Avec le talent qu’on lui connaît, l’éditeur La Boite de Jeu nous avait déjà plongés dans l’apocalypse. C’était au travers d’Outlive, un (très bon) jeu survivaliste de pose d’ouvriers de survivants et de collecte de ressources. Avec leur dernier jeu en date, Daimyo, c’est donc un petit retour aux sources que l’éditeur effectue sauf qu’à n’en pas douter, cette post-apocalypse-ci est encore plus guerrière et encore plus retorse. Autant dire encore plus savoureuse…
Plusieurs décennies après l’apocalypse qui aura conduit l’humanité jusqu’à sa quasi-extinction, les rares survivants ont enfin osé sortir de leur cachette et se réapproprier les quelques vestiges d’une civilisation désormais perdue. Mais le monde n’est plus que ruine et il faut tout réapprendre à commencer par les règles qui régissaient jadis la société. Sauf que le seul livre trouvé dans les décombres est un antique code de principes moraux que les guerriers japonais étaient tenus d’observer. S’empressant de mal-réinterpréter les règles du Bushido, les différents leaders de clan (parmi lesquels vous comptez) revendiquent le titre d’Empereur de l’archipel, ou du moins de ce qu’il en reste.

Quand droiture, courage et bienveillance se muent en mégalomanie, égoïsme et déshonneur
Dans Daimyo, chaque joueur va donc incarner un leader de clan aspirant-empereur dont l’objectif sera de glaner un maximum de points de popularité au cours de la partie. Le plateau de jeu est découpé en différentes îles sur lesquelles les joueurs vont pouvoir aller collecter des ressources, excaver des reliques, construire des techno-fermes ou des tours radio et bien sûr, rivaliser dans une lutte d’influence (et même un peu s’assassiner aussi). Concrètement, les manches du jeu sont rythmées par une draft de dés grâce à laquelle les joueurs vont pouvoir effectuer les différentes actions de leur plateau personnel. Il s’agira notamment d’aller demander de l’aide aux villageois, de produire des ressources ou encore de recruter de nouveaux gouverneurs ou assassins.
A leur disposition, les joueurs ont donc une multitude d’actions possibles (dans la limite des dés disponibles évidemment) mais tout l’intérêt (et le sel) de Daimyo réside dans la richesse de celles-ci. Il faut dire que le jeu, et entre autres au travers de ces différentes actions, est presque un modèle de subtilité et d’équilibrage. Ici, on tente de construire habilement sa stratégie, de choisir avec soin le chemin le plus probable vers la victoire et on se félicite dès que l’on parvient à glaner ou à activer l’un des nombreux et puissants effets bonus qui viennent pimenter le jeu.




L’honneur (bafoué) des Samouraïs
Entre le contrôle de territoires, la draft de dés, la course aux objectifs, la pose d’ouvriers et même un petit poil de deck-building, Daimyo est un délicieux méchoui de mécaniques qui s’imbriquent à la perfection les unes dans les autres. Très rapidement, les joueurs prennent leurs marques, établissent leur stratégie et se mettent à surveiller leurs rivaux. Ce dernier élément est à souligner car Daimyo gagne à ne pas être un jeu où chacun pave de son côté le chemin de sa propre renommée. Non, ici, il faut rester attentif aux manœuvres adverses pour ne pas se faire damer le pion la réputation au dernier moment sur une île particulièrement convoitée. De même, la frappe sournoise d’une ombre dans le dos d’un gouverneur pourra vite faire basculer un rapport de force mais comme toujours (et encore plus en temps post-apocalyptique), il n’est jamais judicieux de brûler trop vite toutes ses cartouches…

Un jeu qui donne l’eau à la bouche(ido)
A la fois subtil, parfaitement équilibré et disposant d’une belle profondeur de jeu (tout en restant accessible), Daimyo est un jeu qui mérite une place toute particulière dans nos ludothèques. Les parties sont tendues, nerveuses, appliquées mais jamais dénuées d’un petit coup de poignard bien placé. En outre, le plateau est coloré, le matériel est soigné et les illustrations de belle qualité. Bref, à peine ouvert, il donne immédiatement envie de s’y plonger. Et pour les amateurs de figurines, un set de miniatures est disponible à la vente pour remplacer (avantageusement) les meeples initialement prévus.
Enfin, et c’est toujours intéressant de le souligner, Daimyo est doté d’un mode solo à la fois cohérent et intéressant.
Daimyo, la renaissance de l’Empire, un jeu de Jérémy Ducret, illustré par Dimitri Chappuis et Anthony Wolff, édité par La Boite de Jeu et Origames et distribué par Blackrock Games.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 1 à 2h