« Cette saga sur le crime organisé dans l’Amérique de l’après-guerre est racontée du point de vue de Frank Sheeran, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale devenu escroc et tueur à gages ayant travaillé aux côtés de quelques-unes des plus grandes figures du 20e siècle. Couvrant plusieurs décennies, le film relate l’un des mystères insondables de l’histoire des États-Unis : la disparition du légendaire dirigeant syndicaliste Jimmy Hoffa. Il offre également une plongée monumentale dans les arcanes de la mafia en révélant ses rouages, ses luttes internes et ses liens avec le monde politique ».
Scorsese qui revient au film de mafia, les retrouvailles avec De Niro, Joe Pesci et Al Pacino, il n’en fallait pas plus pour faire de The Irishman un morceau de cinéma très attendu. Point de suspense, le film est bien une claque, une oeuvre testamentaire de son réalisateur.
Il était une fois en Amérique
Ce film fleuve, d’une durée de 3h30, réunit un trio d’acteurs au sommet de leur art. De Niro incarne Franck Sheeran, escroc et tueur à gages qui croisera la route de Russel Bufalino (Joe Pesci), autre malfrat de l’époque, et de Jimmy Hoffa (Al Paccino) dirigeant syndicaliste corrompu. The Irishman couvre plusieurs décennies pour nous raconter l’histoire de ces malfrats afin de nous mener à l’assassinat du célèbre syndicaliste. Génie de la mise en scène, Scorsese arrive, malgré la longueur du film, à ne jamais ennuyer son spectateur ni à le perdre. Tout est fluide, passionnant, terriblement réaliste, grâce à un récit qui prend la forme d’un puzzle.
A certains égards on pourrait penser que Martin Scorsese nous refait le coup des Affranchis, ou de Casino, en nous narrant l’ascension puis la chute de mafieux. Dans les faits oui, mais dans la pratique, ce métrage se distingue clairement de ses aînés. The Irishman n’a pas la frénésie, les couleurs éclatantes, la folie des œuvres citées précédemment. Le film pose son récit plus lentement, le tout dans des couleurs sombres, mais avec toujours une violence aussi réaliste. Surtout, l’oeuvre se distingue par sa mélancolie. Au-delà de cette histoire mafieuse, Scorsese propose une réflexion sur le temps qui passe et celui qui reste avec une justesse rare, cela passe par l’ambiance, la fatigue que l’on ressent au fil du film dans la voix des personnages, la tournure que prend le récit. Thématique inédite dans la filmographie de Scorsese, le réalisateur nous parle tout simplement de la fin de vie dans un dernier acte bouleversant et regarde clairement la mort en face. Lorsque les ravages du temps on fait leur oeuvre, que reste t’il ? Telle pourrait être la question au fond de ce film. On peut d’ailleurs y voir une double lecture, avec des acteurs vieillissant, dernières légendes d’Hollywood, dans un genre qui tend à disparaître de nos écrans. Là est toute la réflexion du film. Sa diffusion hors des salles, seulement sur Netflix, est la démonstration de l’agonie du genre mafieux mais également du cinéma dans son ensemble. The Irishman est tout simplement une oeuvre lucide, un dernier tour de piste qui cloue le cercueil du film mafieux.
The Irishman sonne comme un dernier baroud d’honneur pour ces légendes du cinéma. Une oeuvre quasi testamentaire pour Scorsese qui semble signer ici son dernier film sur la mafia, un dernier hommage à ce genre qui a fait les belles heures du cinéma. Monumental, superbement interprété, terriblement réaliste, poignant, nostalgique, The Irishman est bien la claque attendue. Le maître Scorsese n’a rien perdu de son talent de conteur.