Parmi les très bons jeux sortis de l’esprit fertile de Paolo Mori, on trouve notamment Libertalia, Pandemic : la Chute de Rome mais aussi Ethnos, un jeu de conquête de royaumes qui avait rencontré un joli succès à son époque. Sous l’impulsion de Space Cowboys, ce dernier a subi une refonte complète. Exit donc l’univers médiéval et fantastique au profit d’une course aux expéditions archéologiques. On applaudit des deux artefacts pour Archeos Society !
Vu de l’extérieur, le monde de l’archéologie semble feutré quand on y manie le pinceau et mondain lors des vernissages des grandes expositions. Mais en réalité, il cache un univers férocement compétitif. Chaque expédition doit être meilleure que ses concurrentes et aller plus loin que ses prédécesseures. En votre qualité de conservateur, vous gardez cette réalité à l’esprit car c’est à vous qu’il revient de choisir les spécialistes qui seront envoyés aux quatre coins de globe. Et vous ne voulez pas vous contenter d’une bonne équipe, il vous faut la meilleure, rien de moins.
Beau comme le Machu Picchu au coucher du soleil…
Avant d’entrer dans les détails d’Archeos Society, arrêtons-nous quelques instants sur l’élément qui saute aux yeux dès que l’on aperçoit la boîte sur l’étal de sa boutique puis, mieux, quand on l’ouvre et en découvre le contenu : son esthétique léchée. Bien sûr, c’est très subjectif mais de notre point de vue, et surtout si on le compare à Ethnos, le jeu est particulièrement beau. Il plonge immédiatement les joueurs dans l’univers de l’archéologie et à la seule (et très marginale) exception de la piste des scores qui aurait peut-être mérité d’être un peu plus épaisse, son matériel est irréprochable et donne tout de suite envie de le manipuler.

L’expédition sera conduite par la linguiste qui sera secondée par la pilote. Les étudiants, contentez-vous d’être là.
Archeos Society est en quelques sortes l’archétype du jeu simple d’accès mais très subtil dans son fonctionnement. En effet, il y a sur la table six sites d’expédition et en jouant des cartes de leur main, les joueurs vont monter sur les pistes de score de chacun d’eux. A son tour, on peut soit prendre une carte (de la pioche ou de la rivière) soit poser une expédition devant soi. Pour cette seconde option, quelques contraintes sont de mise, les cartes doivent être de la même couleur ou avoir un rôle identique (uniquement des botanistes même s’ils sont de couleurs différentes par exemple).
Si l’expédition est composée du nombre de cartes requis, le joueur peut avancer son pion d’une case sur le site de fouille correspondant. Et c’est aussi simple que ça ! Oui sauf que non. C’est en effet aussi simple que ça mais nous l’avons dit, c’est aussi diablement subtil. Et pour cause, la carte que vous choisirez de poser au-dessus de votre expédition sera considérée comme étant votre chef de mission et déclenchera sa capacité spéciale. Là où le médecin vous autorisera à conserver des cartes en main (au lieu de toutes les défausser après avoir conduit une expédition), la conservatrice vous permettra de gagner de précieux artefacts. Là où la pilote vous offrira la possibilité d’avancer sur une piste d’une autre couleur que celle de votre expédition, le mécène vous permettra de reconstituer plus vite votre main de cartes. Bref, chaque rôle, il y en a douze au total, se montrera capable d’avoir un impact réel sur votre jeu pour autant que vous fassiez les choix judicieux…



Plus d’expéditions, plus de points, c’est (archéo)logique !
Voilà pour l’essentiel de la mécanique. Au niveau du ressenti, disons-le sans ambages, Archeos Society nous a laissé une excellente impression. Son rythme est soutenu, les tours s’enchainent avec fluidité et le petit frisson de voir arriver inopinément la fin de la saison (comprenez de la manche) avant d’avoir pu poser son ultime expédition est bien présent. Mais un autre de ses points forts (et peut-être le principal) est sa diversité. Archeos Society propose six sites de fouille mais à chaque partie, un seul d’entre eux offrira une capacité spéciale aux joueurs qui y enverront des expéditions. Voilà déjà de quoi changer un peu la configuration du jeu.
Cela dit, la principale source de diversité dans le jeu est évidemment les rôles/métiers des cartes. Nous l’avons dit, il en existe douze différents mais à chaque partie, vous ne jouerez qu’avec six d’entre eux. Les sets de cartes sont donc modulables à l’envi et si certains se combinent entre eux mieux que d’autres, il n’y a rien d’interdit dans l’univers de l’archéo-ludicologie ! Bref, Archeos Society est une excellente surprise et est un jeu qui sortira facilement de la ludothèque sans qu’on s’en lasse facilement pour autant !

Archeos Society, un jeu de Paolo Mori, illustré par John McCambridge et édité par Space Cowboys.
Nombre de joueurs : 2 à 6
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 60 minutes