une vision que j’ai trouvé plus subtile encore que la série, qui n’en manquait déjà pas. On ressent encore plus les soubresauts des événements qui jouent sur l’humeur d’Hannah et qui font qu’elle pourrait changer d’avis à des moments clé, là où l’aspect inéluctable de son suicide est plus prononcé dans la série.
La série a voulu aussi aller sur le terrain du trash en montrant une méthode de suicide différente de celle du livre, plus « spectaculaire » visuellement pour le public. Une façon d’attirer l’attention ? De marquer les esprits encore plus durement ? Sûrement un peu des deux. Dans tous les cas, si elle n’en reste pas moins triste, la mort de l’héroïne est moins sanglante dans le livre tout en conservant son impact, via la description de plus en plus précise qu’en fait Clay tout au long du récit, jusqu’à l’un des chapitres en fin de récit où il entre dans les détails des rumeurs qui circulent.
Le fait que la mort d’Hannah soit racontée par des rumeurs est logique : personne n’était là pour voir, si ce n’est la parents et les forces de l’ordre. Ceci étant, on se prend à penser qu’il s’agit d’un ultime pied de nez de l’auteur : et si toutes ces rumeurs sur sa mort étaient aussi bidons que les autres quand elle était en vie ? Hannah serait peut-être morte de la même manière que dans la série mais les rumeurs se chargeraient de rendre sa mort moins horrible aux yeux de ses camarades. C’est en tout cas ce qui m’a traversé l’esprit.