Libertalia est un jeu de pirates (on s’en doutait) sorti en 2012 sous l’égide de l’ancien éditeur Marabunta. Dix ans plus tard, c’est Stonemaier Games (Matagot pour la version française) qui reprend la barre pour lui donner un sacré coup de vent (et de jeune) dans les voiles. Voilà le Libertalia nouveau, désormais appelé Libertalia : les Vents de Galecrest…

L’adage voulant qu’un pirate doit avoir le pied marin est définitivement passé de mode. Délaissant les embruns et les flots houleux, c’est sur les nuages et au gré de vents favorables que vous avez choisi de conduire votre équipage. Pour autant, dans votre esprit de forban, abandonner la mer n’a jamais signifié abandonner la piraterie ! Au contraire, plus avide de trésors que jamais, vous vous êtes doté d’un équipage volant élargi (et toujours plus fourbe) dans l’espoir de glaner la meilleure part du butin sur les différentes îles que vous (sur)volerez…

Voler pour mieux voler…

Bien sûr, Libertalia a conservé l’essence de l’excellent jeu qu’il a été. A la tête d’équipages identiques, il sera donc toujours question pour les joueurs de jouer des cartes de leur main pour tenter de glaner les butins les plus rentables. Concrètement, au début de chaque voyage (comprenez manche), six cartes sont tirées au hasard parmi les quarante disponibles et il s’agira de celles, les même pour tous, avec lesquelles les joueurs devront jouer. Certaines cartes disposent d’un effet « jour », d’autres d’un effet « crépuscule » et d’autres encore d’un effet « nuit » (ou d’un mélange des trois). Chacune est aussi munie d’un numéro et une fois que chaque joueur a choisi une carte de sa main, celles-ci sont triées et installées sur le plateau. On applique alors l’effet « jour » en suivant l’ordre croissant puis l’effet crépuscule (et le choix d’un jeton butin) en suivant l’ordre décroissant avant d’éventuellement passer aux effets de nuit.

Libertalia : Les Vents de Galecrest est donc un jeu de choix (souvent pas évidents). Il faut en effet trouver la meilleure manière de maximiser l’effet de ses différentes cartes non seulement en les jouant au moment opportun mais aussi en anticipant les choix de jeu de ses adversaires. De plus, lors d’un même voyage, les tuiles butins des différentes journées (comprenez des différents tours) sont parfaitement visibles et c’est donc quelques coups à l’avance qu’il vous faudra calculer si vous voulez engranger un maximum de coffres (ou à tout le moins éviter les idoles maudites)…

Un jeu de forbans qui est fort bien !

C’est le moins que l’on puisse dire. Parfaitement équilibré, Libertalia : les Vents de Galecrest brille par la simplicité de ses règles autant que par la profondeur de son système de jeu. Les différentes cartes regorgent d’effets divers et il ne faut pas plus de quelques tours pour comprendre le très joli potentiel combo que certaines d’entre elles peuvent présenter.

De même, il séduit aussi par sa grande rejouabilité. Il faut comprendre par-là que sur les quarante cartes disponibles, les joueurs n’en auront au final que dix-huit entre les mains à chaque partie (et évidemment jamais les mêmes). Cela crée des parties très différentes selon le tirage au sort qui survient avant chaque manche. Toujours dans la même veine, le plateau de jeu est recto-verso et si sur l’une des deux faces les effets des tuiles butin sont assez simples et peu retors, ceux présents sur l’autre sont beaucoup plus complexes et sournois. Le petit plus, il est même possible de jouer avec un mélange des deux types d’effets…

Un troisième atout de Libertalia : les Vents de Galecrest est à notre sens l’interaction qu’il engendre entre les joueurs. Ici, pas question de jouer au pirate dans son coin sans lever la tête de son canon. Souvent, les effets des cartes auront un impact sur les autres joueurs et quand il ne s’agira pas de ça, comptez sur la tuile sabre pour venir briser des amitiés. En ce sens, Libertalia n’est pas simplement un jeu où l’on tente de réaliser les meilleurs combos, il est aussi un jeu où l’on tente d’en priver ses adversaires en leur tirant dans les jambes de bois ou en leur plantant un bon vieux crochet dans le dos…

Des pirates modernes ? Oui, mais des pirates quand même !

Pourtant habitué à produire des jeux à l’esthétique irréprochable, l’éditeur Stonemaier Games ne s’en est pas moins attiré les foudres de quelques joueurs quand il a révélé les premiers visuels de ce Libertalia : les Vents de Galecrest. D’aucuns (sans doute habitués au jeu original) ont en effet craint une prise de liberté trop grande avec l’imaginaire collectif lié au thème de la piraterie. A nos yeux, il n’en est rien. Certes, la façon de mettre en scène la piraterie est résolument plus moderne et plus design (exit par exemple le capitaine ventru à la longue barbe noire ou le cuistot à l’air sanguinaire). Les illustrations sont épurées et le thème résolument plus animalier. Pour autant, tous les codes classiques de la piraterie sont respectés. Il y a des sabres, des cartes au trésor, des membres d’équipage, des pillages et bien sûr, de la crapulerie. Bref, à nos yeux, il s’agit d’un faux débat. Le jeu est superbe (et le matériel incroyable).

De plus, en choisissant de rééditer Libertalia, Stonemaier Games ne s’est pas contenté d’en moderniser le design. Il a aussi choisi d’en peaufiner la mécanique et de l’approfondir en le dotant de dix nouvelles cartes (40 contre 30 dans le jeu original), d’un mode deux joueurs et d’un mode solo très réussi. Un système de réputation a également vu le jour, permettant de briser les égalités de façon plus fluide et plus naturelle.

En conclusion

Libertalia : les Vents de Galecrest n’est pas une simple réédition de Libertalia. Il en est une version améliorée qui saura facilement séduire des cohortes de nouveaux joueurs. Nous avons particulièrement apprécié son univers épuré et accrocheur, ses règles aussi simples que sa rejouabilité est grande et bien sûr, sa mécanique d’une redoutable efficacité !

Libertalia : les Vents de Galecrest, un jeu de Paolo Mori, illustré par Lamaro Smith, édité par Stonmaier Games pour la version originale et par Matagot pour la version française.

Nombre de joueurs : 1 à 6

Âge : dès 14 ans

Durée moyenne d’une partie : 45 à 60 minutes

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