L’immense (et très mérité) succès rencontré par Kingdomino à sa sortie l’a placé sur la trajectoire des jeux que l’on décline. Après sa version Queen, son extension emplie de géants, sa version enfant, sa version duel et même un détour par la préhistoire, voilà que Kingdomino se chausse d’éperons et d’un chapeau de cowboy pour traverser la Moon River…
Dans Moon River, les joueurs vont incarner des pionniers venant d’hériter de terres de l’autre côté de la Moon River, en plein cœur de l’Ouest sauvage. Pour espérer y prospérer, ils devront modeler leur propriété afin d’y faire paître leurs troupeaux de vaches mais ces terres sont pleines de surprises. On y trouve tant de champs fertiles et de pépites d’or que de sécheresses et de voleurs de bétails…
Pour une poignée de dominos
Nous l’avons évoqué, Moon River reprend le principe de son célèbre grand frère à cette exception près qu’ici, les joueurs vont assembler eux-mêmes leurs dominos grâce à des territoires en format « pièce de puzzle ». Lors de la phase de sélection, chaque joueur va donc choisir un territoire au lieu d’un domino et le placer dans sa réserve. Quand il le souhaite, il va assembler deux territoires de sa réserve en un domino et le placer dans son ranch. Le hic ? La réserve ne comporte que trois espaces libres, ce qui laisse moins de liberté aux cowboys que ce qu’ils auraient probablement espéré.
Le but : bien évidemment maximiser les points et pour cela, deux façons de faire. La première, celle du Kingdomino original, est de multiplier le nombre de vaches présentes sur un territoire par le nombre de cases territoire de ce type. La seconde est d’additionner les épis de maïs, les castors et les pépites d’or présents dans l’ensemble de votre ranch. Oui mais…
Tu l’as cherché, je sors mon six coups (bas)
Oui mais l’Ouest sauvage étant par définition sauvage, quelques dangers y rôdent à commencer par la sécheresse qui pourrait bien envoyer ad patres quelques-uns de vos ruminants. Mais ce n’est pas tout, il faudra aussi compter avec les voleurs de bétail et les desperados qui pullulent dans la région. Ces deux dernières catégories de personnage, vilement jouées par vos adversaires, leur permettront pour la première de vous voler une vache non-protégée et pour la seconde d’échanger une de leurs tuiles avec une des vôtres. Voilà qui va engendrer pas mal d’interactions (et de frustration) entre les joueurs !
En conclusion
La première bonne surprise de Moon River prend la forme d’un soulagement : ouf, l’esprit de Kingdomino n’a pas été égaré dans le long voyage qui l’a mené de l’univers médiéval au Far West. Ne le cachons pas, c’était pourtant un peu notre crainte initiale. Nous redoutions que la grande innovation de cet opus (la possibilité de créer soi-même ses dominos en assemblant deux tuiles) ne rende le jeu moins contraignant et qu’on y perde un peu la sensation de devoir jongler avec des dominos dont (au moins) un côté ne nous arrange pas. C’est un peu le cas mais la limite de la réserve à trois espaces contrebalance efficacement cet aspect plus permissif.
De plus, les autres innovations de Moon River apportent réellement quelque chose au jeu et nous avons autant apprécié les interactions induites par les voleurs de bétail et les desperados que la possibilité de commencer la partie de façon un peu asymétrique.
Bref, c’est avec mention que Moon River entre dans l’univers kingdominesque !
Moon River, un jeu de Bruno Cathala et Yoahn Servais, illustré par Régis Torres, édité par Blue Orange et distribué dans le Benelux par Geronimo Games.
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : dès 8 ans
Durée moyenne d’une partie : 40 minutes