Chaque année, les oiseaux de la Méditerranée migrent vers Zerzura. La mythique oasis qui accueille, sur son sable chaud, un marché où s’échangent des objets fantastiques. Dans ce désert infini, les marchands s’y retrouvent dans l’espoir d’en ramener des merveilles pour leurs clients et mécènes. Certains objets apporteront gloire et fortune, quand d’autres réserveront leur lot de surprises. Dans ce lieu aux milles saveurs et couleurs d’Orient, qui sera le plus habile des marchands de Zerzura ? Nous avons, grâce à Bragelonne, réservé notre billet pour aller découvrir l’oasis des merveilles !
Je t’échange ma lampe magique contre tes épices
Zerzura – l’oasis des merveilles fait partie de ces jeux rapidement expliqués, vite joués. En quelques pages de règles, lisibles et précises, tout est compris. Il ne reste plus qu’à installer le jeu et à se lancer dans les affres du commerce. Un plateau joueur par personne et son oiseau de la couleur associée, une rivière de cartes objets et quelques tuiles objectifs ; la partie peut commencer.
Le jeu est simple, restons dans la même veine pour l’expliquer. Zerzura est ce que l’on nomme un jeu de collection. Au cours de la partie, les joueurs acquièrent des objets qui, selon leur type et leur nombre, vont apporter des points de victoire ou en faire perdre en fin de partie. En effet, c’est là toute l’originalité de Zerzura, pour chaque catégorie d’objet les valeurs de points de victoire varient. Par exemple, un joueur qui possède une lampe gagne sept points, s’il en possède quatre il ne gagne qu’un point, mais s’il en possède au moins six il a la possibilité de marquer au minimum neuf points. Pour l’objet bague, quatre ou cinq possessions font marquer huit, tandis qu’en avoir deux ou trois ne fait marquer aucun point. Et ainsi de suite pour chaque type de bien.
Pendant la partie, les commerçants jouent à tour de rôle en débutant par le joueur possédant la tuile « dromadaire ». Un tour se déroule de manière assez classique, chaque joueur devant réaliser une des trois actions disponibles. Il est possible de prendre une carte du marché pour la placer face visible devant le plateau du joueur, ce dernier doit alors poser son oiseau dessus. Précisions que le plateau ne sert (en mode facile) qu’à tenir le compte des possessions d’objets au fil de la partie. La seconde action possible permet d’échanger une carte avec un adversaire, à la condition que ces cartes soient face visible et ne comportent pas d’oiseau posé dessus. Lorsque l’échange est fait, les joueurs posent leur oiseau sur leur nouvelle carte et déplacent leurs cubes marchandises en conséquence sur leur plateau. Enfin, la troisième action a pour intérêt de mettre une ou deux cartes, sans oiseau dessus, dans leur réserve de manière à « sauvegarder » leurs biens. De ce fait, les adversaire ne pourront plus venir les chaparder. Lorsque cette action est effectuée, le joueur peut poser son oiseau sur la tuile dromadaire à la condition qu’elle soit vide. Il devient alors le premier joueur.
Nous avons parlé jusqu’ici de marchandises. Mais parmi ces cartes, se cachent également des personnages (Mage, Sultan et Sultane, Garde) qui, s’ils n’ont pas d’effet immédiat, permettent de marquer des points en fin de partie si leurs conditions sont remplies. Par exemple, marquer trois points par lot de deux bagues, ou marquer un point par carte personnage possédée, tandis que le garde a la fonctionnalité d’un atout en permettant d’augmenter ou de diminuer la quantité totale d’un type de marchandise. Enfin, au cours de la partie, les joueurs peuvent récupérer des tuiles « commande » (d’une valeur de trois points de bonus) à la condition de remplir les objectif énoncés sur celles-ci ; posséder 12 cartes, posséder tant d’objets de tel ou tel type, etc.
A la fin de la manche, les cartes restantes du marché sont défaussées, de nouvelles cartes sont mises en jeu, et le joueur ayant son oiseau posé sur la tuile dromadaire débute la prochaine manche. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la pioche soit épuisée, ce qui sonne la fin de la récrée ensablée. Il est alors temps de compter les points selon la quantité d’objets collectés et d’y ajouter les bonus de personnages et de tuiles commande. C’est aussi simple que ça.
Et on fait tourner les objets…
Au premier abord, la mécanique de Zerzura semble extrêmement classique et simpliste. Pourtant, après seulement quelques tours, l’originalité de la mécanique se fait ressentir. Le jeu devient plus profond et stratégique qu’il pourrait le paraître, et la guerre fait rage entre les joueurs à coups de « je te pique ta carte », « je te reprend celle-ci ». Grâce aux valeurs de scoring variables suivant le type d’objet, la réflexion devient assez poussée puisqu’il faut à la fois réfléchir à ce qui nous arrange lorsque l’on prend ou échange une carte, mais peut également désavantager les adversaires. Aussi, il ne sera pas question de collectionner le plus d’objets possible mais d’en avoir tout pile le nombre attendu pour marquer le plus de points. Tout en prêtant attention de remplir les objectifs fixés par les personnages. Il s’agira aussi de juger le moment opportun pour mettre des cartes en réserve, ou ne pas laisser à découvert (sans oiseau) une carte que l’on ne veut absolument pas se faire prendre.
En bref, sous son côté très accessible (vite compris, vite joué) avec ses trois petites actions, Zerzura cache une vraie tacticité où il faudra bien placer le curseur entre prendre des risques et jouer la sécurité. Néanmoins, de par sa fluidité, son accessibilité et son interaction, le jeu s’adresse à tout type de joueur ; familial comme plus expert. Idéal pour débuter une soirée ludique et mettre l’ambiance autour de la table.
Ajoutons à cela une qualité d’édition irréprochable avec un matériel qualitatif (ni trop ni pas assez), des règles limpides (et bien adaptées pour deux joueurs), et un travail d’illustration joliment rafraîchissant. Certes, on pourra regretter que le thème ne soit pas plus présent pour se croire en plein marché oriental, mais la force de Zerzura reste avant tout sa mécanique diablement efficace. Et c’est surtout à cela que l’on juge un bon jeu. Une belle expérience, pimentée comme il faut, que nous vous conseillons. Alors, prendrez-vous un billet pour l’oasis des merveilles ?
Zerzua, un jeu de Romaric Galonnier, illustré par Sébastien Caiveau édité par Bragelonne.
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 1h à 1h30