NieR Replicant, de son nom complet NieR Replicant ver. 1.22474487139, est un remaster du jeu paru en 2010 sur PS3 et Xbox 360, suite au succès de l’excellent Nier Automata. En 2010, le jeu comprenait 2 versions : dans la première, le personnage principal, Nier, doit sauver sa soeur Yonah d’une mystérieuse maladie qui la ronge un peu plus chaque jour. Dans la version baptisée Nier Gestalt, qui était la seule parue en Occident, Nier est plus âgé et Yonah n’est plus sa soeur mais sa fille. Dans cette nouvelle version, il s’agit bien du jeune Nier et de sa soeur Yonah. L’occasion pour les joueurs européens et américains de découvrir enfin cette version de Nier. Ceci dit, il faut noter que cela ne change presque rien à l’histoire, hormis quelques dialogues.
Si les fans de la première heure prendront plaisir à re-découvrir ce jeu, ceux qui l’ont découvert avec NieR Automata ou ceux qui jouent à la franchise pour la première prendront plaisir à explorer ce jeu, son univers, et son lore incroyable – pour peu qu’on soit sensibles à un monde post-apocalypique emprunt de mystère, de mélancolie et d’une certaine poésie.
Mystère, mélancolie et poésie
NieR Replicant se déroule dans un monde post-apocalyptique, dans le sens où on comprend très vite, au vu des vestiges délabrés de notre ancienne civilisation, qu’on rencontre ça et là, qu’une catastrophe s’est produite et que ce qui reste de l’humanité est en péril. On comprend très vite aussi qu’une maladie mystérieuse, la nécrose runique, dévaste le monde. Yonah, la petite soeur du héros, en est d’ailleurs atteinte, ce qui nous poussera à nous jeter à corps perdu dans une quête périlleuse afin de trouver un remède. Mais des Ombres apparaissent également, monstres repoussants qui en veulent à l’humanité sans qu’on comprenne vraiment ce que c’est ni d’où ils viennent, seront la cause de bien des maux.
Pour explorer tout ça, vous pourrez parcourir le monde de Nier sous la forme d’un monde ouvert, avec une histoire principale et des quêtes annexes. Chaque section du monde a sa propre atmosphère : celle du village de Nier emprunte d’une certaine lourdeur sous ses airs de petit village pittoresque ; la douce brise de Littoral qui se présente comme un grand bol d’air frais ; ou encore le sordide et malaisant village de l’Aire, ainsi que d’autres encore parfois encore plus noirs et étouffants. Vous ne verrez jamais le soleil, la plupart du temps, le ciel se pare de gros nuages sombres à travers lesquels passe une lumière grise et mélancolique. Parfois, les nuages se dégagent et laissent filtrer une lumière plus chaleureuse, ce qui procure l’avantage de faire fuir les Ombres et d’attirer les animaux.
Refaire le jeu, encore et encore…
Pour exploiter pleinement le lore de NieR Replicant, vous devrez refaire le jeu ou certaines parties plusieurs fois, à la manière de Nier Automata. La première section, Ending A, est découpée en deux parties : un premier acte plus léger, et un second beaucoup plus sombre. l’Ending B, qui peut être considéré comme un new game +, nécessitera de refaire l’acte deux, mais avec des ajouts supplémentaires et notamment des informations de lore concernant les personnages secondaires.
Pour aller plus loin, vous pourrez débloquer l’Ending C si vous parvenez à vous procurer toutes les armes du jeu, puis de progresser à l’Ending D et enfin l’Ending E. Celle-ci est d’ailleurs un ajout inédit de la version de 2021 par rapport à celle de 2010.
Une vingtaine d’heures de jeu seulement sont nécessaires pour finir le jeu une première fois, mais je vous encourage fortement à aller jusqu’au bout de l’Ending E, sans quoi vous passerez à côté de toute l’étendue du lore si fascinante de Nier.
Quelques ajouts par rapport à l’original (en plus de l’Ending E) : à partir de l’Ending B, vous aurez la possibilité d’accéder à un donjon supplémentaire qui était à l’origine un DLC du Nier de 2010.
La Petite Sirène était également un segment de l’histoire exclusif au Japon, et devient dans cette nouvelle version partie intégrante de l’histoire principale. Aussi beau que mélancolique, ce segment est un ajout bienvenu que je vous laisse découvrir avec plaisir.
Un monde ouvert et son lot de quêtes
C’est aussi là qu’on voit bien qu’il s’agit d’un remaster de 2010. Le monde ouvert est finalement assez vide, et l’exploration d’une nouvelle zone est relativement limitée car il n’y a pas grand chose à découvrir en dehors des endroits où l’histoire principale vous emmène, à part quelques nouveaux points de collecte et/ou de pêche. Les quêtes secondaires sont, quant à elles, d’intérêt très variable. Que ce soit du point de vue du lore ou de la récompense, certaines enrichissent grandement l’univers tandis que d’autres peuvent être laissées de côté sans soucis ; et certaines vous apporteront beaucoup d’or ou même des armes tandis que d’autres ne vous apporteront pas grand chose.
