Maudite année 1798 pour la Pâqueline ! D’abord le procès de son fils Victor, qui lui vaut une réputation ignominieuse. Et maintenant l’incendie de sa maison ! Réfugiée chez son rejeton, qui a fait fortune de son métier d’embaumeur et de trafics d’organes, exaspérée, elle accouche d’une idée diabolique : elle va lui jeter au visage les secrets dramatiques de son enfance, en couvrant les murs de ses écritures. Et ira jusqu’à le dépouiller de ses richesses…
Mais quelle est cette femme, qui suscite le dégoût autant que l’éclat de rire et l’émotion ?
Et quel est donc ce roman extraordinaire, qui marie finesse et outrance, méchanceté et tendresse, érudition et imagination – jusqu’à l’apothéose finale ?
Vraiment cet ouvrage va vous diviser … Diviser comme ses chapitres, qui parlent alternativement de la mignonne petite Pâqueline qui a vécu une enfance riche en émotions, bonnes ou mauvaises, fille de « fille facile » mais aimant pleinement sa maman (et réciproquement), et la vilaine mère Paqueline, qui déteste son fils plus que tout et tient bien à le lui faire payer.
Que l’on soit en train de lire un chapitre dédié à l’enfance de Pâqueline, on n’a qu’une envie : voir un dénouement heureux et que cette gentille gamine puisse enfin vivre une vie épanouie et joyeuse..
Que l’on soit en train de lire un chapitre dédié au rôle de mère qu’a Pâqueline, on n’a aussi qu’une envie : voir le dénouement (difficile de l’espérer heureux), et savoir comment une mère peut en arriver à une telle haine.
L’auteure de cet ouvrage s’avère très douée… Comment parvient-elle à nous faire ressortir de la sympathie pour cette ignoble femme ? Et pourtant, elle y arrive d’une main de maître, avec des mots parfois crus, dans un univers assez glauque (on jongle entre maison de passe, viol, bique et bouc, embaumement), mais avec énormément d’humour (noir bien évidemment !).
Et si fatalement, l’enfance et son rôle de mère se rejoignent à un moment, Pâqueline n’en reste pas moins horrible et touchante, incomprise et adorable,… détestée et aimée.
Malgré une écriture avec des mots anciens, cet ouvrage se lit sans difficulté et nous laisse face à une incertitude. A sa place, quel genre de mère auriez-vous été ? 🙂 Car l’auteur la qualifie de mère monstrueuse… mais est-ce vraiment le terme ?
La Pâqueline, ou les mémoires d’une mère monstrueuse, un roman d’Isabelle DUQUESNOY et publié aux Editions de la Martinière.