Nous connaissions le François Bachelart auteur de jeux (on lui doit notamment le très fun La Petite Mort) mais voilà désormais le François Bachelart éditeur ! En effet, pour son tout nouveau bébé ludique, Aetherya, il a choisi de créer sa propre structure, Nostromo Editions. Et comme chez Conso-Mag, nous ne sommes jamais contre un petit vent de fraîcheur, nous nous sommes plongés dans les légendes d’Aetherya…
Aetherya parle d’un Royaume à la paix fragile et où se côtoient humains, nains, elfes et gobelins. Doté de champs fertiles, de forêts touffues, de montagnes escarpées et de marais repoussants, le territoire offre pourtant l’espace dont chacun rêve mais le bon voisinage n’est malheureusement pas un talent partagé par tous, et ce d’autant plus quand un portail magique y crée d’inattendues rencontres ou quand un dragon non-domestiqué vient y semer la pagaille…
Un mariage royaume harmonieux nécessite un plan de table territoire bien établi !
Dans Aetherya, chaque joueur va disposer d’un royaume constitué de seize cartes (et disposées selon un schéma classique en 4×4). Seules les quatre cartes centrales sont révélées à l’entame de la partie et au fur et à mesure des tours, les joueurs piocheront des cartes dans la pile centrale ou dans la défausse pour remplacer les cartes de leur royaume. Leur but : constituer un territoire dont on pourra louer l’harmonie et au sein duquel chaque peuple pourra entrer en communion avec son type d’habitat de prédilection. Ah et aussi un peu écrire sa légende
Bon, si l’on devait tenter une comparaison osée (et un peu foireuse, avouons-le), nous pourrions rapprocher Aetherya de l’épreuve à la fois tant redoutée mais aussi terriblement amusante à laquelle doivent se confronter tous les jeunes couples en passe de se passer la bague au doigt : le plan de table ! Ben oui, vous savez, quand il faut au moins deux tables d’écart entre les belles-mères, qu’il faut garder à l’esprit que le cousin Freddy a un jour eu une aventure avec une des demoiselles d’honneur, qu’il faut tenir tonton Gérard à distance raisonnable du bar tout en rapprochant mamie des toilettes ? Eh bien dans Aetherya, c’est la même chose (bon ok, pas vraiment mais il y a un lien)…
Dans votre royaume, vous disposerez en effet de cartes Peuple et de cartes Lieu mais attention, toutes les cartes ne sont pas compatibles entre elles. Si vous ne voulez pas perdre (trop) de points, il vous faudra donc rapprocher celles qui le sont tout en cherchant à éloigner celles qui ne le sont pas. A titre d’exemple, les elfes n’aiment pas les nains (qui le leur rendent bien) et les gobelins n’aiment personne (mais bon, personne ne les aime donc comment les en blâmer ?). Ces peuples, s’ils sont voisins, seront générateurs de conflits, ce qui, comme chacun sait, n’est pas très bon pour l’harmonie. De la même façon, chaque peuple aura son habitat de prédilection et les nains vous rapporteront plus de points s’ils jouxtent une montagne alors que les humains vous en feront perdre s’ils sont proches d’un marais (dans lequel les gobelins aimeront en revanche se vautrer). Ça y est ? Vous commencez à imaginer le joyeux casse-tête ?
Prendre une carte, retourner une carte, maudire sa malchance…
Dans Aetherya, on prend donc une carte et on en remplace une dans son espace. C’est simple, fluide et terriblement addictif. On se creuse les méninges pour rendre le tout harmonieux et on surveille ses adversaires dans l’espoir qu’ils défaussent LE type de carte qui pourrait générer un solide combo dans notre royaume. Mais ce n’est évidemment pas tout. Déjà, il y a des cartes Portail qui viendront connecter des cartes non-adjacentes là où vous ne l’aurez pas venu venir (ou au contraire, là où vous l’aurez subtilement décidé) de même que des cartes Dragon qui, si elles ne sont pas bien entourées, généreront un certain chaos dans votre décompte final.
Ensuite, il y a des cartes Légende que les joueurs récupéreront dès qu’ils en rempliront les conditions (trois forêts connectées, une carte de chaque peuple, etc.). D’ailleurs, pour les amateurs de jeux plus narratifs, chaque carte Légende est liée à un événement qui se serait déroulé dans le royaume d’Aetherya. Ceux-ci sont répertoriés sur le site web des Editions Nostromo et si leurs détails narratifs ne changent rien à la partie, ils en renforcent le caractère thématique.
Enfin, dans un souci de rendre son jeu à la fois complet mais aussi doté d’une belle rejouabilité, François Bachelart a imaginé un mode solo, un mode coopératif et un module spécial qui fera intervenir des tuiles Objets et Personnages dans la partie. En plus d’aménager leur royaume, les joueurs pourront donc tenter de collecter des pierres de puissance, d’utiliser le marteau divin et même d’acheter (ou de piquer) des tuiles à leurs adversaires…
En conclusion
Aetherya dispose d’une mécanique simple, bien huilée et ultra-addictive. Très vite, on se prend au jeu, on espère la bonne carte, on se résout à accepter certains conflits inévitables et surtout, on s’amuse (vite et bien). En dépit du hasard généré par la pioche de cartes, il se révèle un agréable casse-tête au bon goût de « reviens-y ». Il est d’ailleurs encore meilleur grâce au module que l’on peut ajouter aux règles de base ainsi que grâce à ses versions solo et coopérative. Pour un premier jeu estampillé Nostromo Editions, c’est une mention très bien, rien de moins.
Aetherya, un jeu de François Bachelart, illustré par Gemma Rakotomalala et Lucie Mercier, édité par Nostromo Editions et distribué par Atalia.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 20 minutes