Une fois n’est pas coutume, l’éditeur Days of Wonder délaisse un peu la vapeur des locomotives des Aventuriers du Rail au profit de gomme brûlée et de bitume suffocant. Aujourd’hui, nous vous entraînons dans l’enfer des courses automobiles des années 60’. Players, start your engine…
Les rayons du soleil se reflètent sur le métal chromé de votre bolide. D’un geste nerveux, vous réajustez vos lunettes tout en jetant un coup d’œil aux véhicules qui s’alignent dans votre rétroviseur. Dans quelques instants, le départ de la course sera donné et dans le rugissement bestial des moteurs en surchauffe, les voitures s’élanceront à l’assaut du premier virage. Votre pied vous semble lourd sur votre pédale d’accélération et alors que vous ne vous concentrez plus que sur le bitume que vous vous apprêtez à avaler, vous sentez la rage de vaincre vous envahir…
Bienvenue sur le circuit de Rouen-les-Essarts pour ce Grand Prix de France 1962 !
Vous l’avez compris (enfin on espère), Heat est un jeu de courses automobiles. Mais avant d’enfoncer sans vergogne la pédale d’accélération et de nous lancer dans le cœur du jeu, faisons un petit détour par les stands pour apprécier les qualités matérielles et visuelles du titre. Car oui, si Heat attire le regard, c’est d’abord par son aspect rétro très soigné. Fidèle à l’idée d’embarquer les joueurs dans une course au cœur des années 60’, le design de la boîte mais aussi des plateaux circuits et des cartes sent bon la nostalgie. Effet patiné, iconographie rétro et des mini-bolides qu’auraient pu conduire des minis Graham Hill ou des minis Jackie Stewart. Bref, l’illusion est parfaite et le jeu donne immédiatement envie de s’y plonger. Alors, en voiture ! Ou plutôt en bolide !
Les pilotes sont très chauds, les moteurs le sont trop…
La boîte de base de Heat propose quatre circuits sur lesquels il vous sera donné de faire chauffer la gomme. Lors de chaque course, les joueurs vont s’élancer à l’assaut de la piste en jouant à chaque tour un nombre de cartes immédiatement lié au rapport de vitesse dans lequel ils se trouvent. Jusque-là, c’est très simple et on entend d’ici votre esprit de compétition hurler « vite, un gros rapport pour jouer beaucoup de cartes et aller très vite ». Oui mais comme chacun sait, un circuit de course n’est jamais une simple ligne droite et si vous ne voulez pas partir en tête-à-queue, il faudra modérer votre vitesse à l’approche des virages. Tout ça en restant conscient qu’un petit moment de stress pourrait bien bousculer votre stratégie !
Déjà, on sent votre adrénaline teintée de cambouis s’emballer mais attendez, ce n’est pas tout. Tout le cœur du jeu réside dans les cartes Heat (d’où le nom du jeu) qui représentent la (sur)chauffe de votre moteur. Au début de la partie, un certain nombre d’entre elles sont disponibles, ce qui vous permettra de prendre des risques (passer deux rapports au lieu d’un, profiter d’un petit coup de boost, aborder un virage un peu trop vite, …) mais attention, une fois jouées, il faudra attendre que ces cartes reviennent dans votre main et que vous refroidissiez le moteur pour pouvoir en profiter à nouveau. Eh oui, une course, ce n’est pas que de la vitesse, c’est aussi une belle dose d’anticipation…
Du tuning, des légendes et de la pluie, … Heat en a beaucoup sous la pédale…
Au regard de ses règles, Heat est un jeu accessible qui procure un plaisir immédiat. Pour autant, il ne se limite volontairement pas à ça car une fois les règles de base maîtrisées, il propose d’y ajouter différents modules destinés à en enrichir les parties. Parmi ceux-ci, on retrouve en premier lieu un module atelier qui permettra aux joueurs de constituer une voiture unique en vue de la course. Turbocompresseur, ailerons, système de refroidissement intégré, … voilà qui ajoute un peu d’asymétrie en sortie des stands. Ensuite, Heat propose un module Légendes qui fera intervenir des pilotes artificiels lors de vos courses. Pourquoi ? Eh bien déjà pour vos parties solo mais aussi pour ajouter des concurrents lorsque vous n’êtes pas très nombreux autour de la table (il faut dire que le jeu gagne à être joué avec quatre, cinq ou six pilotes en piste). Enfin, et parce que c’est souvent ce qui dicte le comportement des pilotes, il existe un module météo et conditions de la piste. Grâce à celui-là, les conditions de départ des joueurs seront en lien avec le temps qu’il fait mais aussi, et surtout, les virages se verront appliquer un modificateur (limite de vitesse modifiée, virage dangereux, meilleure aspiration, etc.).
En conclusion
Heat contient tous les ingrédients d’un excellent jeu et certains (dont nous) en font même un concurrent sérieux au titre honorifique de « meilleur jeu de course disponible ». A la fois très accessible et très fluide, il procure d’excellentes sensations et les apprentis pilotes autour de la table sont sans cesse tiraillés entre la programmation prudente et l’attaque risquée qui leur permettrait de prendre la tête de la course. Ponctuées d’adrénaline et de coude-à-coude jusqu’au drapeau à damiers, les parties en sont généralement aussi tendues que nerveuses.
Et le petit plus, le très sympathique mode championnat qui propose d’enchainer les courses en y ajoutant des sponsors, des événements spéciaux et même des fanfaronnades devant la presse !
Heat, un jeu de Daniel Skjold Pedersen et Asger Harding Granerud, illustré par Vincent Dutrait, édité par Days of Wonder et distribué par Asmodée.
Nombre de joueurs : 1 à 6
Âge : dès 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 45 à 60 minutes