Vous en avez marre de ces romans qui vous glissent dans la peau d’un héros, ou même d’un type lambda qui parvient à se transcender pour accomplir tel ou tel acte de bravoure ? Avec Jour de chance pour les salauds d’Amy Shark, édité chez nos amis de la Société des Ecrivains, on tient enfin un roman qui sort de l’ordinaire. Dans un monde post-apocalyptique ravagé par un virus qui a transformé une bonne partie de la population en zombies il y a plusieurs dizaines d’années déjà, le Commandant Kévin Kowinsky ainsi que bon nombre d’habitants tente de mener une vie normale.
Une vie normale. Pour Kowinsky, cette expression n’a pas le même sens que pour le commun des mortels. Car derrière ses apparences de type parfait, beau gosse et qui est parvenu à gravir tranquillement les échelons, se cache un monstre. Kowinsky, lorsqu’il n’est pas flic, se mue en dangereux tueur en série, assoiffé de sang et que seule la violence extrême parvient à satisfaire. Briser des crânes, tuer femmes et enfants, en violer certains font partie du « quotidien » de ce psychopathe aux allures de gendre idéal. Il a fait du crime parfait sa marque de fabrique, personne ne se souciant des victimes qu’il choisit, personne ne remontant jusqu’à lui. Jusqu’au jour où les choses ne se passent pas exactement comme prévu.
Jour de chance pour les salauds est un roman extrêmement court, d’une centaine de pages environ. Une histoire brève mais intense qui nous immerge dans la psychologie d’un être dérangé, guidé par ses vices, mais pourtant maître de son destin. Dès les premières lignes, Amy Shark parvient à nous immerger totalement dans l’aventure grâce à un style direct, brut, sans figures de style. Le ton est cru, l’ambiance viscérale. Plus les pages défilent, plus la situation s’annonce compliquée pour Kowinsky. On se prend au jeu, on analyse la situation en même temps que le personnage, et on se surprend à souhaiter qu’il trouve une solution pour échapper une fois encore aux responsabilités qui sont les siennes.
L’univers post-apocalyptique n’est pas particulièrement mis en avant comme il aurait pu l’être sous la plume d’autres auteurs. Il se cantonne ici à son rôle premier, à savoir celui du théâtre des aventures du Commandant Kowinsky, les mots préférant se recentrer sur les personnages, véritable force de roman express. D’un point de vue personnel, rarement un récit si court aura réussi à me captiver autant. Une belle découverte, une excellente surprise. Un bouquin à conseiller à tous ceux qui n’auront pas peur d’un langage parfois très cru, nécessaire à l’immersion dans cet univers.
• Acheter en ligne : Jour de chance pour les salauds – 11,40 euros – 116 pages