Plusieurs films de François Ozon sont disponibles sur Netflix depuis le 1er aout (voir les sorties Netflix du mois d’août). Jeune et jolie est un film à part dans la filmographie du réalisateur, difficile à comprendre mais à l’esthétique léchée.
On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Isabelle, jouée par Marine Vacth, ment sur son âge : elle affirme avoir vingt ans tandis qu’en réalité, elle en a dix-sept. Une séquence met en lumière le célèbre poème d’Arthur Rimbaud, intitulé Roman. « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » en est le premier vers.
« Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon / D’azur sombre, encadré d’une petite branche /
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond / Avec de doux frissons, petite et toute blanche… » clame Arthur dans son poème. Isabelle pourrait se confondre avec ces paroles, toute émue de liberté qu’elle est.
Origines engluées
Il est très difficile de comprendre les motivations d’Isabelle. Tout d’abord, elle rejette un amour d’été, elle n’aime pas sa première expérience sexuelle puis elle enchaîne tout de même les clients. François Ozon ne relie pas la prostitution à un milieu social populaire ; Isabelle est issue d’une famille prospère.
Elle mène une double vie pleine de chaire, et les nombreux gros-plans accentuent l’effet organique du long-métrage. Isabelle s’oublie, existe par le regard des autres (en particulier le regard masculin). Le réalisateur se penche davantage sur la psychologie de la jeune fille que sur la prostitution en elle-même, même si ses désirs restent brumeux.
La musique de la jeunesse
La plupart des chansons jouées dans le film proviennent du répertoire de Françoise Hardy. Chanteuse mythique des années 60, elle incarnait la beauté, la jeunesse et l’envie de liberté. Autant réservée que sensible, Isabelle se rapproche de cette image. Seulement, elle a pris une toute autre voie dans la fleur de la jeunesse.
Cette jeunesse est cependant mise en confrontation avec la parenté. La mère d’Isabelle ne sait comment réagir face à sa fille et à sa crise (inhabituelle) d’adolescence. Isabelle est en permanence dans la provocation, cherchant des réactions autour d’elle et parlant mal à sa mère. En cela, Jeune et Jolie semble être le mélange acerbe entre le côté sulfureux dans Emmanuelle (1974) et la recherche de l’adolescence dans La boum (1980).