Si la République Populaire de Chine s’est démarquée à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale grâce à une économie basée sur la production de biens manufacturés à bas coût, celle-ci tient également un rôle précurseur dans le domaine cyber. A la frontière de l’économie, de la défense, de la sécurité intérieure et de la diplomatie, la digitalisation des échanges et des biens est en effet un enjeu de puissance, hors de ce que Yves Lacoste aurait pu imaginer lorsqu’il définissait la géopolitique comme un « enjeu de pouvoirs sur un territoire » et dont s’est rapidement saisi l’Empire du Milieu.
De l’industrie de rivalité à la réinvention de l’industrie, donc, à l’image des partenariats politico-industriels, avec les fers de lance que sont les BATX, éternels concurrents des GAFAM américains, et dont l’intérêt ne devrait cesser de croître avec la formation des nouvelles routes de
la Soie, avec notamment la route de la soie numérique.
Les outils numériques sont également un outil d’affirmation de la souveraineté, tant à l’intérieur avec le fonctionnement en vase quasi-clos des réseaux ainsi qu’avec les enjeux liés à l’exploitation des données personnelles, mais aussi à l’extérieur, car permettant à l’Etat de s’imposer face à d’autres Etats, comme les Etats-Unis ou le Japon.
Dans un ouvrage marquant par sa lucidité, A. Boschet, J. Chimenti, N. Mera Leal et T. Duval, experts en intelligence économique et en télécommunications et diplômés de la réputée Ecole de Guerre Economique, explorent les nouvelles stratégies cyber de l’Empire du Milieu, intéressants peu à peu les autres Etats dans un domaine de confrontations quasi-dématérialisées. Non loin de l’ouvrage universitaire sans en avoir réellement la forme, Chine Digitale permet une compréhension aisée des enjeux dans le domaine cyber, appuyée par de nombreux exemples et données.