Chez Conso-Mag, et avec la joyeuse complicité de Renegade Game Studios et d’Origames, on a décidé de prendre un peu d’avance sur notre Halloween ludique. Du coup, on a choisi d’incarner des vampires gourmands. Très gourmands (qui a dit trop ?). En tout cas, de ceux qui pour un petit repas supplémentaire prennent le risque d’eux-mêmes finir en barbecue. Partons à la découverte de The Hunger…
Enfin, les derniers rayons du soleil abandonnent le ciel à la nuit. Posté à la fenêtre de votre château transylvanien, vous ne boudez pas votre plaisir. Voilà des heures que vous guettez le crépuscule pour pouvoir partir assouvir cette énorme fringale qui vous tiraille l’estomac. C’est décidé, ce soir, vous faites bombance. Après tout, ne dit-on pas que quand l’appétit va tout va ? Sans doute, mais n’est-ce pas oublier un peu vite que quand l’appétit est venu, eh bien justement, on ne va plus très loin ? Alors, à vous de défier les lois de la physique digestion…
Quand « Dracula » rencontre « La Grande Bouffe »
The Hunger se présente comme un jeu de deck-building sur plateau. Dans celui-ci, chaque joueur va incarner un vampire affamé qui, à la faveur de la nuit, va s’éloigner du château central pour aller fricasser quelques humains imprudents. Au début, les joueurs disposent de decks identiques et composés uniquement de pouvoirs vampiriques. Grâce à ceux-ci, ils vont pouvoir se déplacer mais aussi chasser. En effet, à chaque tour, la combinaison des trois cartes tirées de leurs decks respectifs va leur donner un certain nombre de points qu’ils pourront répartir entre déplacement et coût de la chasse. Grâce aux points non utilisés en déplacement, les joueurs vont donc pouvoir acquérir de nouveaux pouvoirs, s’adjuger la compagnie de familiers (ours, loups et même cochons semblant tout droit sortis des enfers) et évidemment se mettre l’un ou l’autre humain sous la dent (pointue).
Ce dernier point est essentiel car dans The Hunger, les humains sont les principaux pourvoyeurs de points de victoire. Les chasser rapporte donc des points mais n’oublions pas que, humains comme vampires, nous sommes tous égaux face à la grosse bouffe (spéciale dédicace à la soirée raclette et à la choucroute du nouvel-an). Quand on a trop mangé, on se sent lourd et on est généralement moyen chaud à l’idée de taper un sprint ou une volée d’escalier. Les vampires, c’est la même chose et bien malin est celui qui parviendra à se transformer en véloce chauve-souris après avoir boulotté un gaillard de 120 kilos !
Vous l’avez compris, si les cartes humains que vous pourrez chasser vous permettront de distancer vos concurrents sur la piste des points, elles viendront aussi alourdir votre deck en vous privant de précieux points de chasse ou de déplacement dès lors qu’elles apparaîtront dans votre zone de jeu. Et qui est votre pire ennemi ? Van Helsing ? Non. Weightwatchers ? Non plus. Le soleil évidemment ! Alors, gardez à l’esprit qu’il ne faudrait surtout pas manquer d’endurance à l’approche de l’aube. Être trop loin du château à cause d’un ventre trop rempli quand les premiers rayons du soleil dissiperont les ténèbres de la nuit, c’est un aller-simple pour la spectaculaire mais létale auto-combustion !
Twilight ? Non, Twi-normal, j’ai une grande faim aujourd’hui !
Disons-le sans détour, The Hunger est un véritable coup de cœur ! Bien sûr, son thème nous a séduits, tout comme les superbes visuels des cartes mais au-delà de ça, il est un jeu subtil, équilibré et particulièrement riche. Sa mécanique principale est évidemment de savoir doser ses chasses et de disposer d’un deck puissant tout en ayant réussi à grignoter un paquet d’humains mais d’autres mécaniques viennent aussi l’enrichir.
Déjà, les vampires disposeront de tuiles missions secrètes qui leur permettront de grapiller des points supplémentaires en fin de partie ou d’effectuer une action spéciale en cours de jeu. En visitant les différentes cryptes qui jalonneront leur parcours, ils pourront obtenir des missions supplémentaires et même larguer celles dont ils auront compris qu’elles ne leur rapporteront finalement pas grand-chose. Pour tout bon vampire, c’est un point à ne pas négliger.
Ensuite, le jeu encourage à aller plus loin, toujours plus loin sur le plateau. Plus elles sont réalisées loin du château, plus les chasses d’humains sont récompensées et au bout du chemin (pour l’audacieux qui s’y aventurerait) des roses éternelles attendent même d’être cueillies. Bien sûr, tout cela attise la gourmandise mais aussi le risque de voir son destin partir en fumée (littéralement bien entendu).
Enfin, The Hunger est pétri de clins d’œil amusants. On notera par exemple que s’attaquer à un humain trop épicé vous contraindra à vous rendre à un puits pour tenter d’y éteindre votre feu gastrique. De la même façon, grignoter un humain alcoolisé vous rendra logiquement confus et pourrait bien dérégler votre boussole interne. Autant de petits détails qui aident à instaurer une ambiance légère au cœur d’un jeu pourtant délicieusement profond.
En conclusion
On le répète, The Hunger est un coup de cœur ! L’univers du jeu est envoûtant et la mécanique est aussi efficace qu’amusante. On se maudit d’avoir finalement craqué pour ce dernier quartier d’humain comme on se félicite d’une mission ou d’un animal de compagnie judicieusement choisi. Bref, on s’amuse et même énormément !
The Hunger, un jeu de Richard Garfield, illustré par Marta Ivanova, Jocelyn Millet, Semyon Proskuryakov et Alexey Bogdanov et édité par Renegade Game Studios et Origames.
Nombre de joueurs : 2 à 6
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 45 à 60 minutes