Récemment, le studio Origames nous est arrivé avec un jeu aussi original qu’addictif : Planet Unknown. Alors, faites chauffer le moteur du rover et prévenez la capsule de survie, on met le cap sur la planète et on a des polyominos plein les poches de nos combinaisons.
Après avoir un peu trop négligé celui que la nature lui avait gracieusement offert, l’humanité est en quête d’un nouveau foyer. La Terre est en effet devenue inhabitable et c’est le regard tourné vers d’autres planètes que les humains imaginent désormais leur futur. Les rovers envoyés aux quatre coins de l’espace ont confirmé la présence de plusieurs planètes susceptibles d’être habitables. C’est une bonne nouvelle mais laquelle d’entre elles aura le privilège (hum hum) d’incarner l’avenir de l’humanité ? C’est justement la question que vous retournez encore et encore dans votre tête. Il y a peu, votre corporation s’est vue attribuer une des planètes-candidates et a maintenant pour mission de la rendre habitable. Pour l’instant, on l’appelle la planète KSB-4156 mais il se murmure que vous pourriez lui donner votre nom si d’aventure elle était jugée la plus habitable de toutes…
Faire ses premiers dérapages en rover ? Un (météo)rite de passage !
Dans Planet Unknown, chaque joueur va recevoir un plateau planète quadrillé ainsi qu’un plateau corporation. Ce dernier sera muni de cinq pistes sur lesquelles les joueurs progresseront tout au long de la partie (tech, civ, eau, rover et biomasse). Au centre de la table, cette bonne vieille Susan (pour Station Universelle de Stockage en Apesanteur de Néoblocs), c’est-à-dire un plateau tournant rempli de polyominos. Chacun de ces derniers comportera deux types de terrain différents se rapportant aux pistes évoquées (un territoire biomasse, un territoire rover, etc.).
A chaque tour, le joueur actif va faire tourner Susan pour y choisir un polyomino. Ce faisant, chaque autre joueur va se retrouver avec un côté de Susan face à lui et devra choisir entre les deux polyominos qui lui font désormais face. Une fois cela fait, chacun place la tuile qu’il a choisie sur sa planète et fait monter son marqueur sur les deux pistes qui correspondent au polyomino choisi.
Bien sûr, grimper sur les pistes offre des points de victoire en fin de partie et des avantages pendant celle-ci (des capacités spéciales pour la piste tech, des cartes pour la piste civ, des petits carrés combleurs de trous pour la piste biomasse, etc.). A la fin de la partie, chaque joueur va donc recevoir des points pour chacune de ses pistes Corporation mais également des points pour les lignes et les colonnes de sa planète qui sont entièrement recouvertes.
Mais bien sûr, l’espace ne serait pas l’espace si quelques pluies de météorites ne venaient pas pourrir toutes vos stratégies ! Certaines tuiles vous imposeront en effet de placer des météorites sur votre planète. Jusque-là, rien de très grave puisque cette dernière n’est pas encore habitée mais le souci, c’est que ces météorites vous empêcheront de scorer des points pour chaque ligne et chaque colonne où elles sont présentes. Qu’à cela ne tienne, tirez le choke du rover, on va aller les collecter…
Les (petits) défauts et les (grands) points forts de Planet Unknown
Evacuons d’emblée les deux ou trois légers défauts que nous avons pu soulever. Ceux-ci ne sont en rien liés au jeu en lui-même mais plutôt à son édition. Tout d’abord, la boîte a été très légèrement sous-dimensionnée ce qui fait que la station Susan s’y sent un petit peu à l’étroit. Ensuite, toujours concernant Susan, un couvercle aurait été le bienvenu car si l’idée (pas si saugrenue) de ranger votre boîte à la verticale vous traversait l’esprit, vous seriez bon pour devoir trier à nouveau tous les polyominos qui auraient profité de l’occasion pour s’offrir une escapade hors du plateau tournant. Enfin, un plateau double couche pour les pistes Corporation aurait lui aussi été le bienvenu. Les joueurs y font en effet grimper des petits cubes solitaires mais il suffit d’un mouvement malheureux ou d’une légère bousculade pour que ceux-ci glissent, mettant une pagaille intersidérale dans vos différentes avancées (« attends, j’en étais où en biomasse déjà ? »).
Cela dit, ce ne sont là que des petits défauts qui ne remettent nullement en cause les qualités intrinsèques du jeu (et Planet Unknown en a beaucoup). Déjà, il est très fluide et très accessible. Les règles sont expliquées en quelques minutes et la partie est d’autant plus agréable que les joueurs jouent en simultané. Ensuite, il fait preuve d’une très grande rejouabilité car s’il est possible pour les joueurs de jouer avec la même planète et la même corporation, il est aussi permis de rendre le jeu parfaitement asymétrique en proposant aux joueurs de jouer chacun avec une planète particulière mais aussi avec des corporations différentes (avec des bonus de pistes qui varient, des capacités spéciales spécifiques, etc.). Et ça, sans compter qu’on peut aussi ajouter des événements imprévus à la partie. Bref, de quoi beaucoup varier les plaisirs ! Enfin, en dépit de son côté accessible, Planet Unknown n’est pas dénué d’aspects stratégiques. Au-delà du choix de son propre polyomino, il faudra veiller à ne pas offrir aux autres joueurs des tuiles qu’ils convoitent voire il pourrait être utile de les forcer à mettre fin à la partie en leur offrant seulement des choix qu’ils ne peuvent plus placer sur leur planète. Eh oui, Planet Unknown ne se joue pas qu’avec le nez dans son coin de l’univers !
En conclusion
En dépit des très légers défauts que nous avons pu évoquer, Planet Unknown est un coup de cœur unanime au sein de la rédaction. Il est doté d’une mécanique incroyablement efficace et s’adapte aussi bien à des tablées de joueurs initiés qu’occasionnels. Les parties qu’il offre sont soutenues, tendues et tactiques et sa très belle variété fait qu’à peine votre planète terraformée, vous aurez l’irrépressible envie de vous lancer dans un nouveau projet avec une nouvelle planète et une nouvelle corporation ! Bref, une excellente découverte que nous ne pouvons que vous encourager à glisser sous le sapin de Noël !
Planet Unknown, un jeu de Adam Rehberg et Ryan Lambert, illustré par Yoma et édité par Origames (et distribué en Belgique par Geronimo Games).
Nombre de joueurs : 1 à 6
Âge : dès 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 1h à 1h30