Après nous avoir conviés à la table ronde du Roi Arthur, Atalia nous emmène désormais en Amérique du Nord et plus précisément dans la région des Grands Lacs en pleine guerre de sept ans (c’est-à-dire au milieu du XVIIIème siècle même si nous sommes sûrs que vous le saviez). Compte-rendu de notre voyage ludique auprès des natifs américains.
Avant tout, Wendake est un jeu qui déconstruit tous les clichés que notre société de divertissement véhicule autour des indiens. Ici, pas de cow-boys haineux, de chasses au bison, de tipis traditionnels ou de scalpations sanglantes. Certes, tout ça a bien existé mais ne constitue en réalité qu’une petite partie de ce qu’était le continent amérindien lorsque les colons européens ont décidé qu’ils y seraient plus à leur place que les tribus traditionnelles qui y vivaient depuis des temps immémoriaux. C’est donc dans un univers un peu différent que nous entraîne Wendake puisqu’il nous plonge dans le quotidien des tribus qui s’étaient établies autour des grands lacs comme les Hurons, les Iroquois, les Shawnees et beaucoup d’autres. Principalement sédentaires, ces tribus vivaient dans de grandes huttes et les hommes y chassaient avant tout le castor et en tannaient la peau alors que les femmes cultivaient des haricots, du maïs et des citrouilles. Le but n’est donc pas de croquer du cow-boy mais plutôt de respecter les traditions et les rituels des anciens, de réussir à faire du commerce avec les « visages pâles » sans choper la variole et évidemment de faire prospérer sa tribu tout en évitant que celles des autres joueurs ne prospèrent plus que la vôtre (en réalisant quelques raids dans leurs champs de haricots par exemple).
Il est donc possible de jouer aux indiens même s’il n’y a pas de cow-boys ?
Et bien oui, et c’est là tout l’intérêt du jeu. Wendake est un jeu de gestion bien plus que d’affrontement et, dans cette catégorie, il tire magistralement son épingle du jeu. Son auteur, Danilo Sabia, y a implémenté des mécaniques particulières qui permettent à Wendake de dépasser allègrement le simple combo ‘pose d’ouvriers – récolte de ressources’. La première originalité du jeu est que chaque joueur dispose d’un petit plateau personnel sur lequel vont figurer les neuf actions qui sont à sa disposition. Lors de chaque manche, il pourra en sélectionner trois pour autant que celles-ci soient alignées mais devra ensuite les retourner sur leur verso et donc les convertir en action de rituel. On vous laisse déjà imaginer le délicieux casse-tête pour choisir ses actions et l’ordre dans lequel on va les réaliser. La seconde originalité est que le jeu dispose de quatre pistes de score différentes qui sont, en début de partie, associées aléatoirement deux par deux. Pour chaque paire, on ne retiendra que le résultat le plus faible de chaque joueur et cette subtilité va donc obliger tous les chefs de tribu à ne négliger aucun aspect du jeu. C’est sincèrement très malin et très intelligemment mis en place.
Au-delà de ces deux mécaniques originales, c’est la diversité qui demeure un des points forts de Wendake. Il vous faudra certes envoyer vos chasseurs et vos cueilleuses pour procéder à des récoltes et ainsi marquer des points sur la piste économie (après tout, cela reste un jeu de gestion) mais ce ne sera pas plus important que la cérémonie des masques lors de laquelle vous devrez poser des combinaisons de cartes, le rituel des anciens qui nécessitera un maximum de natifs dans votre village ou l’action guerre qui s’attachera à vérifier votre déploiement sur le plateau de jeu. Si on ajoute à cela les tuiles tortues à récolter, les tuiles actions avancées à récupérer et les actions ‘one shot’ à acheter, on obtient un jeu extrêmement complet sans être complexe et surtout doté d’une excellente rejouabilité.
En conclusion, Wendake mérite des louanges sur la mécanique et la profondeur du jeu mais également sur la thématique et l’univers graphique proposé. La boîte déborde littéralement de matériel qui, sans être irréprochable, demeure de bonne qualité. Une très jolie découverte !
Wendake, un jeu Placentia Games et édité par Atalia
Âge : à partir de 14 ans
Nombre de joueurs : 2 à 4
Durée moyenne d’une partie : 2 heures
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