Imaginez une petite ville du Texas perdue en pleine campagne américaine. Une ville remplie de péquenauds, des cul-terreux imbibés d’alcool du soir au matin qui, pour survivre, sont prêts à faire n’importe quel job. Une ville où les SDF sont capables de s’entretuer pour se voler une bouteille de gnôle, où l’inceste traine à tous les coins de rue. Si vous reniflez un peu vous sentirez les relents d’alcool, la sueur et la crasse de ces habitants qui triment. Tout y est crasseux, sordide, sale. L’atmosphère est posée, bienvenue dans l’univers de Joe, le film de David Gordon Green.
Joe est une critique sociale de la campagne américaine rappelant l’excellent Mud de Jeff Nichols. D’ailleurs on y retrouve le très bon Tye Sheridan qui, à seulement 17 ans, a déjà à son actif une belle filmographie. Il y interprète le rôle de Gary un gamin qui arrive en ville et qui cherche un travail pour faire vivre sa famille. Repoussé par un père alcoolique c’est grâce au personnage de Joe, interprété par Nicolas Cage, qu’il va trouver un peu de réconfort. Ce dernier va lui offrir un job et le prendre sous son aile.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=4ePE-J39mG0]
Abonné aux nanars depuis quelques temps, Nicolas Cage trouve enfin un rôle à sa hauteur et nous rappelle qu’il est talentueux. Le personnage de Joe, un ex-taulard qui vit avec ses péchés et qui voit en Gary une chance de rédemption, lui correspond tout à fait, à tel point que l’on ne fait plus la différence entre l’acteur et le rôle. A certains moments on a bien l’impression d’entendre Nicolas Cage parler et pas un personnage, comme si lui aussi avait besoin de faire sortir sa rage. Joe est un personnage hanté par ses démons, et il a beau essayer de garder le contrôle de lui-même les problèmes finissent toujours par lui retomber dessus. Même si il peut aider ce jeune garçon, il ne pourra jamais se sauver lui même.
Joe est un film violent, qui nous parle aussi bien de la violence physique que de la violence morale. On se retrouve dans une atmosphère noire et âpre de l’Amérique profonde. Il y a une tension sourde pendant tout le film, on sait que quoiqu’il arrive ça ne pourra jamais se terminer bien dans ce lieu de misère. La réalisation est sobre mais efficace, avec beaucoup de gros plans sur les visages de ces pauvres bougres et l’utilisation de la caméra épaule qui nous donne vraiment l’impression de suivre les personnages au plus près d’eux. Les décors naturels aident beaucoup eux aussi.