Nous sommes en pleine nature. L’humidité des bois flotte dans l’air, le soleil perce entre les frondaisons, le sol est parsemé de champignons. Au loin, les hurlements d’une meute de loups dénotent avec la douceur d’un papillon qui vient se poser sur une branche d’arbre à quelques mètres d’un moineau. Une libellule passe au-dessus d’une marre, tandis qu’une grenouille en perce la surface. Entre faune et flore, tout est réuni pour poursuivre le travail du moine enlumineur Tybor Kwelein ; assembler les pages du Codex Naturalis. Un manuscrit secret qui recense les espèces des quatre règnes vivants dans les forêts primaires.
Les apparences sont parfois trompeuses
Sous cette introduction, un brin mystérieuse, se cache en fait le nouveau jeu de société de l’éditeur Bombyx, créé par Thomas Dupont, illustré par Maxime Morin. Codex Naturalis, n’en est pas moins mystérieux que cette introduction. Au premier abord, tout du moins, car en effet, la direction artistique de Codex Naturalis interroge, étonne. Jeu de petit format, présenté dans une belle boîte en métal, il faut dire que les illustrations interpellent. A l’intérieur, peu de matériel mais une édition de bonne qualité : un petit plateau, quelques jetons et des cartes. Au premier coup d’œil, ces dernières semblent jolies sans vraiment donner envie de se plonger plus que cela dans l’univers proposé. Le thème est tout autant mystérieux : poursuivre le travail d’un illustre prédécesseur, un moine enlumineur, dans sa tâche de recensement de toutes les espèces vivantes dans la forêt. De prime abord, rien de bien transcendant… et pourtant ! Car lorsque l’on se plonge enfin dans une partie, le jeu dévoile alors toute sa splendeur.
Faire des choix, c’est renoncer !
Sous ses airs mystérieux, Codex Naturalis est tout simplement un jeu de placement de cartes. Celles-ci sont répertoriées en quatre catégories de ressources : règne végétal (vert), règne animal (bleu), règne entomologique (violet), règne fongique (orange). Aussi, chaque carte comporte jusqu’à quatre coins visibles sur son verso et une ressource permanente en son centre. Ces coins sont soit vides, soit comportes des ressources et/ou objets. Certaines ont une une dorure, ce qui signifie qu’elles rapportent des points à la condition de posséder les ressources indiquées.
Le but sera de remplir des objectifs directement ou en fin de partie, et de marquer des points en plaçant judicieusement les cartes en fonction des ressources et des objets qu’elles apportent. Un peu à la manière de Splendor, plus vous cumulerez de ressources dans votre aire de jeu, plus vous pourrez placer de cartes dorure (gourmandes en ressources) qui rapportent des points. Un tour est assez simple, le joueur place une carte, puis en pioche une. Et ainsi de suite. Le premier joueur arrivé à 20 points déclenche la fin de la partie.
Une base pose/pioche classique, voire simpliste, me direz-vous. Mais c’est sans compter sur un petit twist qui rend le jeu bien plus original qu’on ne pourrait le penser. Car les conditions de pose ne sont pas si évidentes. Comme dit précédemment, la face verso des cartes comportent de deux à quatre coins recouvrables. C’est ici qu’intervient le twist puisque pour poser une carte, il faut recouvrir un ou plusieurs coins visibles des cartes déjà posées (un seul coin par carte). La pose demande donc de bien réfléchir car recouvrir un coin peut vouloir dire perdre une ressource, tandis qu’un objectif peut vous demander de réaliser un schéma particulier de placement des cartes dans l’aire de jeu, ou de réaliser des séries ressources identiques pour marquer des points. Le but sera donc de jongler entre les coins à recouvrir, les ressources à acquérir et les objectifs à remplir. La pose de carte demande donc une grande réflexion pour avancer dans les objectifs tout en prêtant attention à ne pas perdre des possibilités de pose de cartes lorsque les schémas de l’aire de jeu deviennent trop alambiqués. En bref, Codex Naturalis se résumerait ainsi : faire des choix, c’est renoncer !
Plus la partie avance, plus l’aire de jeu s’étend, c’est à ce moment alors que la direction artistique de Codex Naturalis prend sens. Seules, les cartes de ressources sont quasi quelconques ; mais posées ensemble, elles forment un tableau majestueux, sorte d’enluminure. Graphiquement, le jeu devient alors complètement original.
Sous ses airs simpliste, Codex Naturalis dévoile tout son charme, à la fois graphique comme fonctionnel, au fil de la partie. Un petit jeu de belle qualité, facilement transportable, rapide à prendre en main, fluide, qui offre des parties de durée convenable, avec une originalité sympathique quant à la pose des cartes. Idéal pour glisser une partie ou deux entre des titres de plus grande ampleur.
Codex Naturalis est édité par Bombyx.
Nombre de joueurs : 2 à 4 joueurs
Âge : 7 ans et plus
Durée moyenne d’une partie : 25 minutes