De plus, la carte n’offre pas une navigation incroyable par rapport à d’autres jeux ou même Automata : les quêtes secondaires n’y sont pas marquées, pour commencer, et il n’existe pas de fast travel digne de ce nom (par exemple de point de sauvegarde en point de sauvegarde). Ce qui aurait été fortement utile, étant donné que la plupart des quêtes nécessiteront énormément d’aller retours entre régions. Heureusement, vous pourrez vous déplacer à dos de sanglier pour aller plus vite, ou bien de prendre le bateau à partir de l’acte deux.
Ceci dit, faire les quêtes secondaires reste quand même un très bon moyen d’obtenir de l’argent. Vous en aurez besoin si vous voulez obtenir toutes les armes et les améliorer, ce qui n’est pas du luxe au vu du système de farm capricieux de NieR. En effet, vous aurez parfois besoin de certains objets rares, que vous ne pourrez pas acheter et qu’il faudra donc arracher à des ennemis, sans doute encore et encore.
Des graphismes à tomber et une musique divine
Pour vous accompagner dans l’exploration de cet univers si particulier, les graphismes de Nier ont été grandement améliorés pour vous offrir une profondeur et une fluidité bien meilleures que dans l’original. Au risque de me répéter, le jeu des couleurs est maîtrisé à la perfection et emprunt l’univers d’une ambiance différente selon les régions. Le ciel nuageux et la luminosité grise qui en découle contribue à entretenir cette mélancolie oppressante et profonde, encore plus appuyée dans le village de l’Aire ou même au Temple Oublié. Sans parler du Manoir, qui est un endroit sombre, noir et carrément effrayant, qui joue clairement avec les codes de l’horreur et dans lequel vous ne serez pas pressé de retourner.
Les musiques, quant à elles, ont été entièrement réenregistrées et rallongée par le compositeur Keiichi Okabe et son équipe. Tantôt paisibles, tantôt angoissantes, tantôt entraînantes, elles s’intègrent parfaitement à l’univers et le subliment d’une certaine poésie. Ce sont, à mon sens, les musiques qui rendent les nombreux déplacements entre régions supportables, et même agréables parfois. On est tentés de se tenir immobile pendant des heures pour profiter plus longtemps de l’orchestre et des magnifiques voix lyriques. La chanteuse Emi Evans, qui chante dans Song of the Ancients, a écrit les paroles dans une langue fictive inspirée du japonais, de l’anglais, de l’espagnol, de l‘italien, du portugais, du français et du gaélique écossais. Une performance qui donne un rendu maîtrisé à la perfection, et qui transcende le jeu de la plus belle des manières.
Un gameplay riche et varié
Enfin, le gameplay. Il va sans dire que le gameplay est primordial pour apprécier un jeu vidéo, et ici, NieR Replicant tient son paris en gagnant en fluidité par rapport à l’original. Il existe trois types d’armes : les épées à une main, à deux mains et les lances, dont chacune se joue différemment. Le jeu met à votre disposition un menu simplifié pour changer d’arme en plein combat, ce qui vous permet d’optimiser leur utilisation, en plus de l’esquive et de la parade.
Vous maîtrisez également la magie, par le biais de Grimwald Weiss qui se tient à vos côtés en toutes circonstances. Vous pouvez débloquer plusieurs types de magie, huit en tout, tous plus variés les uns que les autres. Différentes magies sont efficaces contre différents types d’ennemis, mais ce sera à vous de sélectionner celles que vous préférez. En cela, le gameplay est fortement personnalisable.
Les Ombres que vous tuez vous donnent aléatoirement des “mots”, que vous pouvez équiper afin d’améliorer votre combat en ajoutant des effets : paralysie ou poison, augmentation de l’xp, de la garde, force, et j’en passe. Il en existe une centaine à récupérer, et vous pourrez en équiper deux sur chaque arme ou magie – heureusement, il existe une fonction “utiliser les meilleurs mots” pour éviter d’y passer trop de temps.
Comme dans NieR Automata, vous alternerez avec des phases en 2D avec des vues de profil ou du haut, avec des phases de shoot’em up, ce qui nécessitera d’adapter un peu votre manière de jouer. Le jeu flirte même avec le visual novel, à certains moments ce qui vous procurera une expérience réellement diversifiée.
Les boss sont assez différents les uns des autres, ce qui vous permet de varier votre jeu en fonction de ce qui est plus efficace : parfois du corps à corps, parfois des attaques à distance, parfois un mix des deux, etc.
En prime, les cinématiques de milieu et de fin de combat de boss sont épiques et sauront vous stimuler comme il se doit.
En conclusion, NieR Replicant ver. 1.22474487139 est un titre incontournable si vous aimez les actions RPG au lore sombre et mélancolique. Malgré quelques petits défauts, je vous conseille vivement d’y jouer si ce n’est pas déjà fait, et de découvrir une expérience qui ne vous laissera pas indemne.