Il y a peu, Ravensburger nous plongeait dans un de nos pires cauchemars cinématographiques : Les Dents de la Mer ! Aujourd’hui, le célèbre éditeur récidive et le prédateur auquel il a choisi de nous confronter cette fois n’a pas moins de dents mais a gagné des pattes (et donc des griffes) ainsi qu’un petit paquet de millions d’années. Bienvenue dans Jurassic Park Danger !
1993, Isla Nublar. Né du rêve fou et de l’imagination fertile du milliardaire John Hammond, un parc d’attractions dédié aux dinosaures est sur le point de voir le jour… Non, stop. Nous n’allons pas vous faire l’affront de vous faire le synopsis du film qui a marqué toute une génération. D’ailleurs, qui ne connaît pas par cœur ce chef d’œuvre du cinéma (et de la littérature, il ne faut pas l’oublier). Car Jurassic Park, avant d’être un film culte, est en fait un roman de Michael Crichton et d’ailleurs, funny fact, saviez-vous que Steven Spielberg avait commencé à négocier les droits d’adaptation du roman avec son auteur avant même que celui-ci ne l’ait terminé ? Mais bref, on s’égare et comme chacun sait, il n’est jamais bon de s’égarer sur Isla Nublar, a fortiori quand de grands lézards carnivores y baguenaudent…
Caché, pas caché, j’aarrrriiiiivvvvveeee….
Un peu à la manière des Dents de la Mer, Jurassic Park Danger est un jeu asymétrique dans lequel un des joueurs joue le rôle des dinosaures quand les autres incarnent les humains tentant de lutter contre les forces mâchoires de la nature. Le joueur-dinosaure, que de manière affreusement partiale et très ethnocentrée nous appellerons le vilain de l’histoire, va jouer à la fois le t-rex, le vélociraptor et le dilophosaure. A chaque tour, en jouant une carte, il pourra déplacer ses petits animaux de compagnie, les faire escalader une clôture ou une falaise ou encore les faire se cacher (oui, c’est sournois mais efficace). En plus, il pourra utiliser une action spéciale pour l’un de ses dinos. Son but : avoir complètement grignoté trois humains avant qu’un nombre défini de ceux-ci n’ait réussi à quitter l’île.
De l’autre côté de ce face-à-face mortel : les humains. Chaque joueur n’étant pas le joueur-dinosaure aura l’opportunité de choisir un personnage du film allant du Dr. Alan Grant à Lex Murphy en passant par John Hammond, le Dr. Ellie Sattler ou encore Dennis Nedry (mais oui, vous savez, la chemise hawaïenne qui est en fait le vrai vilain de l’histoire…). Ici, pas de deck commun pour les joueurs mais bien un deck personnel correspondant à chaque personnage. Dans celui-ci, il y aura les actions classiques comme courir (on aurait mis s’enfuir), escalader, se cacher ou quelques actions spéciales qui ne manqueront pas de rappeler certaines scènes culte du film. L’objectif des humains : activer les trois bâtiments disséminés sur l’île, remplir son objectif personnel (là encore très lié au scénario du film) puis, enfin, s’enfuir de cette île maudite.
La vie mort trouve toujours un chemin…
Eh oui, la mort trouve toujours un chemin et le plus souvent, le chemin qu’elle trouve passe par la gueule béante ou les griffes acérées d’un super-prédateur du jurassique ! Pour espérer l’emporter, les joueurs humains devront en effet établir une coopération parfaite, presque une chorégraphie quand l’un attire un dinosaure pour laisser le champ libre (ou à tout le moins pas trop chargé) à son coéquipier. C’est sûr, faire gagner le camp des humains n’est pas toujours une mince affaire mais c’est aussi ce qui fait le sel du jeu. Il faut simplement en avoir conscience et laisser aux joueurs novices qui s’essaieraient au jeu en compagnie de joueurs chevronnés le rôle des prédateurs, faute de quoi, la partie pourrait s’avérer déséquilibrée.
En dehors de ce léger (mais correctible) déséquilibre, Jurassic Park Danger s’avère très prenant. Il est nerveux, tendu et demande un sens du sacrifice assez aigu (ce qui n’est pas trop dur vu que quand un personnage meurt, il est automatiquement remplacé par un autre). Tout comme les Dents de la Mer, le précédent « jeu-cinématographique » de Ravensburger, Jurassic Park Danger évite un obstacle sur lequel beaucoup se sont cassé les dents (de requins, de dinosaures et d’autres) : profiter d’une franchise alléchante pour ne s’occuper que du thème au détriment de la mécanique. Ici, ce n’est pas le cas. Tout en demeurant accessible dans son fonctionnement, Jurassic Park Danger demeure un « vrai » jeu de société et ne s’adresse donc pas qu’aux afficionados du film.
D’ailleurs, sur ce point, il faut souligner le grand respect du film dans le jeu. Jouer à Jurassic Park Danger, c’est aussi un peu se replonger dans l’aventure cinématographique qui nous avait tous scotchés sur nos sièges. Si on perd un peu le déroulé du scénario, le jeu reste très fidèle au film et on se délecte de pouvoir incarner les personnages de la saga (au premier rang desquels les dinosaures eux-mêmes) tout en se rappelant les différentes scènes au gré d’une action spéciale ou d’une citation venue émailler une fiche personnage…
Le tout est bien entendu à jouer avec la cultissime musique de John Williams en fond sonore. L’ambiance n’en sera que meilleure plus angoissante.
Jurassic Park Danger, un jeu édité par Ravensburger.
Nombre de joueurs : 2 à 5
Âge : dès 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 50 minutes