Après avoir éclaboussé la planète ludique de leur talent, les fiers créateurs de Blood Rage (Eric M. Lang, Adrian Smith et Edge pour la version française) nous proposent leur dernière nouveauté : Rising Sun. Ici, on délaisse le Ragnarök et les valeureux vikings en quête de gloire éternelle pour se plonger en plein Japon féodal et y découvrir ses dieux comme ses démons.
Extrêmement déçus par l’incompétence et l’oisiveté du Shogun actuel, les anciens Kamis (comprenez les divinités de la religion shintoïste) ont ressurgi du monde souterrain. Ils ont rassemblé les cinq clans sacrés qui font la fierté du Japon et leur ont confié une mission : reconquérir les terres nippones pour y restaurer les traditions d’honneur et de spiritualité.
A l’approche de l’hiver, les Kamis décideront de quel clan sera issu le prochain Shogun et il ne vous reste donc que trois saisons pour prouver aux anciennes divinités que les valeurs et les coutumes défendues par votre clan font de vous le candidat idéal pour rendre au Japon son lustre d’antan. Forgez des alliances, brisez-les, vénérez les Kamis et invoquez d’anciens monstres. Bref, soyez le Shogun honorable mais impitoyable que les terres nippones appellent de leurs vœux.
Thé, cerisiers en fleur mais aussi seppuku : bienvenue dans le Japon féodal
Dans Rising Sun, chaque clan s’installe dans sa province d’origine et place un de ses marqueurs sur la piste d’honneur, ce qui représente son niveau d’honorabilité à l’égard des autres clans. Ensuite, chaque tour commence par la traditionnelle cérémonie du thé. Lors de celle-ci, les différents chefs de clan que vous êtes discutent de la situation du Japon et forgent éventuellement de nouvelles alliances. Pacte de non-agression, partage des gains, versement d’un tribut en or, … tout peut se négocier lors de cette cérémonie même si aucune promesse ne devra absolument être tenue. Libre à chacun de bafouer son honneur en brisant des alliances désormais désavantageuses.
Dès lors que la cérémonie du thé prend fin, le jeu entre dans une phase de politique où les différents joueurs pourront choisir des mandats afin d’effectuer différentes actions sur le plateau de jeu. Qu’il s’agisse de récolter les ressources dans les provinces qu’ils contrôlent, d’enrôler de nouvelles figurines en vue de gonfler leur armée, de déplacer certaines troupes, d’acquérir de nouvelles capacités claniques ou tout simplement de faire acte de trahison en ralliant quelques figurines adverses à leur cause, chaque choix politique fera évoluer la situation des clans mais sera aussi lourd de conséquences. Au cœur de ces mandats politiques surviennent également les tours des Kamis lors desquels ces derniers viennent récompenser les clans qui les ont le plus honorés. Leur générosité à l’égard de leurs adorateurs est d’ailleurs réputée sans limite et un chef de clan avisé ne manquera jamais d’envoyer l’un ou l’autre Shinto les vénérer.
Souvent, les différentes tractations politiques se muent en déclaration de guerre et Rising Sun ne fait pas exception. Une fois l’ensemble des mandats réalisés, les différents clans vont en effet se mesurer militairement dans les provinces convoitées. Pour chaque combat, les belligérants vont miser secrètement un certain nombre de pièces sur les actions qu’ils souhaitent réaliser. L’issue du combat dépendra de ces mises et c’est ici que les chefs les plus rusés dévoileront leur génie tactique. Gardez à l’esprit qu’une bataille perdue n’empêche pas d’en tirer quelques bénéficies et ce, d’autant que certaines alliances pourraient toujours être d’actualité.
« Qui ne peut vivre dans l’honneur doit mourir dans l’honneur » – Proverbe japonais
Disons-le sans détour, Rising Sun est une énorme claque. Visuellement d’abord car au-delà du plateau et des cartes superbement illustrées, l’esthétique des (nombreuses) figurines est tout simplement à couper le souffle. Elles sont extrêmement détaillées et propulsent le jeu dans une autre dimension en termes d’immersion.
Ensuite au niveau du gameplay. La même claque mais sur l’autre joue. En vulgarisant à l’extrême, on pourrait dire que Rising Sun est un jeu de contrôle de territoires (ce qu’on retrouvait déjà dans le Parrain, le précédent jeu d’Eric M. Lang. D’ailleurs, on ne serait pas surpris d’apprendre que ce dernier se faisait régulièrement voler son coin de cour de récréation et en aurait nourri une saine obsession). Ceci dit, au-delà du concept territorial, Rising Sun est constellé de subtilités qui lui donnent toute sa saveur. Du système d’alliances au choix des différents mandats en passant par l’importance de l’honneur (et on en passe), toutes les facettes du jeu s’imbriquent à la perfection. C’est riche, varié, fluide et équilibré. On a par exemple particulièrement apprécié l’importance donnée à la piste de l’honneur. Conformément à l’image que l’on a du Japon féodal (et actuel d’ailleurs), l’honneur est tout sauf un concept galvaudé. Il régit littéralement le jeu en permettant de trancher toute égalité qui pourrait subvenir en faveur du joueur le plus honorable. C’est quelque part un bel hommage à la tradition japonaise.
En conclusion, Rising Sun est aussi bon que beau et ce n’est pas peu dire. Un thème parfaitement respecté, un matériel sublime, une mécanique très bien huilée et qui favorise l’interaction entre les joueurs, il a toutes les qualités requises pour devenir un incontournable des meilleures ludothèques.
Rising Sun, un jeu édité par Edge et distribué par Asmodée.
Nombre de joueurs : 3 à 5
Âge : A partir de 13 ans
Durée moyenne d’une partie : 1h30 à 2h
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