Black Mirror revient, pour notre plus grande joie, quatre ans après la dernière saison ! Voici quelques réflexions sur chaque épisode, sans spoilers.
Episode 1 : Joan Is Awful

Dans ce premier épisode, nous suivons l’histoire de Joan, une femme à la vie ordinaire qui aimerait être le personnage principal de sa vie. C’est alors qu’elle assiste avec effroi à sa propre vie projetée sur la plateforme Streamberry.
Streamberry est l’alter-ego de Netflix : elle est l’autocritique de la plateforme, qui a le pouvoir d’utiliser l’image de tous les abonnés grâce aux termes et conditions. Comme dans la vie de tous les jours, les choses les plus abjectes peuvent être écrites et tout le monde les accepte sans les lire. Il y a également un questionnement sur le divertissement en lui-même, qui utilise la négativité pour faire plus de vues (d’où le nom « awful » dans le titre de la série de Streamberry). Cet épisode est une mise en abîme constante sur l’utilisation de nos données et de notre vie qui est constamment observée et écoutée par l’intermédiaire de notre téléphone…
Episode 2 : Loch Henry

Pourquoi les séries true crimes sont aussi populaires ? Quelle est la limite entre la mort et le divertissement ? Encore une fois, la plateforme Netflix s’autocritique, elle qui est connue pour diffuser beaucoup de contenus autour de ce thème.
Alors qu’un tueur en série a sévi dans une petite ville d’Ecosse dans les années 90, deux étudiants décident d’en faire un documentaire trente ans plus tard. Et, comme il est très courant de nos jours, l’atrocité des crimes est transformée en simple divertissement. Dans l’intrigue, depuis le fait divers, les touristes ont déserté ; et si faire un documentaire true crime pouvait les faire revenir en nombre ? Le spectateur de Black Mirror se retrouve à la même place que ce que le couple veut montrer : on veut savoir la suite de leurs découvertes, à leurs risques et périls. C’est un portrait macabre que dresse cet épisode, loin de toute avancée technologique.
Episode 3 : Beyond The Sea

Cet épisode relie les technologies (très) avancées et futuristes avec une époque plus ancienne et ancrée dans la réalité. Il relie la Terre et l’espace, qui n’ont jamais été aussi proches l’un de l’autre. Les deux protagonistes sont élevés au rang de héros, à la fois faits de chair et de mécanique. Tout bascule lorsqu’il n’y a plus qu’un mécanisme pour revenir sur Terre, et la gentillesse n’est pas toujours récompensée…
La famille prend une place importante dans l’intrigue : elle est le point de départ de l’action autant que son arrivée. La femme de Cliff doit gérer la différence psychologique entre les deux hommes, puisqu’elle a accès au même visage. Les apparences se mélangent, sauf celles entre la Terre et l’espace ; la première apparaît comme un rêve face à l’obscurité du vaisseau spatial.
Episode 4 : Mazey Day

Mazey Day présente Bo, une paparazzi prenant en photo l’adultère d’un acteur. Alors que l’homme la remarque, Bo s’enfuit et il lui crie « f*cking animal ! ». Les rôles s’inversent puisque, de coutume, ce sont les célébrités qui sont traitées comme des animaux par les paparazzis. Cette remarque n’est d’ailleurs pas anodine dans la suite de l’histoire…
L’épisode dure quarante minutes, donc moins longtemps que les autres, mais montre une nouvelle fois l’être humain déshumanisé à cause de l’argent. Par ailleurs, l’épisode fait un joli clin d’œil à la saga Twilight : le mythe s’associe à la réalité pour créer un ensemble dérangeant et fantasmé. Le récit est saupoudré d’une atmosphère sombre et brumeuse, qui s’associe autant à la nuit dangereuse qu’aux actions macabres des paparazzis. Jusqu’où sont-ils prêts à aller pour capturer l’image la plus choquante ?
Episode 5 : Demon 79

Nida vit une vie morne et tranquille, jusqu’au jour où elle se trouve en possession d’un talisman qui lui transmet l’ordre suivant : elle doit tuer trois personnes en trois jours, sans quoi l’apocalypse tuera tous les êtres humains.
On pourrait croire que Demon 79 est un film et non un épisode de série. Il en est de même dans chaque épisode, mais cet effet est particulièrement présent dans celui-ci, et ce dès le début. Le récit commence par un générique vintage et une musique sensationnaliste, propre aux films d’horreur des années 70.
L’épisode mêle habilement humour, tension et horreur. Les musiques sont angoissantes, les plans en travelling avant apportent du mystère et les grands yeux fixes de Nida accentuent le malaise de certaines scènes qui s’étirent dans le temps. Sa progression psychologique est d’ailleurs intéressante car intrépide, et les personnages se complaisent dans l’esthétique jaunie des décors. Les années 1970 sont bel et bien représentées.