Récemment, l’éditeur Super Meeple a fait apparaître sur les étals un jeu qui a très vite fait fantasmer la communauté des joueurs. Il faut dire qu’un jeu qui vous emmène guerroyer, marchander et étendre votre influence dans les îles des Caraïbes et qui en plus est signé par Alexander Pfister (Isle of Skye, Great Western, …) ne pouvait que faire rêver les amateurs… Découverte de Maracaibo, le nouveau prince (légitime) de la scène ludique.
Mer des Caraïbes, XVIIème siècle. C’est d’un œil avisé que vous observez la guerre sans merci que se livrent les trois grandes puissances maritimes que sont la France, l’Espagne et l’Angleterre. Très vite, vous avez compris que gagner de l’influence auprès de l’une d’elles, voire des trois, pouvait jouer en votre faveur. De la livraison de marchandises dans les différents ports à l’exploration des terres encore vierges en passant par l’une ou l’autre escarmouche pour le compte d’une grande nation, vous avez décidé de jouer sur tous les tableaux pour devenir le navigateur le plus puissant de ces eaux. Pour y parvenir, il vous faudra choisir votre équipage avec soin mais également garder un œil sur le développement des redoutables rivaux qui pullulent en ces contrées paradisiaques…
Hissez la grand voile ! Il faut atteindre Puerto Plata avant ce boucanier de Smith !
Maracaibo se présente comme un (énorme) jeu de plateau dans lequel les joueurs chercheront à marquer un maximum de points de victoire en accomplissant de très nombreuses actions. C’est déjà là une des premières grandes richesses de Maracaibo : sa diversité. Une partie se déroule en quatre manches, comprenez en quatre tours des Caraïbes. Au gré de leurs pérégrinations navales, les joueurs pourront s’arrêter dans les quelques villes qui ont pris racine sur les côtes ou dans les nombreux villages qui s’y succèdent. Là, ils pourront livrer de la marchandise, gagner de l’or, combattre pour l’une des grandes nations (et ainsi accroître son influence auprès d’elle), réaliser une quête, engager des membres d’équipage, déployer un espion et bien d’autres choses encore… Dès qu’un joueur atteint La Havane, point de départ initial du périple, un décompte intermédiaire est organisé et tous les autres joueurs l’y rejoignent. Un nouveau tour des Caraïbes est alors lancé et lors de la quatrième escale à La Havane, le décompte final couronne le joueur ayant glané le plus de points de victoire.
Vous l’avez peut-être deviné, Maracaibo est un délicieux remue-méninges offrant autant de possibilités d’action que d’opportunités de marquer des points. A chaque tour, les choix (cornéliens) sont légions et choisir une voie demandera bien souvent d’en sacrifier une autre. En effet, dans Maracaibo, tout est dans tout. A titre d’exemple, les joueurs disposent de cartes qu’ils peuvent acheter mais qu’ils peuvent aussi défausser pour livrer la marchandise qui y figure. Si livrer de la marchandise est le moyen le plus rapide d’améliorer son navire (comprenez de disposer d’un panel plus large d’actions) cela ne pourra donc se faire qu’au sacrifice de cartes qui auraient pu se révéler de formidables pourvoyeuses de points. Bref, dans Maracaibo, choisir c’est renoncer et faites-nous confiance, vous allez adorer vous torturer les neurones en espérant avoir pris les décisions les plus judicieuses.
Maracaibo, le meilleur de tous les Pfister ?
Disons-le sans ambages, Maracaibo fut un véritable coup de cœur au sein de la rédaction. Il est un judicieux mélange des genres car il oscille en permanence entre la gestion de ressources, le placement d’ouvriers et la construction d’un moteur capable de déclencher des combos multiples. Il est aussi un véritable modèle d’équilibre car plusieurs voies semblent être capables de mener les joueurs vers la victoire et chacune d’elles se vaut. C’est suffisamment rare que pour être souligné.
De plus, si Maracaibo est un jeu qui peut se jouer de façon tout à fait classique, il dispose également d’un mode histoire grâce auquel les joueurs seront transportés dans une campagne haletante. Bien sûr, nous n’en révélerons rien pour laisser à chacun la saveur de la découverte mais sachez simplement qu’elle immergera les joueurs dans une véritable quête à tiroirs au cours de laquelle ils devront faire des choix parfois difficiles (oui, encore) et qui auront une incidence sur le reste de la campagne. En plus du côté immersif, ce mode de jeu fera évoluer le plateau au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. De nouvelles villes, de nouvelles quêtes, de nouvelles règles, … Quand le jeu de gestion s’essaie (avec succès) au mode legacy…
En conclusion, Maracaibo se révèle un jeu fluide tout en restant délicieusement complexe, il est immersif, il dispose d’une belle courbe de progression et il jouit d’un matériel à la fois pléthorique et de qualité. Chaque partie se veut plus tendue et disputée que la précédente et à chaque décompte final, le jeu laisse un agréable goût de « reviens-y » sur les palais délicats des joueurs. A n’en pas douter, Maracaibo est une véritable pépite, semblable à celles qui reposent encore dans les coffres de quelques riches galions coulés jadis au large de la Martinique ou d’ailleurs.
Maracaibo, un jeu d’Alexander Pfister, édité par Super Meeple (et distribué en Belgique par Geronimo Games).
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 30 à 40 minutes par joueur