Après avoir publié quelques nouvelles dans différents journaux littéraires et magazines, Jon Sealy fait sa grande entrée dans le cercle des romanciers américains avec « Un seul parmi les vivants ». Ce premier roman nous plonge dans la moiteur d’une fin d’été en Caroline du Sud à l’époque de la Grande Dépression. Nous l’avons lu pour vous.
A la fin de l’été 1932, en pleine Prohibition et alors que la chaleur semble s’attarder, le shérif Furman Chambers est tiré de son sommeil par un coup de téléphone. Deux hommes viennent d’être abattus devant le Hillside Inn, un tripot clandestin où le bourbon de contrebande coule à flots. Très vite, le nom de Mary Jane Hopewell, vétéran de la Grande Guerre et alcoolique notoire, est soufflé dans l’oreille du shérif. S’ensuivra une chasse à l’homme sur fond de règlement de comptes et de trafic d’alcool.
Dans une galerie de personnages allant du seigneur local du bourbon à l’empire vacillant au shérif paresseux en passant par quelques cul-terreux et bootleggers occasionnels, Jon Sealy nous fait découvrir le Sud profond des États-Unis à un moment charnière de leur histoire. En suivant l’évolution de quelques figures locales, l’ensemble du roman semble servir à la mise en place de l’apothéose finale où chacun devra répondre des choix qu’il a posés.
Sans conteste, « Un seul parmi les vivants » regorge de qualités mais il n’est pas non plus exempt de tout défaut. A titre d’exemple, si Jon Sealy nous met rapidement en contact avec les personnages principaux, il le fait au détriment du contexte et surtout de l’époque. Il faudra ainsi au lecteur un certain temps avant de s’immerger complètement dans l’histoire. De même, pour chaque scène, l’auteur a tendance à décrire l’un ou l’autre aspect du décor et si cela ajoute parfois de la consistance, c’est au risque de casser la dynamique d’enchainement des événements. Évidemment, il s’agit là de défauts minimes, surtout pour un premier roman, et gageons qu’ils s’atténueront bien vite au fil des prochaines publications de l’auteur.
« Un seul parmi les vivants » est donc un roman de bonne facture qui a suffi pour que d’aucuns collent à son auteur l’étiquette de nouveau Cormac McCarthy ou de nouveau William Faulkner. Cependant, si Jon Sealy n’est pas dénué de talent (loin de là), le costume de classique de la littérature américaine apparaît encore un peu grand pour lui. Il n’en demeure pas moins un auteur à surveiller de près.