Critique faite à partir d’une clef fournie par l’éditeur. Jeu testé en anglais.
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Décidément, Dotemu a l’art de s’accaparer les vieilles franchises de jeux vidéo pour faire de nouveaux opus avec une présentation soignée. 5 ans après l’excellent Streets of Rage 4, la société remet le couvert en faisant une petite beauté à Ninja Gaiden avec l’aide du développeur indé The Game Kitchen (diptyque Blasphemous). Nous voici donc en face d’une collaboration franco-hispano-japonaise (rien que ça).
Mine de rien, on parle d’une franchise qui a presque 40 ans. Ayant fait ses débuts sur Arcade, on retiendra surtout l’opus NES sortit deux mois après, réputé pour sa grande difficulté et les deux jeux qui suivront. Il faudra ensuite attendre une douzaine d’années, en 2004, avant que Tomonobu Itagaki, le créateur des jeux de combat Dead or Alive et leader de la Team Ninja chez Tecmo, ramène la franchise à la vie après avoir incrusté le personnage principal des jeux Ninja Gaiden, Ryu Hayabusa, dans ses jeux d’arcade. En résulte un jeu qui a su tenir tête au Devil May Cry (même si ses ventes en deçà de celles des jeux de Capcom) en gardant le mélange éxigeant d’action et de plateforme qui a fait le succès des opus NES. La série continuera, même après qu’Itagaki soit parti en claquant la porte de Tecmo, jusqu’en 2013 où Keiji Inafune, attiré par l’envie irrépressible de ruiner une autre franchise culte de jeux vidéo, sorte son Yaiba: Ninja Gaiden Z, un beat ’em all avec des zombies et une ambiance décalée qui n’avait rien à voir avec les jeux précédents. La franchise ne s’en est pas remise, jusqu’à cette année où Koei Tecmo a annoncé que 2025 sera « L’année du Ninja » en sortant Ninja Gaiden II BLACK , une version remaniée du Ninja Gaiden II de 2008 (mais qui n’est en fait que la version PS3 en plus moche) Ninja Gaiden: Ragebound, un retour en 2D pour la franchise et enfin Ninja Gaiden 4, développé en partenariat avec PlatinumGames, société réputée pour ses jeux d’action comme la trilogie Bayonetta et qui sortira fin Octobre. Le jeu qui nous intéresse aujourd’hui est le cadet de ce projet, Ragebound.
L’histoire reste dans la pure tradition de la série: des démons sèment la pagaille sur Terre, la CIA s’en mêle et il en revient à un ninja du clan Hayabusa de mettre fin au chaos. À ceci près que nous ne jouons pas avec Ryu Hayabusa, le héros de la franchise mais un autre de ses disciples, Kenji, l’excuse étant que le Super Ninja est demandé aux États-Unis. De l’autre côté, le clan de l’Araignée Noire, ennemi juré du clan du Dragon, envoie Kumori enquêter sur une porte menant aux Enfers. Les deux ninjas se rencontreront et devront mettre leurs différents de côté pour zigouiller du démon. La caractérisation des personnages principaux ne va malheureusement jamais au-delà d’un trait de personnalité entre Kenji qui est courageux mais incroyablement niais et Kumori qui est médisante et peu patiente. On se coltine donc des ersatz de Ryu et Ayane mais sans le charme ou le talent qui vont avec.
![20250821165606_1-1024x576 [Test PC] NINJA GAIDEN: RAGEBOUND](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/08/20250821165606_1.jpg?resize=1024%2C576&ssl=1)
Un jeu d’action avec des airs de buddy movie n’est curieusement pas aussi amusant qu’on pourrait le croire.
À l’inverse des Blasphemous qui étaient des Metroidvania, Ninja Gaiden: Ragebound est un jeu d’action et de plateforme dans la veine de la trilogie NES tout en essayant d’incorporer des éléments des jeux des années 2000 qui étaient des jeux d’action à la Devil May Cry. Le joueur pourra donc sauter, s’accrocher et grimper aux murs et aux plafonds, attaquer avec leur katana (ou des kunaïs dans le cas de Kumori) et diverses armes secondaires acquises dans le jeu. Pour rendre hommage aux jeux Xbox et leurs fameuses techniques suprême qui infligeaient de gros dégâts aux ennemis et aux boss, le jeu possède une mécanique d’Hypercharge. En tuant un adversaire avec une aura bleue ou en sacrifiant volontairement un peu de son énergie vitale, le joueur pourra tuer en un seul coup tous ceux qui auront le malheur de passer sous votre lame. Cette attaque permet même d’étourdir temporairement les boss, ce qui est très pratique.
Malheureusement côté arsenal, il y a à redire. Impossible de frapper autre chose qu’avec un katana et seule les armes de poings peuvent-être changées si vous ramenez des scarabées dorés à Muramasa le forgeron. Ces scarabées peuvent être trouvés à travers les niveaux ainsi que des crânes de cristal qui, s’ils ne peuvent ramener Harrison Ford, vous donnera plutôt une réduction sur le prix des armes et des talismans que vous pouvez acheter chez Muramasa. En fouillant bien certains niveaux, vous pourrez même tomber sur un parchemin qui débloquera une « mission secrète ». Il s’agit en fait de refaire le niveau où vous avez trouvé le parchemin avec un parcours légèrement différent et une liste d’objectifs différente.
