Patrice Duhamel et Jacques Santamaria se sont chargés de faire naître un livre qui devait exister. Son titre : Les flingueurs. Mis en page sous la forme d’un petit abécédaire, les plumes aiguisées des deux auteurs construisent un document surprenant, efficace et utile. De Napoléon Bonaparte à François Hollande. Personne n’est oublié ou laissé de côté. Chacun aura lancé, tôt ou tard, sa phrase assassine, juste pour montrer qui décide et qui a le pouvoir. Qui sait et qui ne sait pas.
Les politiques, des flingueurs
Edouard Balladur avec son « je vous demande de vous arrêter ! » demeure la phrase que l’on retiendra et associera à l’ancien Premier Ministre français. Ce qu’en pensent Duhamel et Santamaria, c’est surtout qu’il s’agit de la phrase révélatrice d’une personnalité. D’un comportement aussi, ou d’un événement : celui de sa défaite contre Chirac (son ancien ami de trente-ans) le 23 avril 1995, au premier tour de l’élection présidentielle.
Frapper, cogner, taper, cabosser, critiquer : c’est la traduction du verbe to bash et de sa déclinaison le Bashing. Une manière nouvelle d’exercer le droit à la critique, selon Duhamel et Santamaria. Exercer le droit à la critique de façon musclée, parfois justifiée mais parfois exagérée. Le Bashing vise exclusivement les acteurs de la vie politique, et les journaux n’en épargnent aucun. Après tout, pourquoi le feraient-ils ? Deux modèles de Bashing existent. Celui qui consiste à critiquer son autorité présidentielle, ses stratégies économique et sociale ou son insuffisante solidarité gouvernementale est le « Hollande Bashing ». Suivent quelques gros titres que l’on a pu voir dans la presse et qui traduisent tout à fait le Bashing dont fut victime notre actuel Président : « Monsieur faible », Pépère est-il à la hauteur ? », Faut-il désespérer de Hollande ? », L’inspecteur gadget », « L’incapable », « Et s’il se réveillait enfin ? »
Pas très glorieux.
Le « Sarkozy Bashing », quant à lui, visait souvent injustement l’homme, sa famille, son comportement et ses méthodes. Le célèbre « Avec Carla, c’est du sérieux » puis le fameux et problématique « Cass’toi pauv’con ».
Moins violent. Enfin, tout de même. Certaines presses détestent retenir ce qu’il y a de bon chez un homme politique. Le Bashing en est la preuve irréfutable.
Enfin, voici seulement deux exemples qui couvrent tout juste quelques pages d’un livre qui en comporte 285 et dont aucune n’est à gommer, à changer, à renier. En effet, Patrice Duhamel et Jacques Santamaria n’oublient rien ni personne. Jacques Chirac, Edgar Faure, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et bien d’autres, dont les agissements et les déclarations vous feront tantôt rire, tantôt halluciner.