Tout joueur avéré le sait, l’apparition du logo de l’éditeur Z-Man Games sur une boîte de jeu est (très) souvent gage de qualité et ce, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un jeu coopératif. Après le franc et mérité succès du dernier Pandemic Legacy en date, voilà que l’éditeur américain nous propose un petit retour aux origines. Bienvenue dans Paleo (et bonne chance pour y survivre).
Comme son nom l’indique, Paleo va donc vous renvoyer en plein cœur du Paléolithique, une époque à laquelle même le plus couru des salons des métiers ne proposait que deux alternatives : chasseur ou cueilleur. Là-bas, vêtu de votre plus élégante peau de bête et fier de vos 130 centimètres de haut (que voulez-vous, c’était la taille moyenne à l’époque…) vous allez prendre la tête d’une tribu et tenter de survivre à la rudesse de votre environnement. Votre but : laisser une trace de votre passage sur terre qui serait un peu plus glorieuse qu’un tas d’ossements blanchis qui sera découvert complètement par hasard par un archéologue amateur une poignée de millions d’années plus tard. Tiens, et pourquoi pas une fresque ?
Ben oui, c’est une bonne idée ça une fresque et ça préfigurera peut-être la peinture moderne (voire inspirera les impressionnistes mais ne nous enflammons pas). Du coup, va pour une fresque. Le but du jeu sera donc de coopérer pour peindre un fringant mammouth laineux sur le côté salon de votre grotte. Plus facile à dire qu’à faire…
C’est de Brueghel l’ancien ? Non, c’est de Brueghel le TRÈS ancien
Concrètement, Paleo est donc un jeu coopératif dans lequel les joueurs vont voir se succéder des phases de jour et des phases de nuit et vont tenter d’en éviter tous les dangers pour mener à bien les missions qui les occupent. Pour débuter une partie, les joueurs vont sélectionner deux modules (sur les dix présents dans la boîte) et vont les mixer pour créer l’aventure ludique du moment. Bien évidemment, ces modules sont classés pas ordre croissant de difficulté et il est recommandé de les jouer plus ou moins dans l’ordre proposé par le livret annexe au livret de règles. Cela dit, si au bout de quelques parties vous vous sentez la puissance d’un smilodon et la robustesse d’un mégacéros (c’est un cerf géant, on a vérifié), rien ne vous empêche de vous écarter des recommandations pour construire vos propres aventures.
Au début du jeu, chaque joueur reçoit deux cartes personnages et les outils dont ceux-ci sont munis. Il reçoit également un tas de cartes à peu près égal à celui des autres joueurs. Lors des phases de jour, il devra choisir parmi les trois cartes au sommet de son paquet celle qu’il souhaite résoudre en se basant uniquement sur le dos de celles-ci (avec cependant de précieux indices sur ce qu’il risque d’y trouver). Il s’agira donc d’aller glaner des ressources, de découvrir de nouveaux outils, de faire face à de nombreux dangers et de mille autres choses encore (dont nous ne vous révèlerons rien car ce serait vous divulgâcher tout le plaisir du jeu et de la découverte).
« I have a dream » s’exclama Martin Lupierre King
Tout au long de la partie, les joueurs vont donc tenter d’épuiser leur paquet de cartes en sélectionnant les plus avantageuses (qui a dit « les moins dangereuses » ?) et tenteront même de percer les quelques secrets de la tribu, de faire des rêves bien utiles et, bien entendu, de débusquer les cartes leur permettant de finir leur fresque. Lorsque la phase de jour s’achève, il est l’heure pour les membres de la tribu de regagner le confort (très relatif) de leur caverne mais aussi de nourrir toute la troupe et de vérifier que les conditions des missions en cours sont remplies. Si ce n’est pas le cas ou que la nourriture vient à manquer, des crânes viendront garnir votre camp de base, vous rapprochant inexorablement de la défaite…
L’entraide, cette clé de voûte de la victoire…
Au cœur du Paléolithique, survivre à une simple journée était déjà en soi une victoire et Paleo retranscrit très bien ce sentiment. Il se révèle très immersif et plonge les joueurs dans un univers inhabituel mais soigné et réussi. A la fois fluide et addictive, la mécanique du jeu sert parfaitement le thème car elle propose des choix cornéliens dont l’enjeu (non seulement pour la tribu mais aussi en vue de la victoire) n’est pas anodin. Tout au long du jeu, les joueurs prennent un réel plaisir à découvrir le contenu des cartes et ce à quoi ils vont être confrontés, toujours bercés entre l’exultation d’une audace payante et la consternation d’une imprudence évitable. Entre bravoure et témérité, il n’y a qu’un (petit) pas et gageons que vous vous maudirez parfois de l’avoir franchi.
Paleo est donc un très bon jeu. Il est à la fois immersif, tendu et subtil mais il est aussi plus que ça. Son atout majeur est en effet le niveau de coopération auquel il engage les joueurs. Ici, la victoire ne sera possible que si les joueurs agissent de concert dans l’intérêt du groupe. Ce point est par exemple mis en évidence par la possibilité souvent offerte de délaisser sa propre action pour venir prêter main forte à un autre joueur et ainsi éviter un danger imminent ou permettre la récupération d’une carte plus avantageuse. Mais est-ce toujours judicieux ? Ce sera à vous d’en juger…
Paleo, un jeu de Peter Rustemeyer, illustré par Dominik Mayer, édité par Z-Man Games et distribué par Asmodée.