Tout d’abord annoncée sous le nom de Deathmatch Club et disponible sur la plateforme d’Apple, World’s End Club nous arrive enfin sur Switch, dans une version complète cette fois-ci, puisque ce n’était que la première partie du titre qui était disponible sur iOS. Sorti de l’esprit torturé de deux habitués de jeux à tendances psychopathes que sont Kazutaka Kodaka et Kôtarô Uchikoshi, il est temps de voir ce que le fruit de leur coopération nous réserve…
Club débutant
Alors qu’une classe d’école primaire part en bus pour se rendre à la destination de leur voyage scolaire, voilà qu’une météorite vient s’abattre sur la ville au loin, le souffle rasant tout sur son passage, et le bus aussi… Nos chers élèves, qui composent le « Club des Battants » (il aurait été difficile de trouver nom plus ringard) se réveillent alors au beau milieu d’un parc aquatique, sans trop savoir comme ils sont arrivés là. Une étrange fée démoniaque, aux allures de Pokémon, du nom de Pielope, va alors nous dévoiler qu’ils sont les protagonistes d’un jeu de survie, chacun d’eux ayant un bracelet portant dessus une mission à accomplir par l’un de ses camarades… Seulement, si celui-ci apprend quelle est sa mission, il remporte les jeux tandis que les autres perdent… et meurent. S’en suivra alors tout un lot de péripétie pour finalement arriver à un climax… inutile et qui nous ramène à totalement autre chose.
Ouais… la première chose que l’on se dit quand on finit ce qui finalement n’est que le prologue du jeu : c’est quoi ce joyeux bordel ? Et même si j’avoue que j’ai eu du mal à rentrer dedans tant le tout est complètement barré, c’est paradoxalement aussi ce qui m’a donné envie de continuer… Car au monde du ouatezefeuque, on sera servis… Le jeu se voulant être un mélange de Visual Novel et de jeu de plate-forme, il est plutôt de bon ton que le scénario soit suffisamment intéressant pour que l’on veuille en voir le bout d’autant plus que la durée de vie du titre est plutôt bonne, comptez une vingtaine d’heures pour boucler tout ça.
Il n’y que MAIK qui m’aille
Seulement, deux choses gênantes vont vite poindre leur nez. Déjà, les héros ne sont autres que des gamins de dix à douze ans, tous plus clichés les uns que les autres, donnant lieu parfois à des dialogues niais au possible… Certes, les messages sous-jacents sont bons et plus profonds que l’on pourrait croire à première vue, et cela à tendance à s’améliorer au fil de la progression, mais quand même. La deuxième chose étant la relative monotonie du voyage, résultant d’un schéma ultra répétitif de plate-forme/dialogue au camp/plate-forme/dialogue au camp, etc, etc… Certes c’est le style du jeu qui veut ça, mais les phases jouables étant tellement simplistes que l’on se demande où réside leur intérêt. Certes au fur et à mesure de la progression, et des différentes créatures rencontrées, les personnages obtiendront divers pouvoirs qui viennent un peu diversifier tout ça, mais il y a assez peu de place à la réflexion… Seules les quelques énigmes ici et là ainsi que les choix à faire réussiront à relancer notre intérêt.
Aussi, on peut souligner que le jeu est traduit en français dans les textes de bout en bout, et celle-ci est franchement réussie, et plutôt adapté à nous puisque certaines références nous seront exclusives. Aussi, graphiquement le jeu se présente plutôt bien, avec des décors colorés et une direction artistique plaisante. Peut-être le character-design n’est pas du meilleur goût mais après tout, les goûts et les couleurs… A savoir que le jeu laisse également le choix entre les voix anglaises et japonaises. J’ai personnellement opté pour celles de langue de Shakespeare mais honnêtement, les dialogues et les personnages étant ce qu’ils sont, on aura régulièrement droit à une suite de voix ultra aigües suivie de voix bad-ass de l’emo du groupe, en passant par celle du nerveux de base… bref, rien de mémorable mais rien de catastrophique non plus.
En définitive, si World’s End Club n’est pas un grand jeu, qu’il est assez linéaire et que ses personnages sont assez (volontairement) stéréotypés, pour autant, il a ce quelque chose qui fait que si l’on pardonne ces différents petits écarts, on a envie d’en voir le bout. Le scénario tiré par les cheveux pèse clairement dans la balance, et je suis moi-même le premier surpris d’avoir été victime de son charme particulier. Pour autant, le style du jeu est assez à part, et risque de ne probablement pas plaire à tout le monde. Je ne conseillerais que trop d’essayer avant d’acheter, mais dans le cas où la magie opère, il y a peu de chances que vous ne le regrettiez.