Nous avons parfois le pré-sentiment que certains livres vont nous toucher avant même que nous les ayons ouverts. J’ai ressenti cela avant de commencer Le parfum de l’hellébore de Cathy Bonidan, qui transpire l’humanité et la douceur.
La première partie se déroule au début des années 60. Anne va en métropole pour travailler dans le centre psychiatrique duquel son oncle est le directeur. C’est à partir de ce moment que cette dernière va s’intéresser à la psychologie, en observant notamment Gilles, surnommé « Le débile », un jeune autiste de 11 ans. Anne va également se lier d’amitié avec Béatrice, une anorexique, patiente du centre. C’est ensemble qu’elles vont remarquer que Gilles semble être apaisé dans le jardin et faire des progrès, au contact du jardinier pourtant peu causant.
La seconde partie du roman a lieu de nos jours. Sophie, étudiante en psychologie, découvre le journal intime de Béatrice. Cependant, celui-ci s’arrête du jour au lendemain, sans cause apparente. Sophie va alors chercher à découvrir la suite de l’histoire afin de savoir ce qu’il est advenu de chaque personne.
La première partie est donc décomposée par deux regards totalement opposés : Béatrice, pensionnaire du centre et Anne qui y travaille. La première nous raconte l’histoire grâce à son journal intime, la seconde par des missives qu’elle écrivait à sa meilleure amie, restée en province. Malgré cette situation opposée entre personnel soignant et patients, les barrières seront franchies et les deux jeunes femmes vont nouer une belle amitié, basée sur une passion commune, à savoir l’observation de Gilles. Cela permettra à Béatrice d’occuper des journées bien vides et de se concentrer sur autre chose que son propre cas.
L’histoire est tout simplement prenante. Il est intéressant de découvrir comment étaient traitées les maladies mentales dans les années 60. Nous sommes également surpris par cette interruption brutale du récit passé pour revenir au présent, avant que l’auteure ne nous fasse découvrir petit à petit le liant entre les deux époques et les deux trames.
Cathy Bonidan choisit des mots simples qu’elle associe afin de créer des phrases courtes. A mon sens, c’est cela qui donne encore plus d’impact et d’humanité au roman, même si l’histoire et les personnages y contribuent également fortement.
Si je dois reconnaître avoir été plus embarqué par la partie passé du roman, j’ai beaucoup aimé la façon dont les deux intrigues se relient par la suite. Le début est assez déroutant, le temps nous arrivions à caser chaque personnage à sa place, mais une fois ce (rapide) cap passé, la suite du roman est passionnante.