Aujourd’hui, nous allons parler d’une œuvre tout à fait singulière et qui détonne dans la catégorie des comics – dans laquelle elle semble se ranger – j’ai nommé Monstress. Monstress, c’est le fruit du travail conjoint de Marjorie Liu (écrivaine) et Sana Takeda (Illustratrice) et on vous le dit tout net : le résultat est à la hauteur du talent des deux artistes.
Maika est une jeune Arcanique – des êtres doués de pouvoirs spéciaux qui ont un aspect humanoïde avec des différences plus ou moins visibles – qui partage un lien spirituel et/ou psychique avec une créature mystérieuse. Les deux vivent dans une sorte de symbiose où l’un peut prendre le dessus sur l’autre. Maika va être vendue comme esclave mais les Cumaea – sorte de sorcières humaines – font valoir leur droit de préemption et s’emparent d’elle avant la vente. Les sorcières en question ayant la réputation de se servir de ses acquisitions pour faire des expériences diverses, on se doute que ça ne sera pas simple pour notre héroïne.
Passé ce postulat de départ, une chose nous frappe d’entrée : cette volonté de créer un monde onirique, complexe et qui a un véritable background qui pourrait presque paraître réaliste. Les créatures qui peuplent le récit oscillent entre l’horreur et le fantastique avec des figures humanoïdes inspirées d’animaux divers et la race des Chats, qui semble jouer un rôle majeur dans cet univers – nous n’en apprenons que peu sur eux dans ce premier tome, mais nul doute que cela va changer ensuite.
Le dessin se met au diapason de l’histoire et se révèle résolument sombre, l’action se déroule dans des intérieurs peu lumineux et lorsque nous sommes dehors, il fait souvent nuit : on ne peut qu’accorder à Sana Takeda qu’elle a parfaitement su poser l’ambiance qui découlait naturellement de ce scénario, qui ne cache aucun des détails sordides des vices des sorcières ou des conséquences des combats qui s’égrènent au fil de l’histoire. Aucune censure lorsque l’on voit les corps des personnages dévorés par la créature qui cohabite avec Maika et c’est tant mieux pour l’ambiance.
De manière globale on commence seulement à découvrir les liens entre les races qui se partagent le monde – Chats, Humains, Anciens, Arcaniques et Dieux Antiques. Si on sait qu’une guerre a eu lieu entre Humains et Arcaniques, le rôle des autres est encore relativement sombre sur le déroulé des événements. Les Anciens se font discrets et on n’en aperçoit que peu durant ce premier volume, les Dieux Anciens se révèlent mystérieux, ne serait-ce que pour déterminer l’étendue de leurs pouvoirs – celui qui habite le corps de Maika semble souffrir de certaines limites. En bref, l’entrée en matière est très bonne et la suite est attendue, de notre côté, avec la plus grande impatience.