Si comme moi vous êtes un fan assidu de jeux tactiques, de boucles de gameplay demandant une certaine réflexion afin d’exploiter tout le potentiel de votre stratégie, et de courbes d’apprentissages douces mais globalement exigeantes, alors l’arrivée dans les magasins virtuels de Slay The Spire en 2019 (2017 pour l’accès anticipé mais qui compte vraiment ?) vous aura probablement retourné le cerveau de manière magistrale.
Mélange de jeu de deckbuilding et de roguelite, cette petite pépite indépendante développée par Megacrit, éditée par Humble Bundle et dont le deuxième opus a récemment été mis à l’honneur en introduction du Triple I Initiative Showcase, s’est rapidement imposée par son gameplay simple mais diablement addictif, redéfinissant les codes de la création de deck stratégique.
Imité mais jamais égalé, on ne compte en effet plus les clones, originaux ou non, de Slay The Spire qui cherchent à reproduire le succès des origines. C’est dans l’ombre de ce titan du genre que Dicefolk s’avance aujourd’hui et présente sa version de la formule alliant des lancers de dés, des petits monstres à collectionner plus ou moins tout mignons, et un système de plateau de jeu rappelant furieusement les étages de la tour maudite.
Croire en l’âme des dés
C’est à travers le personnage d’Alea, représentante du peuple des Dicefolk, une tribu indigène utilisant des dés magiques pour capturer et contrôler les chimères, les Pokémons de ce monde, que vous entamerez votre aventure.
L’objectif d’Alea est de voyager jusqu’à la montagne dans laquelle est enfermé Salem, une terrible créature des ténèbres dont les sombres pouvoirs sont à l’origine de l’existence des chimères. A l’aide des chimères, les soldats de son armée de ténèbres, Salem entend se libérer de sa prison rocailleuse pour se lancer dans la conquête/destruction du monde. En pénétrant au sein de la montagne, Alea compte affronter la créature en retournant ses chimères contre lui et mettre un terme définitif à son règne de terreur.
La montagne est toutefois scellée par quatre sceaux magiques que peuvent déverrouiller les talismans en possession des Dicefolk. Pour ouvrir la porte et affronter Salem, il vous faudra donc effectuer le voyage plusieurs fois d’affilée, le talisman que vous choisirez d’emporter avec vous déterminant votre style de jeu et les créatures que vous pourrez dompter au cours de votre aventure.
A la différence de Slay The Spire ce n’est donc pas un jeu de cartes que vous aurez ainsi en votre possession mais bien un set de dés à six faces un peu particulier. Chacune des faces de vos dés représente une action : infliger des dégâts, changer la position de vos chimères sur le terrain, ne rien faire, gagner un point d’armure, etc.
Vous aurez la possibilité au fur et à mesure de votre périple de modifier ou de renforcer vos dés, voire d’en acheter un de plus chez un marchand ou simplement par le loot que chaque combat vous rapportera, afin de créer la meilleure combinaison possible pour atteindre le bout de votre voyage.
Chimère Hunter
Les pouvoirs d’Alea lui permettent de contrôler les chimères et vous aurez ainsi à votre disposition une équipe de trois chimères lors des affrontements. Si chaque talisman vos propose de commencer l’aventure avec une équipe de trois poupées disposant d’un pouvoir spécifique, vous aurez dès les premiers tableaux la possibilité d’invoquer de nouvelles créatures pour commencer à construire votre équipe.
Chaque chimère dispose de ses propres statistiques (attaque, points de vie, énergie et/ou mana) et d’une compétence qui lui est propre et influe son style de jeu. En plus de nouvelles faces pour vos dés, vous aurez également la possibilité de trouver ou acheter de l’équipement pour vos monstres afin de créer la parfaite composition.
Les combats se déroulent en trois contre trois mais seul un des membres de l’équipe, désigné comme le « leader » effectuera les actions que vous aurez tirées aux dés, dans l’ordre de votre choix. Petite spécificité du système de jeu, Alea dispose d’un set de dés blancs, qui représentent les actions de ses créatures, et d’un set de dés noirs dédiés aux actions des ennemis.
En effet, si les créatures ennemies disposent de leurs propres actions, déterminées au début du combat par le biome que vous traversez, le type d’ennemi que vous affrontez et votre progression vers la montagne de Salem, c’est au joueur de décider quand vos adversaires agissent. Sachant que vous ne pourrez lancer à nouveau les dés, et donc entamer un nouveau tour de jeu, que lorsque toutes les faces des dés noirs auront été jouées, c’est tout un exercice original de réflexion stratégique qui se met petit à petit en place lors des combats.
Impossible en effet de modifier les dés noirs au cours de votre aventure, chaque monstre ennemi disposant de son propre set et votre aventure vous mèneront nécessairement vers le moment fatidique où vous devrez choisir qui de vos petits monstres chéris devra prendre un coup potentiellement fatal.
Entre chaque affrontement vous aurez la possibilité d’explorer le biome que vous traversez. Chaque déplacement vous mènera vers un évènement vous permettant de recruter une nouvelle créature, de trouver de l’équipement pour vos chimères, de visiter un magasin ou de trouver quelques bonus (ou malédictions) bien/malvenus.
Et c’est à peu près tout. That’s the game comme disent les jeunes !
Tout le principe de Dicefolk, en bon roguelite qui se respecte, repose en effet sur sa rejouabilité et sur la diversité des équipes de créatures qu’il vous sera possible de monter. Chaque nouvelle run vous apportera de l’expérience vous permettant de débloquer de nouveaux objets ou de nouveaux monstres à contrôler, offrant à terme plus d’une centaine de créatures à collectionner.
Une fois les quatre talismans acheminés à la montagne vous aurez la possibilité d’affronter, et de vaincre, Salem une bonne fois pour toute, puis de vous lancer dans des niveaux de difficultés toujours plus ardus, incluant des ennemis plus forts, des obstacles toujours plus nombreux, pour satisfaire vos envies de défis.
Il convient cependant de noter que Dicefolk constitue à ma connaissance un excellent jeu pour les joueurs cherchant à s’introduire en douceur au monde du roguelite/deckbuilding introduit par Slay the Spire il y a quelques années. La gestion de dés à six faces, comparée aux paquets de cartes titanesques de STS simplifie en effet considérablement l’aspect tactique du jeu et l’utilisation de trois personnages (donc trois barres de vies) au lieu d’une seule rend l’accès aux niveaux les plus élevés plus accessibles aux néophytes.
Avertissement néanmoins envers les joueurs aguerris du genre en recherche de nouveaux défis : si Dicefolk sait entretenir pendant un temps l’aspect frais et novateur de son système de jeu, les runners les plus endurcis risquent d’en faire le tour relativement rapidement. Il faut ainsi compter entre 20 et 30 heures de jeux, sans aucun game over, pour bien poncer l’animal.
Le jeu venant toutefois d’arriver il y a quelques semaines seulement sur Steam, il conviendra d’attendre de voir ce que les développeurs comptent éventuellement proposer en termes de mises à jour ou de contenus additionnel avant de rendre un verdict définitif sur sa durée de vie officielle.
Dicefolk est une coproduction de LEAP Game Studios et de Tiny Ghoul et est disponible depuis le 27 février 2024 sur PC.