Le monde du jeu vidéo est en constante transformation. Les nouvelles générations de consoles ou de processeurs assurent l’aspect matériel de cette mutation permanente. Mais plus encore, c’est dans le contenu, souvent dicté par les joueurs, qu’on peut voir les plus grands changements depuis une vingtaine d’années.
Si le règne du « story-telling » n’est pas encore terminé avec des pépites comme « The Last Of Us », l’ère de la compétitivité et du gameplay survitaminé a émergé avec l’essor des « Call of Duty » (lui-même un enfant inavoué de Counter Strike) d’abord, puis de Fortnite. Cette popularité a largement été aidée par l’eSport, des compétitions très officielles entre joueurs du même jeu. Pourtant, ce phénomène ne date pas d’hier et provient tout droit d’Asie. La Corée du Sud est d’ailleurs considérée comme la capitale de l’eSport mondial. À la fois pionnière et fer de lance de la discipline.
La compétition dans le jeu, une vieille histoire d’amour
Le jeu compétitif a toujours été au cœur du jeu vidéo, le plus connu des précurseurs, Pong, voyait déjà deux joueurs s’affronter. Mais avec le développement des moyens, les jeux se sont mis à ressembler de plus en plus a des films, avec une trame scénaristique, parfois des choix. Les simulations de sports gardaient la niche des jeux à gameplay pur, avec quelques opus de stratégies. C’est d’ailleurs Starcraft, jeux du studio Blizzard qui va réellement lancer la mode de l’eSport moderne. Avec des stratégies qui changent ultra-rapidement et un rythme de cliques effréné, le jeu a longtemps été le premier de la catégorie et a emballé les foules coréennes. Aujourd’hui, l’eSport représente une immense partie du monde vidéoludique. Et ça change tout. Mais loin ici de s’intéresser à la discipline en elle-même, regardons plutôt ce que cela implique dans le développement des jeux vidéo.
Un accent mis sur la jouabilité
Les jeux qui se concentrent sur le gameplay sont bien plus à même de rentrer dans la catégorie eSport. Ainsi, ce sont les aptitudes du joueur qui sont mises à l’épreuve. Loin d’un scénario fouillé, c’est un système de jeu souvent assez simple, mais qui demande une très bonne connaissance des mécanismes déployés et une concentration sans faille. Aujourd’hui, il existe des joueurs professionnels qui, loin de s’enfoncer dans un canapé, pratiquent leurs gammes comme le ferait un sportif. Et le monde du jeu vidéo suit avec des tournois qui sont maintenant organisés dans des stades gigantesques et diffusés dans le monde entier. Le public est au rendez-vous et les organisateurs mettent toujours la barre plus haut pour attirer les foules. Les récompenses des événements eSport n’ont ainsi plus rien à envier aux mastodontes du sport traditionnel comme Wimbledon par exemple.
Loin de se concentrer sur une histoire, c’est le concept, mais surtout les mécaniques de jeu qui vont déterminer le succès de l’opus. Pourtant, avec le succès fulgurant de Fortnite ou bien même Rocket league, les développeurs semblent vouloir copier une recette. Des graphismes plutôt simples, un modèle économique reposant sur la gratuité du jeu et un accent mis sur une jouabilité nerveuse et instinctive. Face à cela, une ribambelle d’essais voit le jour chaque mois. Et pourtant, certains classiques demeurent toujours dans les tops.
La pratique comme principe marketing
Dans ce genre de jeu, tout repose avant tout sur l’entraînement, et donc, une pratique assidue du même jeu. Pour pouvoir rivaliser avec les autres, il faut s’entraîner plus fort et plus longtemps. De par ce simple mécanisme, le jeu s’octroie une fidélisation du joueur. Les parties endiablées de Counter Strike source qui ont encore lieu tous les soirs sur Twitch sont là pour le prouver. Certains jeux sont maintenant développés avec une optique eSport, c’est notamment le cas du jeu de tir du studio spécialiste : Blizzard.
Si dans les jeux construits autour d’un scénario la rejouabilité est faible voir quasi nulle, ce n’est pas le cas des jeux compétitifs. Tant qu’il y a assez de joueurs pour le faire vivre bien entendu. Les développeurs et ergonomistes ont donc un savant équilibre à trouver entre difficulté et accessibilité afin de contenter ceux qui s’entraînent dur et de ne pas dégoûter les nouveaux venus. Le succès de Fortnite tient sans doute en cet équilibre fin du gameplay allié à la contingence de joueurs de tout niveau qui s’affrontent, provoquant des situations toujours inattendues.
Le jeu vidéo comme un spectacle
L’émergence de la plateforme de streaming Twitch a aussi fortement contribué à l’avènement de ce genre de jeu. Aujourd’hui, il y en a pour tous les goûts. Le monde du football s’est même emparé du phénomène et les clubs professionnels développent des équipes avec le plus grand sérieux. C’est que la manne économique peut être énorme et avec l’engouement du public, le rayonnement des marques n’en est que plus grand.
Dans ce cadre strictement footballistique, le gameplay demandé par les joueurs tend vers un réalisme toujours plus poussé et malgré les avancées remarquables dans le domaine des graphismes et de l’immersion, ce n’est pas le cœur du jeu. La compétitivité met l’accent sur la pratique et la réactivité du programme face aux actions du joueur. C’est un tout autre objectif que celui de raconter une histoire.
Après le succès fulgurant du style Battle Royal, nul doute que les développeurs vont trouver un nouveau concept qui inondera les salles de tournois. Mais un jeu qui devient le métier de certaines personnes, c’est extrêmement rare. Même si tous les studios semblent courir après cet objectif, très peu entrent vraiment dans le cercle fermé des jeux devenus sports.