Nightmare Alley a été ajouté à la plateforme Disney+ le 23 juin 2023. C’est l’occasion de revenir sur une oeuvre à part de la filmographie de Guillermo Del Toro.
Quand les ambitions sont plus fortes que l’existence
Le pouvoir est un thème récurrent du film : il est désiré, acquis, puis destitué. Le pouvoir se décompose en branches infinies, car il présente une multitude de définitions. Stanton en est un exemple brillant. Il comprend vite comment il peut gagner de l’argent et manipuler les gens. Grâce à une attitude, des silences et des mouvements précis, il peut faire croire n’importe quoi ; il suffit pourtant d’être logique et fin observateur de la psychologie humaine.

Un rythme précis
Le film dure 2h30, alors qu’il ne contient pas énormément d’actions. Pourtant, on ne voit pas le temps passer : ces 2h30 sont une vraie aventure qui conditionne la vie du protagoniste. Nous le voyons évoluer d’une manière fulgurante et prenons du recul face à ses actions. En effet, nous ne nous projetons pas à sa place, mais nous comprenons son mode de fonctionnement. Alors qu’il manipule des dizaines de personnes, le spectateur ne peut s’empêcher de se sentir supérieur car lui ne serait pas tombé dans le piège. Néanmoins, il y aurait bien des chances que nous soyons à sa merci si nous étions face à lui…

Monstre et humanité
Alors que nous avons l’habitude de voir des monstres et des situations fantastiques dans les films de Guillermo Del Torro, Nightmare Alley est un film plus discret. Toutes les situations qui pourraient être fantastiques sont expliquées (la télépathie de Stanton, l’éléctricité dans le corps de Molly…). Seul Henoch, le bébé qui a tué sa mère à la naissance, semble être une entité mystérieuse. Après tout, les monstres ne seraient-ils pas les protagonistes, dénués de morale et avides d’argent et de pouvoir ?
La mise en scène est flottante, avec de nombreux travelling avant lorsque la caméra approche les personnages. Ce procédé laisse une impression de retenue, comme si la caméra ne voulait pas directement faire face aux personnages. De plus, les lumières contrastées et les couleurs chaudes (comme le jaune et le marron) s’accordent avec les personnages qui se perdent dans le décor, engloutis malgré leur vanité.
