Avec Shangaï Red, les éditions HiComics nous font découvrir un volet méconnu mais pourtant historique de la traite des êtres humains : le Shangaïage. Plongée dans un comics âpre, vengeur et violent…
Après la disparition de leur père, Molly, surnommée Red en raison de son épaisse chevelure rousse, et sa sœur Katie se voient contraintes de quitter leur ferme de l’Oklahoma. En compagnie de leur mère, elles migrent vers l’Oregon et vers une vie qu’elles espèrent meilleure sur les rives du Pacifique. Là-bas, pour subvenir aux besoins de sa famille, Red décide de prendre l’apparence d’un homme et s’engage dans des métiers manuels sous le pseudonyme de Jack. Malheureusement, un soir, Red se fait shangaïer, c’est-à-dire kidnapper pour servir de matelot, autant dire d’esclave, sur un navire à destination de Shangaï. Tantôt Molly et tantôt Jack, sa soif de liberté mais surtout sa soif de vengeance pourrait bien mettre Portland à feu et à sang…
Avec Shangaï Red, Christopher Sebala et Joshua Hixson (sans oublier Hassan Otsmane-Elhaou) lèvent un coin du voile sur un volet de l’esclavage relativement méconnu de ce côté de l’Atlantique. Au travers d’un récit sombre et presque suffocant, ils plongent le lecteur dans le désespoir mais aussi dans la rage de vivre (et de se venger) qui ont pu consumer les trop nombreuses victimes de cette pratique sans scrupule. Shangaï Red est un comics centré sur un personnage ambivalent, ivre de colère autant que de vengeance et prêt à toutes les extrémités pour assouvir sa soif de punir ceux qu’il juge responsables de son malheur.
Partant de là, il est donc une histoire de vengeance, ce qui est un thème assez classique dans l’univers des comics. Cependant, il ne peut être réduit à ça car en filigrane, c’est aussi à une quête d’identité que le lecteur est convié à assister. Il est en outre parfaitement orchestré, tant au travers du contexte historique dans lequel l’histoire se déroule que par la profondeur et la vulnérabilité des personnages mis en scène. Il est empreint d’une violence omniprésente qui se veut parfois presque pudique alors qu’à d’autres moments, elle s’étale en pleine page.
Par de subtiles variations dans le rythme de l’histoire, Shangaï Red ne tarde pas à accrocher son lecteur. Quant au coup de crayon, il est sombre et ne manque pas de déconcerter le lecteur avant que celui-ci, pris dans l’histoire, ne comprenne que les traits des personnages se confondent parfois avec leur propre personnalité…
Et pour conclure, tirons une fois de plus notre chapeau au travail éditorial réalisé par les éditions HiComics. L’intégrale de Shangaï Red proposée ici est en effet rehaussée d’une galerie d’illustrations et de quelques bonus touchant notamment à la genèse de l’œuvre.
Shangaï Red, un comics de Christopher Sebala, Joshua Hixson et Hassan Otsmane-Elhaou, publié aux éditions HiComics.