Dans L’espace intermédiaire ou le rêve cinématographique, Camilla Bevilacqua écrit : “Le film imaginé est en quelque sorte la visualisation onirique d’une suite d’images déjà assemblées ». Dans ce cas, la fonction du cinéma est-elle de transformer le rêve en réalité, ou doit-il rester un chapitre que l’on referme ? Voici quelques pistes de réflexions…
S’évader du quotidien
Le septième art est considéré comme un art du divertissement. Il permet une pause, une respiration dans le cours de notre existence. Autrement dit, il est un rêve qui s’engouffre dans la réalité. En effet, lorsque l’on va au cinéma, on visualise des plans qui s’ajoutent les uns aux autres indépendamment de notre volonté. On est passif face à l’écran, on se laisse porter par l’histoire (comme dans les rêves, d’ailleurs).
De plus, lorsque l’on regarde un film, on perd conscience de la réalité autour de nous : la continuité parfaite des images correspond à un résultat rêvé qui nous entraîne dans un monde inventé, mais comme si nous y étions réellement.
Projection d’une identité
L’un des éléments principaux du médium cinématographique est certainement l’identification. En effet, comment s’oublier soi-même sans être capable de s’identifier aux personnages ? On peut vivre une vie trépidante par identification avec le protagoniste, tout en restant assis sur son siège, ce qui est l’une des plus grandes forces du cinéma ! Après tout, Jean-Luc Godard n’a-t-il pas dit « Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout » ?
Le cinéma est également un art psychologique, capable d’exposer tous les caractères. Chacun peut s’identifier aux personnages d’un film : tout dépend de la mise en scène et du point de vue choisi par le réalisateur. A ce titre, Un après-midi de chien de Sidney Lumet est un très bon exemple ! Sonny est un braqueur de banque ; pourtant, Sidney Lumet le film de manière à ce que l’on s’attache à ce personnage perdu et vulnérable. Tout le film est de son point de vue, à l’intérieur de la banque, alors qu’il n’arrive pas à gérer son propre braquage.
Al Pacino et John Cazale dans Un après-midi de chien
Augmenter la réalité
Par ailleurs, les comédies musicales sont le mélange parfait de la fiction avec la réalité. Chantons sous la pluie (1952), Tous en scène (1953), Moulin Rouge! (2001) ou encore La La Land (2016) sont autant d’exemples qui le prouvent. Le montage est rapide, les couleurs sont chatoyantes et les chansons s’enchaînent dans la symphonie de l’existence des personnages ! Les comédies musicales nous en mettent plein la vue et nous font rêver par leur douce fantaisie.
Et puis, pourquoi nier la réalité ? Loin du cinéma cette idée ! Il permet d’élargir les pistes de réflexions jusqu’à atteindre l’imaginaire. C’est le cas des films de science-fictions par exemple, qui s’intéressent aux technologies humaines poussées à leur paroxysme, jusqu’à tomber dans l’apocalypse. Le rêve se transforme alors en cauchemar…
Cependant, comme nous le savons tous, il n’y a pas toujours besoins d’effets spéciaux pour entrer dans la fiction ! C’est ainsi que les thrillers nous font frissonner, ou que les comédies romantiques nous font rêver. Certaines histoires dignes des plus grands scénarios pourraient bien nous arriver dans la réalité !
Fred Astaire et Cyd Charisse dans Tous en scène