Avant toutes choses, ce livre a été élu prix Renaudot 2013, et c’était la première fois que je lisais un livre ayant eu cette distinction.
Il me sera dur de structurer ma critique, étant donné la structure peu présente de l’oeuvre… Cette brique est découpée en dix chapitres, eux-mêmes découpés en courts sous-chapitres. Heureusement d’ailleurs, cela aère quelque peu l’oeuvre, qui, rappelons-le, fait 1150 pages ! Si vous souhaitez le meilleur rapport prix/pages, ne le cherchez plus, il est ici. Le prix de la page revient à un peu de plus de 2 centimes seulement.
Outre cela, ce pavé est extrêmement dur à lire, non pas par l’histoire, mais plutôt par le contenu : des mots disparus, des mots sortis de nulle part que je voyais pour la première fois, des néologismes à la pelle … Yann Moix aime se comparer à Lourd-Ferdinand Céline, et on peut sentir dans ce livre cette influence. En effet, Moix est capable de dériver sur un élément durant une dizaine de pages, à vous en faire oublier l’intrigue principale, ce que j’ai apprécié durant 6-700 pages, mais ensuite cela m’a lassé. De même que les énumérations qu’il fait qui sont très (trop) nombreuses : énumération d’insultes (nombreuses inventées et sans véritable sens) durant plusieurs pages, énumération des oeuvres (littéraires, cinématographiques, picturales) d’un personnage sur plus de 10 pages ! J’ai lu chaque page, mais je dois admettre que l’envie ne me manquait pas de sauter de nombreux passages … Egalement, si vous n’aimez pas spécialement le langage assez vulgaire, ce livre ne s’adresse pas à vous.
Après le contenu, je vais un peu plus m’attarder sur l’histoire en elle-même. Afin de construire ma critique, je suis allé faire quelques recherches sur Moix et sur l’un des personnages principaux, Marc-Astolphe Oh (j’en parlerai un peu plus tard). Tout d’abord, il semblerait que ce roman ait des tendances autobiographiques (logique, étant donné que Yann Moix est présent, qu’il relate sa naissance physique -comme psychique- etc), et donc qu’il ait véritablement ait été battu, dénigré par son père. Naturellement, les traits sont exacerbés dans le roman, mais les faits sont là. Malgré cela, le petit Yann se trouve un allié de taille en la personne de Marc-Astolphe Oh, qui sera son parrain et qui l’éduquera sur le plan intellectuel tandis que ses parents le dénigraient. Il semblerait que cela fasse référence à Marc-Edouard Nabe, un écrivain (et dont Moix aurait plagié certains éléments dans ce roman, mais je n’en sais pas plus). Ce Marc-Astolphe est un personnage singulier, imbu de lui-même et il est la principale cause de toutes ces énumérations et digressions dans le roman ! Lorsque Oh dialogue avec d’autres personnages, cela peut s’avérer intéressant, vivant, mais lorsqu’il s’agit de narrations ou de monologues s’étendant sur des pages et des pages, on s’en lasse très vite …
Vers la moitié du roman, Yann Moix, rejeté par ses parents, disparaît de l’oeuvre (tout comme ses géniteurs), qui se centralise alors sur Marc-Astolphe Oh, ses connaissances, ses amis, ses conquêtes … On a du mal à saisir qui est le véritable protagoniste de cette oeuvre.
Un livre vraiment compliqué mais qui, s’il avait été plus court, m’aurait certainement bien plus conquis par son originalité, tandis que là, on a l’impression que Moix cherchait simplement à remplir le plus de pages possibles.