Avec Redneck, les éditions Delcourt nous offrent en un album les six premiers numéros du Comics américain. Une bonne idée car quand on y est englué, il est aussi difficile de s’extirper de ce récit que des griffes du plus avide des vampires. Plongée sanglante dans les bas-fonds de l’Amérique.
Installée au fin fond du Texas, la famille Bowman aspire à éviter tout problème. Enfin, à tout le moins une partie d’entre elle car quand on est un vampire aux pouvoirs hors-norme, à la soif inextinguible et aux crocs aiguisés, on pourrait préférer régner sur le monde plutôt que d’élever des vaches et de se contenter de leur sang fade. Alors, quand une simple sortie en ville donne lieu à une rixe avec un prêtre sadique qui connaît tout des secrets de famille, une petite incartade au protocole est à craindre et puis, un événement en entraînant un autre, l’escalade peut devenir inévitable. Chacun devra alors faire face à ses propres démons et la rancœur accumulée depuis des générations pourrait bien faire exploser la famille. La famille et la ville toute entière d’ailleurs.
On le sait, les histoires de vampires (tout comme celles de zombies) ont toujours su trouver leur public et sont devenues des incontournables de la culture populaire. Si Redneck fait partie de celles-là, elle les dépasse aussi sur d’autres points. Sous le vernis du glauque, du sanglant et de l’immoral inhérent à toute bonne histoire de vampires, on découvre un scénario bien plus fouillé qu’on aurait pu l’imaginer. Chacun des personnages principaux imaginés par Donny Cates revêt une personnalité complexe et fait face à ses propres contradictions. En partant d’une idée qui n’est pourtant pas neuve dans le domaine (une famille de vampires installée paisiblement en rase campagne jusqu’à ce que tout dérape), le scénariste est parvenu à créer une histoire intrigante et emplie de sentiments. Pas seulement de la haine ou de la rancœur mais aussi de la fraternité ou de la compassion. C’est inattendu et donc intéressant.
Quant au coup de crayon de Lisandro Estherren, il est de prime abord un peu déconcertant. Les traits des visages sont presque toujours noyés dans l’une ou l’autre zone d’ombre et certains détails semblent avoir été découpés à la hache. C’est sombre, très sombre même et c’est justement ça qui colle parfaitement à l’histoire. On ne s’en rend compte qu’après une dizaine de pages mais ce style lugubre nous plonge irrémédiablement dans le scénario et participe pleinement à l’ambiance poisseuse et sinistre dont Danny Cates a voulu imprégner l’ensemble. C’est d’ailleurs l’un des avantages de disposer d’une intégrale réunissant les six premiers numéros du Comics : une fois confortablement installé dans l’atmosphère boueuse et chargée de sang que propose Redneck, on s’y plaît et on ne s’en extrait qu’une fois la dernière page tournée.
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