Vous êtes Taylor Minde, un pilote débutant de la Bordure Extérieure. Vous êtes à présent seul, et vous enchaînez les sauts à travers des portails de distorsion, appelés des Warps, dans l’espoir de rentrer chez vous. Mais à chaque nouveau Warp, vous vous retrouvez derrière les lignes ennemies ! Il est trop tard pour battre en retraite. Quelques instants avant que vous ne soyez pulvérisé, le protocole expérimental SAUVEUR du vaisseau vous renvoie dans le temps au début du combat. La flotte ennemie est de nouveau face à vous mais vous êtes maintenant mieux armé pour y faire face… Bienvenue dans Warp’s Edge de Renegade Game Studios et Origames !
Pris la main dans le sac
On l’oublie trop souvent mais la communauté des ludistes regorge de nombreux joueurs solistes. Aujourd’hui (après plusieurs confinements), les solistes sont de plus en plus nombreux et le revendique. Et c’est une bonne chose ! Certains diront que les jeux de société sont fait pour se jouer… en société, pour autant s’attaquer à un titre en solo peut aussi être une formidable variante avec souvent à la clé de beaux défis à relever. Un mode de consommation de plus en plus grandissant, preuve en est la présence de plus en plus importante des modes solo dans les dernières sorties ludiques. Renegade Game Studios a bien compris cet état de fait, mieux encore, l’éditeur a eu l’excellente idée de développer une gamme dédiée à ce public : « Solo Hero Séries ». Initiée par le très bon Défi de la Reine, la gamme s’élargie aujourd’hui avec l’arrivée du tout aussi bon (et différent) Warp’s Edge.
Direction l’espace cette fois-ci pour un jeu de science-fiction dans lequel le joueur incarne un pilote débutant aux prises avec un terrible vaisseau mère et sa flotte. Après la mécanique de la gestion de dés dans Le Défi de la Reine, place au bag building avec Warp’s Edge ! Arrêtons nous un instant car je vous imagine déjà me demander : le bag building, c’est quoi ? C’est tout simplement le même principe qu’un deck building, sauf qu’ici les cartes sont remplacées par des jetons piochés dans un sac. Le joueur débute avec dix jetons basiques puis, au fil de la partie, il sera possible d’acheter de nouveaux jetons (plus puissants) qui viendront garnir le sac et augmenter les stratégies et possibilités pour faire face aux ennemis.
La précision étant faite, il est maintenant temps de se mettre en place car l’affrontement va bientôt débuter… Avant de partir au combat, le joueur va devoir choisir son vaisseau. Chacun a ses caractéristiques d’intégrité (bouclier) et points de vies, mais également ses jetons qui composeront le sac de base. Le joueur pioche également une carte tactique permettant de bénéficier d’une capacité bien utile. Puis, il s’agit de choisir le vaisseau mère à affronter qui, de la même manière, a ses propres caractéristiques, construction de deck et mécanique pour en venir à bout. Les choix ayant été faits – les jetons de départ mis dans le sac, le deck de cartes du vaisseau mère contenant les vaisseaux ennemis construit – il est l’heure de combattre cette terrible entité.
Comment se déroule une partie ? Un tour débute par la pioche de cinq jetons et de quatre cartes représentants les vaisseaux qui composeront la flotte ennemie. Au joueur de choisir comment répartir les jetons sur les différents vaisseaux ennemis. Chaque jeton représente, avec plusieurs niveaux de puissance, des tirs lasers pour attaquer, des manœuvres pour esquiver, ainsi que de l’énergie pour acheter de nouveaux jetons plus puissants, réparer son bouclier ou activer des compétences. S’y ajoutent des jetons spéciaux P.O.W.E.R qui ont chacun leur spécificité : cibler deux ennemis à la fois avec des tirs laser, piocher des jetons supplémentaires, renvoyer des tirs ennemis, etc. Avec seulement cinq jetons, il va falloir faire preuve de planification et de stratégie pour venir à bout des ennemis. Tout en sachant que chaque vaisseau ennemi n’a pas la même puissance de frappe ou de manœuvre pour être détruit ou esquivé. Si le joueur n’a pas la capacité de détruire un vaisseau, il peut le neutraliser en posant un jeton tir ou manœuvre sur lui et ainsi éviter ses tirs à la fin du tour. Aussi, ces jetons restent sur les vaisseaux et serviront au tour suivant pour les détruire ou les esquiver. Si le joueur arrive à détruire l’ennemi, il gagne une récompense qui prendra souvent la forme de jetons à ajouter au sac. Cette étape réalisée, c’est au tour des ennemis d’attaquer et d’amenuiser le bouclier du vaisseau de notre héro. Pour chaque dégât encaissé, un jeton doit être détruit ; ce qui peut être l’occasion d’épurer le sac de jetons de valeur faible. A la fin du tour, les jetons utilisés sont défaussés.
