« En pleine Guerre froide, le parcours de huit à vingt-deux ans de Beth Harmon, une jeune orpheline prodige des échecs. Tout en luttant contre une dépendance aux drogues et à l’alcool, aux drames de la vie, elle va tout mettre en place pour devenir la plus grande joueuse d’échecs du monde »
La série Le Jeu de la dame a été l’un des gros cartons surprise de ces derniers mois sur Netflix. Et alors que son interprète principale, Anya Taylor-Joy, vient de se voir remettre le prix de la Meilleure actrice dans une mini-série lors de la prestigieuse cérémonie des Golden Globes, il nous semblait important de pouvoir vous livrer notre chronique sur cette série.
Un succès surprise, nous le disions plus haut, car la thématique des échecs aurait pu sembler rebutante pour les téléspectateurs. C’était sans compter sur le talent de son auteur, Scott Franck, qui a fait de l’échiquier le prétexte à raconter le destin d’une jeune femme extraordinaire. Fait de drames, de réussites et… d’échecs.
De noir et de blanc
Le Jeu de la dame est adaptée du roman éponyme de Walter Tevis publié en 1983. Une mini-série en sept actes dirigée par Scott Franck (scénariste de Minority Report et Logan, entre autres), qui narre le destin hors du commun d’une jeune orpheline, Beth Harmon, appelée à devenir la meilleure joueuse d’échecs au monde. De l’apprentissage du jeu à neuf ans dans un sous-sol de l’orphelinat auprès d’un vieux gardien, jusqu’à son ascension fulgurante dans le monde des échecs, la série se déroule sur un peu plus d’une dizaine d’années ; dans une Amérique des 60’s sous fond de Guerre froide.
La première réussite de la série tient dans sa restitution de l’époque, le travail sur les décors et les costumes est tout simplement sublime. D’autant plus mis en valeur par une réalisation à l’esthétique soignée, dynamique quand il le faut, plus posée, au plus proche des acteurs, lorsque l’émotion est à son paroxysme. S’ajoute une narration palpitante, qui a le sens du rythme et qui cueille le spectateur pour ne jamais le lâcher grâce à une montée en puissance savamment dosée. Un véritable tour de force alors que le jeu des échecs pourrait sembler peu cinégénique. Dans Le Jeu de la dame, une partie d’échecs se transforme en véritable guerre psychologique où la tension devient palpable entre les concurrents, à la limite du thriller. La caméra se veut alors précise, se focalisant sur les pièces, l’horloge et ses minutes qui s’égrainent, et surtout sur le visage des joueurs ; en captant chaque regard, chaque réaction. Mais ce qui fait aussi la force du Jeu de la dame, c’est qu’au-delà du monde des échecs, il s’agit du portrait fascinant d’une jeune femme marquée par un drame qui lutte pour devenir la meilleure dans son domaine tout en apprenant à se construire. Une série où les réussites se fondent sur les échecs de Beth Harmon, où l’héroïne se bat pour maîtriser mais également sa vie personnelle. Avec une question : à quel point le jeu va-t-il la consumer ? Entre déception et espoir, drogue et alcool, échec et victoire, abandon et renaissance, Beth navigue comme ses pions sur l’échiquier de la vie. Entre obsessions et addictions, la jeune héroïne va-t-elle se griller les ailes ou prendre son envol ? Est-ce ses adversaires coriaces qui viendront à bout d’elle ou ses angoisses alimentées par une vie faite de drames ?
Enfin, la plus grande réussite du Jeu de la dame tient surtout dans l’interprétation de son actrice principale : Anya Taylor-Joy (Split). L’actrice campe un personnage en apparence froid et hautain, mais à la sensibilité à fleur de peau. Une femme déterminée, atypique, en continuel apprentissage de la vie. Un personnage tout aussi complexe que le sont les échecs. La performance et le charisme d’Anya Taylor-Joy sont magnétiques, la jeune femme tient à elle seule toute la série grâce à un jeu précis, habité, émotionnellement comme physiquement. Le succès du Jeu de la dame c’est elle !
Le Jeu de la dame est une succès story au féminin, réjouissante et passionnante portée par une actrice talentueuse qui livre une prestation époustouflante. Une série dans laquelle les échecs deviennent le théâtre d’une guerre psychologique, une allégorie de la vie faite de drames et de victoires. Que ce soit pour son casting, son esthétique, sa réalisation et sa narration, Le Jeu de la dame mérite le coup d’œil ! Jamais 64 cases de noir et de blanc n’auront autant passionnées.