En 2013 sortait sur Channel 4, puis quelques moi plus tard sur Canal +, Utopia qui se révélait être un petit bijou de série anglaise. Un uppercut pour être plus précis ! Un climat pesant, un bande sonore magistrale et peu commune, un esthétique à couper le souffle et enfin un scénario béton. Ces aspects assemblés formaient une ambiance trash, irréelle, étouffante, malsaine et unique en son genre. Été 2014, la série était de retour pour une deuxième saison !
Qu’on se le dise, la saison 1 se clôturait sur une fin ouverte qui ne faisait pas forcément appel à une saison 2. La raison était simple : malgré un accueil très positif de la critique, les audiences en demi-teinte, la violence et la gravité de la série lassaient le distributeur. L’Office of Communication (le CSA anglais) ainsi que Channel 4 s’étaient même vu remettre des plaintes de téléspectateurs à l’encontre de la série, une fois de plus à cause de sa violence. Pour autant, une saison 2 avait été reconduite…Et c’est donc avec plaisir que je retrouvais Jessica Hyde, Wilson Wilson, Becky, Ian (Nathan Stewart-Jarret de Misfits), Grant, Michael Dugdale ainsi que nos deux tueurs macabres et ironiques Arby et Lee, sans oublier l’inquiétante et implacable Milner, un agent du MI-5.
Rassurez-vous, je vais éviter au maximum de vous parler de l’histoire car il serait difficile d’éviter les fameux spoils tant redoutés. Dans la saison 1 Ian, Becky, Grant et Wilson Wilson se retrouve en possession d’un exemplaire unique d’une bande-dessiné nommée « Utopia » contenant un redoutable secret. Ce groupe sans aucun lien se retrouve pourchassé par Network, une organisation très influente et en lien étroit avec le monde politique du Royaume-Uni. Ils vont faire la rencontre de Jessica Hyde, recherchée aussi par Network, qui va choisir de les aider. Si cette première saison se centre sur le secret que renferme « Utopia », c’est à dire l’identité de Mister Rabbit et son projet machiavélique, la saison 2, va se centrer sur un autre mystère : un détail non négligeable du projet en question.
Utopia – trailer de la première saison
Et cette saison 2 débute avec énergie. Un sublime premier épisode (dans lequel on retrouve Rose Leslie de Game of Thrones) se déroulant dans les 70’s et pour l’occasion proposé en 4/3 pour un total de 45 minutes de pur plaisir. A mes yeux, le meilleur épisode des deux saisons et surement le plus fort en matière d’émotion ! C’est violent, c’est cru, c’est terriblement bien pensé et il permet de relancer efficacement l’intrigue sur une nouvelle base. Si les épisodes 2 et 3 sont très bons, les 3 derniers baissent en qualité. Non pas qu’ils s’avèrent inintéressant sur le contenu puisqu’on y apprend des informations cruciales permettant à la saison d’avancer mais parce l’histoire est bien moins mise en valeur.
Le déroulement de la saison 1 était cohérent, limpide et offrait une montée de tension progressive au fur et à mesure des épisodes. Ici on retrouve certes ces aspects mais ils sont agencés de manière bancale, comme si son créateur Dennis Kelly s’était perdu au fur et à mesure dans son schéma narratif. J’ai eu parfois l’impression dans ces 3 derniers épisodes qu’on me balançait des informations capitales parce qu’on ne savait ni comment les utiliser à bon escient, ni où les placer dans la narration. Et de manière quasi inévitable, cela se ressent aussi dans l’ambiance. En soit, et en comparaison de la saison 1, cela s’avère être une petite (je dis bien petite) déception.
Ironie du sort et contrairement à la première saison, la saison 2 fait directement appel à une suite (son créateur envisageait même une saison 4). Hélas, faute d’audience, la série s’arrête ici… En revanche, et ce depuis un petit moment, HBO et David Fincher, que l’on a vu récemment à la réalisation de Gone Girl, prévoient d’en faire un remake. Il se peut même que David Fincher soit à la réalisation de tous les épisodes. Si je ne porte pas forcément ce réalisateur dans mon cœur, je pense tout de même qu’ Utopia, ne serait-ce pas son esthétisme, son thème morbide et sa violence collerait parfaitement à quelqu’un comme lui. C’est en tout cas ce que je lui souhaite !