« La rebelle Maeve entraîne Otis, un ado vierge mais doté d’une mère sexologue, dans la création d’une cellule de thérapie sexuelle clandestine au sein de leur lycée… »
L’an dernier, la première saison de Sex Education avait surpris plus d’un utilisateur de Netflix. Moi, le premier. De par sa thématique et son côté Teen Drama, je n’en attendais pas grand chose. Au final, cette série s’est révélée comme étant une très bonne surprise, un vent de fraîcheur dans le monde sériel actuel. L’effet de surprise passé, que vaut cette seconde saison ?
Thérapie par le rire
Il n’est jamais facile de réussir une suite, d’autant plus lorsque le premier volet était à la fois très bon, original, et surprenant. Cela peut aussi bien s’appliquer pour les films que pour les séries. En partant de ce constat, avoir des doutes sur cette seconde fournée de Sex Education est tout à fait louable. Mais une fois la saison 2 visionnée, ceux-ci disparaissent.
Certes, la série a toujours de nombreux défauts, dont le principal réside dans sa propension à verser souvent dans les clichés (ce qui est encore plus le cas dans cette saison). Certes, Sex Education a tendance à aller dans l’exagération. Mais, il faut lui reconnaitre une chose, dans son style, elle se démarque toujours autant de la concurrence. Les scénaristes réussissent une fois encore à parler de sexualité avec un mélange qui pourrait pourtant sembler hétérogène : la légèreté et le sérieux. Sujet au combien difficile à aborder, la sexualité est traitée sous toutes ses formes avec beaucoup d’empathie, d’émotion, et une subtile dose d’humour. Et pour cette saison, qui prend place dans l’ère #MeToo, Sex Education s’attaque au sujet de l’abus sexuel avec beaucoup d’intelligence. Sans se politiser, la série arrive à souligner la gravité et les conséquences de ces abus avec une finesse assez rare. Cela se vérifie tout au long de la série sur bien d’autres sujets, c’est le cas notamment de l’homosexualité. Mieux encore, les scénaristes réussissent à dédramatiser les situations avec une belle dose d’humanité, d’entraide entre les personnages, et d’humour.
Il n’est pas toujours bon de grandir
Dans un sens, cette seconde saison pourrait avoir pour sous-titre : on prend les mêmes et on recommence. Ce qui n’est pas tout à fait vrai. Dans un sens, cette seconde fournée ressemble beaucoup à la première. Mais, entretemps, les personnages ont évolué. En bien pour certains, c’est le cas d’Eric, toujours interprété avec talent par le solaire Ncuti Gwada. En mal pour d’autres, c’est le cas du personnage principal : Otis. Protagoniste attachant dans la première saison, Otis prend une tournure beaucoup plus déplaisante ici, au point de devenir quasiment détestable. Pire encore, c’est là une erreur d’écriture, le personnage passe son temps à répéter sans cesse les mêmes erreurs, au point d’en devenir lassant et prévisible. Ce qui n’est pas aidé par l’interprétation d’Asa Butterfield qui semble plus éteint dans cette saison. Aussi, le jeu du chat et de la souris qui continue entre son personnage et Maeve commence déjà à tourner en rond et à agacer. Il serait temps d’y mettre fin rapidement au risque de tourner au ridicule.
Parlons aussi de l’erreur de casting de cette saison, le frenchie Ami Outalbali qui interprète Rahim, étudiant français fraichement débarqué qui va entretenir une relation avec Eric. Est-ce dû à un problème d’écriture, au jeu monocorde et fade de son interprète ? Toujours est-il que le personnage n’a quasiment aucun intérêt. Ce qui est dommage, car le reste du casting, sans exception, est à saluer pour sa justesse. Gillian Anderson, dans son rôle de mère et de psychothérapeute sexuelle, est une fois encore magistrale, avec un personnage qui devient plus profond à interpréter. Capable de nous faire rire comme de nous émouvoir, Gillian Anderson, dans ce rôle presque à contre-emploi par rapport à sa filmographie, est toujours le grand point fort de Sex Education. Un bon point également pour Emma Mackey qui donne un peu plus de nuance à Maeve. Le personnage qui tirait la tronche sans cesse en première saison, tire toujours la tronche, mais avec quelques beaux moments d’émotions.
Oui, la série est toujours bourrée de défauts et de clichés. oui, Sex Education se révèle souvent prévisible. Mais tout ce qu’elle fait, elle le fait avec émotion, empathie, et sérieux, avec une belle touche d’humour et de fraîcheur. En bref, une série qui fait du bien et qui apporte un peu de lumière durant cette période franchement morose.