Combattre, mourir, recommencer, s’adapter
Les tours s’enchaînent ainsi jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de piocher cinq jetons dans le sac, notre valeureux combattant commence alors à être dépassé par les ennemis qui s’amoncèlent à l’horizon… Comment survivre alors à cette force de frappe ? Jusqu’ici la mécanique semble classique, mais c’est à ce moment précis qu’intervient le fameux Warp qui donne son nom au jeu : le twist qui lui donne toute sa force et son originalité. Puisqu’il n’est plus possible de piocher des jetons, il est temps de faire un Warp ; entendez par là un saut dans le passé. Les cartes ennemis reviennent dans le deck du vaisseau mère (oui oui même ceux détruits ou esquivés précédemment), les jetons défaussés remis dans le sac, et une nouvelle carte tactique est piochée. Nous revoilà au tout début de la bataille spatiale mais mieux armé tout en bénéficiant d’une meilleure connaissance de l’ennemi. Au joueur alors d’adapter sa stratégie et de tirer profit de ses jetons acquis durement lors de la précédente bataille pour venir à bout de la flotte ennemie. Mais attention, selon le vaisseau mère, le nombre de Warps varie et n’est pas illimité. Il s’agit donc d’être rapide et efficace pour venir à bout de ce terrible ennemie, mais comment ? Chaque vaisseau mère a ses particularités : pour l’un, il s’agira d’épuiser entièrement le deck ennemi afin de pouvoir lui infliger des dégâts et le détruire, quand un autre pourra voir ses sections attaquées à tout moment (mais pourra également faire des dégâts au joueur), etc. Des conditions de victoire qui varient donc. A l’inverse, la défaite intervient si le jouer a épuisé les possibilités de Warps ou si son vaisseau est détruit.
Try again (and again)
Les amateurs de jeux solo devraient trouver leur compte avec Warp’s Edge qui, si la mécanique et le thème sont classiques, dispose d’un bel atout avec l’idée des Warps. Un jeu efficace, nerveux, tendu, immersif, qui propose une belle courbe de progression grâce à une difficulté qui va crescendo suivant les vaisseaux mère affrontés. La mécanique du Bag Building est formidablement utilisée ici et implique le joueur à chaque instant avec des choix cornéliens. Le concept est simple – répartir des jetons – mais ardu ; il ne sera pas rare de voir le joueur s’acharner pour remporter la partie face à certains vaisseaux mère. A cela s’ajoute une belle rejouabilité permise par la variété des caractéristiques des vaisseaux mères et personnels qui chamboulent la mise en place, par le hasard de la pioche des cartes et des jetons sélectionnés pour la partie. En bref, aucune partie ne ressemblera à la précédente ! Et pour aller encore un peu plus loin, il existe un livret « narratif » façon « Livre dont vous êtes le héro » qui permet de s’immerger dans l’univers de Warp’s Edge et de faire des choix qui auront des conséquences sur la mise en place de la partie. Notons également le travail d’édition soigné (thermoformage exemplaire) et bien pensé, avec une mention spéciale pour les présentoirs à jetons bien pratiques pour trier et récupérer des jetons au cours de la partie, mais également pour ranger le matériel. Un gain de temps considérable grâce à cette excellente idée !
Vous l’aurez compris, le voyage dans l’espace s’est très bien déroulé pour nous (malgré de nombreuses défaites) et, si le jeu en solo vous intéresse, nous ne pouvons que vous conseiller de vous essayer à Warp’s Edge. Rapide à mettre en place, facile à jouer, presque addictif, le jeu est un beau challenge à relever et une formidable expérience solo à petit prix !
Warp’s Edge, un jeu de Scott Almes, illustré par Tyler Johnson et édité par Renegade Game Studios et Origames.
Nombre de joueurs : 1
Âge : à partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 30mn à 1h