![20250819161615_1-1-1024x576 [Test PC] NINJA GAIDEN: RAGEBOUND](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/08/20250819161615_1-1.jpg?resize=1024%2C576&ssl=1)
![20250819161608_1-1024x576 [Test PC] NINJA GAIDEN: RAGEBOUND](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/08/20250819161608_1.jpg?resize=1024%2C576&ssl=1)
En utilisant ces portails, vous pourrez temporairement jouer avec Kumori pour dégager le chemin pour Kenji dans des séquences qui feront plaisir aux speedrunners (mais qui pourront certainement frustrer les joueurs plus casual de par leur exigence).
Le jeu, comme tout bon jeu d’action qui se doit, a un système de rang allant de D (le pire) jusqu’à S+ (le meilleur). Mais là où dans les jeux d’antan, avoir un meilleur rang permettait de débloquer des bonus, il n’en est rien dans ce Ninja Gaiden Ragebound. De plus, remplir les objectifs ne vous garantira pas un meilleur rang puisque le jeu prend aussi en compte le temps passé sur le niveau et le nombre d’ennemis tués. Fort heureusement, il vous est possible d’acheter et équiper des talismans qui gonflent artificiellement la difficulté du jeu mais vous garantit de monter de rang. Ainsi, avoir un S+ sur tous les niveaux devient une véritable promenade de santé. On mentionnera également la présence de phases en véhicule qui rappellent énormément Shinobi III: Return of the NInja Master sur Mega Drive. En fait, le jeu entier fait beaucoup plus penser à Shinobi qu’aux Ninja Gaiden d’antan que ce soit dans le gameplay ou le bestiaire. Cela ne me paraît pas anodin puisque Shinobi: Art of Vengeance sort en cette fin de mois et qu’il attiré beaucoup plus d’attention que le jeu de Dotemu. Une sorte de vengeance de dernière minute qui n’aide pas son cas puisque du coup, ça donne envie de relancer Shinobi III.
![20250821164857_1-1024x576 [Test PC] NINJA GAIDEN: RAGEBOUND](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/08/20250821164857_1.jpg?resize=1024%2C576&ssl=1)
Mais non, c’est différent, on est sur un jetski, par sur un surf.
Côté graphismes, c’est peut-être là que le jeu s’en tire le mieux. The Hungry Kitchen avait déjà géré avec leurs jeux Blasphemous et il n’est donc pas surprenant de voir que Ninja Gaiden: Ragebound est très beau. Les animations des personnages sont riche en détails et fluides, les décors travaillant et quelques boss qui ont de la gueule. Pour ce qui est de la bande originale, le compositeur Sergio de Prado nous sert une bande-son lourde en synthé (parce que c’est rétro, vous voyez) avec quelques influences japonaises ici et là, en plus de nous resservir deux-trois musiques des jeux NES. Inutile de dire que vous allez passer un certain temps sur les niveaux lors de votre première partie (surtout les missions secrètes) et que si les musiques sont sympathiques mais sans plus quand on les écoute comme ça, elle deviendront répétitive et agaçante au fur et à mesure de votre partie.
Enfin, les deux points noir du jeu: sa difficulté et sa durée de vie. Oui, le jeu à ses moments difficiles, rendus souvent plus agaçants par sa curieuse maniabilité et ses bugs à foison mais surtout, il se joue quasiment tout seul. Au moment où on commence à s’amuser, le jeu se termine. Vous pourrez toujours y rejouer en mode difficile mais à quelques différences près, c’est le même jeu. Vous n’avez même pas une fin cachée ou un nouveau mode à débloquer. Une fois le jeu terminé, on pourra peut-être faire les missions secrètes qu’on a laissé de côté où atteindre le rang S+ sur tous les niveaux mais à quoi bon ? On espère un futur DLC pour ajouter des missions et des challenges comme les Hurricane Pack de Ninja Gaiden (BLACK) sur Xbox même si je ne miserai pas là-dessus.
Ninja Gaiden: Ragebound a ce qu’il faut pour faire honneur à la franchise mais les bugs incessants, l’absence de personnages iconiques et sa durée de vie quasi-inexistante lui vaudra une belle place dans le placard où on le sortira peut-être une fois ou deux quand on s’ennuie. Le jeu pourrait-être amélioré avec des MàJ et la durée de vie améliorée avec des DLCs et il reste idéal pour ceux qui auraient trop peur de jouer aux vieux opus ou même aux jeux Xbox.
Ninja Gaiden Ragebound est disponible sur consoles PlayStation et Xbox, Nintendo Switch et Switch 2, Steam et Good Old Games depuis le 31 Juillet. Une édition physique sortira le 12 Septembre pour les versions PS5 et Nintendo Switch. Ninja Gaiden BLACK, Ninja Gaiden II et Ninja Gaiden 3: Razor’s Edge sont rétro-compatible avec les consoles Xbox actuelles.